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15-6 NOUVEAU}^ V O Y A G E S A U X ISLES
i-oQ. queftion, fut envoyé enNormandie p
lour
y étudier," &" s'y façonner - aux Us ScCoûtumesduPaïs,
cC
en quoi il fi: des progrès
confiderables. Il fut pourvû d'une bonne
Cure en cePaïs-làj mais s'étant brouilléavccPArchevêque
de Roi ien pour des
affaires qui ne font pas venues à ma connoiflance,
il avoit été obligé de fe démettre
de fon Benefice, fans pouvoir fe
referver une penfion, quoiqu'il en eût un
aiTez grand befoin. 11 fallut après cette
perte revenir à la Guadeloupe pour difcuter
fcs biens avec les enfans du fécond
lit de fa mere qui s'étoit remariée avec le
Major de r i i l e nommé duCler, fans fe
fouvenir qu'elle étoit veuve du Gouverneur.
Nôtre Abbé tout en arrivant aux Mes
avoit acheté une Habitation à la Cabefterre;
& quoiqu'il ne l'eût pas payée, il
l'avoit échangée du confentement du
vendeur, avec un de nos voifins nommé
Lefevre d'Ambrié, qui étoit placé
iuftement entre nos deux Habitations.
Cette Terre étoit petite , & l'Abbé
qui avoit de vailes delTeins, l'élargiffoit
autant qu'il pouvoir, aux dépens de
ceux qui fetrouvoientàfaportée. Mon
prédeceffeur avoit été alTez bon pour
fouffrir plufieurs chofes de cet homme j
& mêmepour conferver la paix, ou pour
gagner fes bonnes graces, il avoit comme
abandonné une grande piece de cannes
oil les beiliaux de l'Abbé venoient
paître tranquillenîent. Dès que j e fus
en charge, & que j'eus vifité les bornes
de nos terres pour les mettre toutes en valeur,
jele fis prier de retirer fes beftiaux
dedeilbsnos terres. Il répondit que les
terres ou fes beftiaux alloient paître, lui
appartenoient. Je prefentai une Requefte
* a u Jug e , afin de faire arpenter le tei rain
felon les titres de chacun. Le Juge la répondit,
& ordonnai l'Arpenteur Juré
de fe tranfporter dans trois jours fur les
lieux pour reconnoitre les anciennesbornes,
& mettre les parties en poiïeffion de
ce qui leur appartenoit, ce que je ne
manquai pas de faire fignifier à l'Abbé,
qui croyant avoir trouvé unebelle occafionde
montrer ce qu'il avoit appris en
Normandie, me fit fignifier une proteftation
de nullité de tout ce qui pourroit
être fait au préjudice de fes droits, jufqu'à
ce qu'il eût recouvré tous les titres
de laTerre qu'jl avoit achetée. Je vis-que
ce commencement de chicanne nous meneroit
loin j c'eft pourquoije m'adreflai
à l'Intendant. Je joignis à maRequelte
une copie collationnée du Contrat d'achat
de la T e r r e que pollcdoit l'Abbé du
Lion, avec les derniers arpentages de nos
terres & de celles denos voifins. L'Intendant
ordonna que trois jours après la
fignificationde fon Ordonnance, l'Arpenteur
Juré fe tranfporteroit fur les
lieux, procederoit à la reconnoiiTance
des bornes, tant enprefence, qu'abfence,
& que le Juge Royal qui y feroit
prefent comme delegué, mettroit chacune
des Parties en pofleffion de ce qui
leur appartenoit. Cela fut executé, & fâcha
beaucoup l 'Abbé contre moi. Je fis
planter auffi-tôt du manioc & du mil
dans nôtre terrain qui étoit voifin du
fien, & j'allai le prier de faire garder fes
beftiaux. 11 négligea de le faire: fes beñiaux
revinrent & nous firent du dommage
: je les fis prendre deux & trois
fois, 6c les lui renvoyai honnêtement:
mais à la quatrième je les fis fequcftrer,
& il fallut pour les ravoir m'envoyer un
billet à raifon de cent livres de fuere
pour chaque bête, outre les frais de la
prife & du fequeftre. Malgré tout cela
fes beftiaux revenant toujours , parce
qu'ils ctoient en trop grand nombre
pour pouvoir fubfifter chez leur Maître,
je'pris le parti de les faire éclaircir, 6c
de les payer fuivant l'Ordonnance, qui
dcni
1700.
F R A N C O I S E S D
défend de tuer les gros beftiaux que l'on
trouve en dommage; ce que je faifois
fans bourfe délier, avec les billets du Seigneur
Abbé. A la fin il fe laiTa : il fit
larder fes beftiaux, dont le petit nombre
rendoit la garde plus facile , & il ne
tint pas à moi que nousnefuftïons bons
amis j car nous nous vîmes plufieurs fois ;
Se fans trois ou quatre incidens qui troublèrent
nôtre bonne intelligence, je croi
que nous aurions bien vécu enfemble.
Par malheur nos deux Negres Charrons
s'en allèrent Marons, Se je fçûs
qu'ils fe retiroient chez nôtre A b b é , où
pour nepasoublier leur métier, ilsfaifoient
des roiies pour fes cabroûets ou
charettes. J'obtins un ordre du Gouverneur
Se main forte pour les aller prendre.
Quelques Habitans qui étoient dans le
même cas, fe joignirent au Rafineur que
j'envoyai aved'Officier de Milice, ÔC les
Habitans commandez pour cette expedition
, & on prit dix-fept Negres Marons,
du nombre defquels étoient les
deux quejecherchois. Les Habitans &
moi nous contentâmes d'avoir nos efclaves
: mais il s'en trouva fept qui appartenoient
aufieur Pafquier, alors Commis
principal, ou Direéleur de la Compagnie
de Senegal, & à prefent Confeilîer
au Confeil Supérieur de la Guadeloupe,
homme terrible enmatiere d'intérêt,
&qui , quoique né au milieu de
Paris , Ville , comme tout le monde
fçait, des plus fimples & des plus commodes,
pouvoir prêter le collet au plus
habile Praticien Normand, celui-ci ne
fut pas ficomplaifant que moi. 11 prefenta
Requête au Juge, Se fit interroger
fcs Negres qui étoient enprifon, &fit
informer contre l'Abbé du Lion, contre
lequel il demanda que l'Ordonnance du
Roi fût executée, & qu'outre l'amende il
fût condamné à lui payer une piftole par
jour pour chaque Negre depuis le jour
E L 'AMERi a .UE . if /
qu'il avoit declaré leur fuite au Gref fe, i7oe<
jufqu'à celui qu'ils lui feroient remis.Cette
affaire fuffifoitpour ru iner de fond en
comble l 'Abbé, s'il avoit étértiïnable,
car la pretention feuledePafquieralloit
à plus de trois mille piftoles, & les autres
propriétaires des Negres pris chez
lui n'auroient pas manqué de demander
un pareil dédommagement. L'Abbé fe
défendoit , & Pafquier lui laiftbit le
champ libre, parce que fcs Negres qui
étoient toûjours en prifon, étoient aux
frais de l 'Abbé, & les piftoles par jour
couroienttoûjours. A lafindesperfonnes
d'autorité s'én mêlerent, & obtinrent
après beaucoup de difficultez que
Pafquier reprendroit fes Negres fans attendre
la décifion du procès, & que
l'Abbé du L ionen feroit caution jufqu'à
ce tems-là. La guerre étant furvenuë, &
les Anglois ayant fait une irruption à la
Guadeloupe avant la fin du procès, les
procedures furent fufpenduës, & le Don-
. on du Fort ayant été brûlé avec tous
es papiers du Greffe qu'on y avoit retirez
, l'Abbé du L ion auroit eu fujet de
fe réjoiiir de ce malheur, qui le dévoie
empêcher de fubirune Sententeruïneufe
& infamante, fi la prévoyance de Pafquier
ne l'avoit porté à fe faire expediei?
des doubles en bonne forme de toute la
procedure, dontils'eft fervi dans la fuite
, mais dont je ne me fuis pas mis en
peine de fçavoir le fuccès, parce quej e
quittai la Guadeloupe peu de tems après
que les Anglois fe furent retirez.
O n voit affez par ces différentes affaires,
& par celle de la Poterie, qu'il
vouloit établir, dont j'ai parlé dans un
autre endroit, qu'il n'étoit guéres de nos
amis : il crut avoir trouvé l'occafîon de
fe venger, en nous intentant un procès
au fujet d'un Te Deum^ que feu M. du
Lion fon pere avoit fondé dans nôtre
Eglife 5 pour perpétuer la memoire Se les
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