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3O5 NOUVEAUX VOYAGES AUX ISLES
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Erriur
du Pere
du Tertrt.
tes. On en tire de l'huile, quin'eftpas
mauvaife étant fraîche, Sc qui éclaire
parfaitement bien.
Cet arbre eft un des plus gros, des
plus grands, & des meilleurs, quicroiffentaux
Mes. Mon Confrere le Peredu
Tertre fe trompe très-fort quand il dit,
que cet arbre fe partage en deux en fortant
de terre, & forme deux arbres au
lieu d'un. Je fuis fâché d'être oblige de
le reprendre fî fouventi mais j'y fuis
obligé. C'eft fa faute, pourquoi a-t-il
écrit fur de mauvais Mémoires. J'ai vu
un très-grand nombre de ces arbres, £c
je necroipasd'en avoir trouvé deux entre
cent, qui fulTent de la figure dont
le Pere du Tertre le décrit. Cet arbre
cft droit, rond, grand, & d'une bonne
grofleur. J'en ay vu de près de deux
pieds de diametre, & de trente pieds de
tige ,fon écorceeftgrife, mince, feche,
6c très- peu adherente, c'eft ce qu'on remarque
dans tous les bois durs. L'aubier
ne fediftingue prefque pas du refte, ni
même du coeur , qui eft d'un rouge brun.
L'un & l'autre font très-durs, trèscompaéts,
Sctrès-pefans, les fibres font
fines, prelîees & mêlées. Il faut de
bonnes haches pour l'abattre: car comme
il eftfecôc dur, il rompt aifcmentle
fil du taillant, & pour peu qu'on donne
un coup à faux, onmetlahâche en
deux pieces. On met rarement ce bois
en charpente, nos Ouvriers ne l'aiment
pas à caufe de fa dureté, & ils ne manquent
pas de mauvaifes raifons pour cov
i W . i o r e r leurpareife. On s'en fert à faire des
rouleaux de moulin, & des moyeux de
Toiies. On ne peut fouhaiter un meilleur
bois pour cetufage, & quand les mortoifes
font bien faites, un moyeu peut
ufer deux ou trois rechanges de rais &
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àu Sad
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: jantes.
On ne fe fert des noyaux que pour fàik
. -
rc des chapelets : dès qu'ils font fees,
fubftance qu'ils renfermoient tombe d'el- 170,
le-même en pouffiere par les trous qu'on
fait pour les enfiler. Lorfque les arbres c^.
font vieux, ces noyaux ont affez d'é- Utsj,
paiiTeur pour être travaillez fur le cour,
& pour lors on y fait de petites moulures,
ou bien des compartimens de filigranne,
qui avec leur couleur noire
& luftrée, Scieur legeretéles fait eftimer.
On Te fert encore pour faire des chapelets
, de certaines petites graines qu'on
nomme des larmes de Job. Elles font à ^'m
peu près de la groifeur d'un pois ordinaire,
allongées comme des larmes de
couleur de gris de perle, avec de petites
nuances. Elles font maffives, 6c aflez pefantes
pour leur grofleur. L'arbrillèau
qui les produit, vient pour l'ordinaire
dans leshayes, & dans les halliers. lia
la feiiille aflez large 8c épaifle, le bois,
eft gris, fpongieux & tendre. Il porte
ces graines dans des filiques de deux à
trois pouces de longueur.
Le Caratas dont j'ai parlé dans un
autre endroit, eft bien meilleur que la
Savonette pour blanchir le linge. On f""!"'
prend la feuille, 6f après en avoit ôté
les piquants, on la bat , & on l'écrafe
entre deux pierres, & on en frotte le
linge avec de l'eau. Elle produit le même
effet que le meilleur favon, elle fait une
, mouiTeou écume épaifle, blanche, qui
décrafle, nettoye & blanchit parfaitement
le linge fans le rougir, ou le brûler
en aucune façon. Avec tout cela, il
eft bien rare qu'on s'en ferve aux Ifles.
Les chofes communes, & qui ne coûtent
rien, ne s'accommodent pas avec la vanité
de nos Habitans. Le favon eft fouvent
rare, & toujours trèsTiherj c'eft
une raifon pour ne fefervirjamais d'autre
chofe. De forte qu'on y fait la leflivc
comme en Europe. Il eft vrai quej'ay
remarqué que nos NegrelTcs mettoient
toàÍ
-rii
F R A N C O I S E S DË L'AMERIQ.UE. 307
noî. toûiours dans leurleflivcquelquesfeüil- plus de trois pieds de diamètre, & de 1701.
hs àc Caratas écrafées, & difoientque plus de quarante pieds de tige avant de
cela leur aidoit beaucoup à rendre leur fepartager.il jette plufieurs groflesoranleflive
meilleure,6c leur linge plus blanc, ches, qui en prodmfent beaucoup de
Te n'ai pas été par tout le monde, il petites fort garnies de feuiUes. bes übres
s'en faut bien i mais je puis aflïïrer que font longues, fines, prepes, meic«.
dans toutes les Provinces de France, On nefçaitce que c'eft d'y trouver des
d'Efoasne, d'Italie, de Sicile, de Flan- noeuds, ou de le voir éclater.
T les, & d'Allemagne, où j^ me fuis II porte deux fois l'année des fleurs
i e trouvé, je n'ai point vû blanchir le linge jaunâtres aflez grandes. ^ duCur,
dJ'ijL dans la perfeaion qu'on le blanchitaux cinq feuilles qui font un Calice, quiren-
Mes du vent, 6c à Saint Domingue. ferme quelques étamines, 6c un piltis
J'étoirtellement accoûtumé à cate rougeâtre. Elles n'ont aucune beautej
propreté, que quand je revins en Euro- elles p a r o i f l e n t comme avortees,8c n ont
pe ie ne pouvois fouffi-ir, ni les habits, aucune odeur. Les fruits qui fuccedent
ni les mouchoirs qu'on me blanchiflbit, à ces fleui-s font ovales depuis cinq juinû
me pa oiflbienl gris 6c fales en com- qu'à fept pouces de longueur fur rois
Jaraifondc ceux dont j'avois accoûtumé à quatre pouces de
5e me fervir, q"^-oient une certaine -
blancheur vive & éclatante, quitailoit
plaifir.
Jrhr, Le Courbari eft un des plus grands',
ge tanné. Ce qu'il y a de bon 6c d'utile
dans ce f r u i t , eft renfermé dans une écorce
rougeâtre, de l'épaiflèur d'un demi
écu , feche, dure, 6c picotée de petites
des plus gros, 6c des meilleurs arbres de ccu , ivw.v,, " r - - - ; - ' ^ „
l'Amerique. On s'en fert pourfairedes pointescommeduchagnnbienfin.C elt
a i t e des rouleaux, 6c des tables de dans cette écorce qu'on trouve une pate
m o S - r q u l d i l ^ en plan- fine, aflez feche, depeudehai
ches, on en fait de fort beaux meubles, jaune rougeâtre, friable, duneodeur
Son défaut eft d'être pefant, à cela près, 6c d'un gout aromatique, qui a de a
il fe travaille, 6c fe polit très-bien. On fubftance, qui nourrit beaucoup, 6cqm
fe fert des groVes branches, pour faire reflèrre. Chaque fruit renferme trois
des moyeLfx de roües. L'aubier ne fe noyaux de la grofleur des amandes pediftingue
prefque pasdu cceurj l'un6c lées, qui font durs, d un rouge fonce,
l'autilfont d'une couleur rouge obfcure. qui font remplis d une fubftance blan-
Les feuilles de cet arbre font aflez peti- che, ferme comme lesnoifettes, .a peu
tes 8clongues, d'unverdfombre, elles près du même gout, avec une petite
font dures 6c caffantes, elles viennent pointe d'amertume. Les entans mangent
toûiours couplées fur lemêmepedicule. ce fruit avec plaifir Jenay mange quel-
Son écorce eft blanchâtre 6c mince, 6c quefois, il ma femblequ ilavoit legout
fe leve facilement. Le bois eft très-dur, du pain d'épices, comme il ena la cou-
6c compaa , quoiqu',1 foit humedé leur. Je croi qu'on .pourroit fan^ des u^^
d'uneliqueuri.ra(re,onaueufe8c amere, gâteaux de cette pate, qui feroient bons
• Cet arbre a befoin d'un grand nom- pour le cours de ventre, qui pourbre
d'années,pour arriver à fa perfeûion. roient fervir de nourriture dans une ne-
Son tronc eft pour l'ordinaire fort droit, ceflké. ^
& fort rond. J'en ay vû beaucoup de On peut fe fervir de fes ecorces, pour