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i7oî; d'étuve, fur le plancher de laquelle ils
m.
font un feu clair, dans lequel ik jettent
les peaux, & tous les os des Cochons,
qu'ils ont tuez. Dès que ces peaux & ces
os fentent le feu, ils font une fumée
épailîe, qui emporte avec elle tous les
fels quifortent delamatiere qui la produit;
& ces fels pénétrant aifémentles
chairs qui font fur les étages,y demeurent
renfermez quand elles viennent à fe fecher:
car on les laifle dans cette cafe
qu'on appelle unBoucanjufqu'à ce qu'elles
foientfeches comme du bois. On en
fait alors des paquets de cent livres cha-
Prix du cun, qui fe donnoient autrefois pour
trois pieces de hui t , c'eft-à-dire, trois
S / t " piaftres ou écus d'Efpagne, qu'onappele
pieces de huit, parccque chaque pie-
.ce vaut huit réalles. Mais les Cochons
étant devenus plus rares par les maiîacres
indifcrets que les Chaileurs en ont fait ;
le paquet valoit cinq à fix pieces quand
j'étois à Saint Domingue.
Cette viande peut fe conferver les années
entières, pourvu qu'on la tienne
dans un lieu fee. Dans cet état elle elt
brune, & ne donne aucune envie d'en
manger. Mais elle change de couleur dès
qu'on l'a mife quelques momens dans
l'eau tiède.Elles'enfle devient vermeille^
d'une odeur agreable : elle femble de la
Manure chair fraîche. On la peut mettre fur le
^ ' f ' f " - gril, à la broche, au pot , en ragoût}
W t o . e n u n m o t , en toutes es fauces où l'on
met le Porc frais, avec cette difterence
qu'elle eft infiniment plusfavoureufe&
plus délicate,parce qu'elle eft imprégnée
des fels qui font fortis des peaux, Sides
os brûlez ,qui ne peuvent être que trèsbons.
. n •
- Le Bourg du Cap François n eft point
fermé de murailles, ni de paliiTades. Il
n'eft pas même dans un endroit propre à
être fortifié, étant extrêmementcomiiîandé
du côté du Sud & .de l'Oueft.
tu.
Il n'y avoit alors pour toute défenfe que
deux Batteries, une à l'entrée du Port,
& l'autre devant le Bourg} toutes deux
très-mal placées, & encore plus mal entretenuës.
La Garnifon étoit compofee G«,
de quatre Compagnies détachées de la ^^^^
Marine, qui po.uvoient fairedeux cent rkk
hommes. C'en étoit plus qu'il ne falloit c.^.
dans un tems de Paix, comme nous
étions alors, & beaucoup moins qu'il
n'auroit été neceifaire dans un tems de
Guerre. Il eft vrai qu'en quelque tems
quecefoit, on ne compte pas beaucoup
fur ces Troupes, mais uniquement fur
les Habitans, qui ayant été prefque tous
Boucaniers ou Flibuftiers, fçavent parfaitement
bien fe battre, & y font plus
obligez que perfonne, pour conferver
leurs biens, & leurs familles.
Toute l'obligation qu'on a aux Troupesdela
Marine, c'eft d'avoir introduit
l'ufage Scie cours des fols marquez} on
ne connoiiToit avant leur arrivée queles
pieces de quatre fols, & les demies réales
d'Efpagne pour petite raonnoye.
La Juftice étoit adminiftrée au Cap
par un Juge Royal , avec les autres Officiers
Subalternes, qui lui étoient neceffaires
; & les Appels de fes Sentences
étoient portez au Confeil Supérieur, qui
s'aiTcmbloit au(^iartier de Lcogane, à
plus de quatre-vingt lieiies à l'Oueft du
Cap. Depuisl'année 1701.le Roia étabU
un Confeil Supérieur au Cap, pour
juger les Appels des Sentences rendues^«
' )ar les Juges qui font, ou feront depuis la
Piviere de l'Artibonite, jufqu'à la Frontiere
des Efpagnols en allant à l'Eft.La
Jurifdiaionde celui de Leogane s'étend
dans toutlereftedela partie Françoife,
en commençant à la même Riviere de
l'Artibonite.
Dans les promenades que nous fîmes
à une ou deux lieues aux environs du
Bourg, nous remarquâmes de très-belles
terres
; ipi.
F R A N C O I S E S DE L'AMERIQ^UE. Zlf
terres & profondes,un pais beau,& agreable,
8c qui paroiiToit d'un très-grand
rapport. On commençoic à établir beaucoup
de Sucreries, au lieu de l'Indigo,
qu'on y avoit cultivé jufqu'à lors. Les
Religieux de la Charité commençoient
une Habitation auprès du nouvel Hôpital
qu'ilsiaifoient bâtir dans un fort bel
endroit, en bon air, & fitué d'une maniere
à joiiir d'une vile charmante.
L e Pere Capucin Curé du Bourg à qui
j'avois fait dire, que j'aurois foin de ia
Par oilTe jufqu'à nôtre départ, ne revint
chez lui que le Jeudy après midi. Il vint
nous voir, 8c nous engagea d'aller fouper
chez lui.
C H A P I T R E V.
Vefcripion du §uankr & du Fort
Côte jufqu'k
?E Vendredy 7 Janvier nous
nous embarquâmes fur un
VaiiTeau Nantois, qui alloit à
Leogane. On commençoit
dès-lors à faire ce chemin par terre ;
mais peu de gens l'entreprenoient, quoique
beaucoup plus court, n'y arant que
quatre-vingt lieiies ou environ du Cap a
Leogane, parce qu'outre fa difficulté,
& qu'on étoit obligé de camper à l'air
en bien des endroits, on étoit comme
aifûré d'être toûjours volé enpaflantfur
les terres des Efpagnols, comme on eft
obligé de faire: ce chemin eftàprefent
plus ouvert, & beaucoup de gens aiment
mieux le prendre, quede fe rembarquer.
On trouve des logemens par tout , excepté
un feul endroit, où l'on eft obligé
de fe faire des a oupas, ou de tendre fes
hamacs à des arbres. Il y a des Canots
pour pafler la Riviere de l'Artibonite}
& on n'a à fe garder que des mains des
Efpagnols, à qui il eft auffi naturel de
dérober,qu'aux femmes de pleurer quand
Chmin elles veulent. Voici-là route telle qu'elle
parterre m'a été donnée par un de nos Miffionnaires
qui a fait ce chemin plus d'une
Du Cap on va coucher à un endroit
appelle la Porte, chez un François, habitant
pourtant fur le terrain des Efpagnols.
On l'appelle Compagnon. Cette
traite eft d'environ douze lieiies.
de Port-Paix ^ & du rejte de U
Leogane.
DelaPorteonvaàl'Atalayc, gîteEfpagnol,
8c par confequent mauvais 8c
dangereux, il y a dix-huit lieiies. De
l'Atalaye au Petit-Fond il y a quinze
lieues. Oncampeen cet endroit, 8c l'on
foupe, fî on a eu foin d'apporter desprovifions,
ouiiona tué du gibier chemin
faifant. Du Petit Fond au Bac de l'Artibonite
quatorze lieues.
Du Bac au Cul-de-Sac de Leogane
dix-huit lieiies.
Du Cul-de-Sac à Leogane dix lieues,
CG qui fait quatre-vingt-cinq lieues ou
environ.
Le chem in n'étoit pas alors aiTez pratiqué
, pour nous donner envie d'y pafler }
nous partîmes donc dans ce VaiiTeau de
Nantes un peu après midi. Le Capitaine
étoit plus poli que ne le font pour l'ordinaire
les gens de mer de ce païs-là,
nous eûmes fujet d'en être contens.Comme
nous rangions k côte d'auffi près
qu'il étoit poffible, à caufe de quelques
Forbans, dont on nous avoit avertis de
nous garder, nous eûmes toute la commodité
de la confiderer. Elle eft haute
prefque par tout , avec de grands enfoncemens
dans les terres comme des Ports
naturels, dont le plus confiderable s'appelle
le Port Margot; il eft fitué à quelques
lieues fous le vent du Cap.
Nous arrivâmes leSamedy au foir au Port ',
Port-Paix. Cetendroit étoit autrefois le Pai«-
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