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toutefûreté, & s'en trouver bien.
J'ai parlé dans ma premiere partie des
amandes de Cacao, confites, j'ai enfeignc
la maniere de les faire, je renvoie les
curieux à cette endroit-là.
Si on veut confire le Cacao tout entier,
c'eil-à-dire, la coffe & les amandes
tout enfemble, il faut les ceiiillir
quand elles font encore fort jeunes, &
feulement de la longueur d'environ trois
poûces ; on les fait boiiillir à grande eau
pendant une heure, après quoi on.fiiit
trois ou quatre petites incifions le long
de leurs côtes, & on les met tremper
dans l'eau douce & fraîche que l'on change
foi r 8c matin, pendant fix jours j on
les larde enfuited'écorce d'oranges confites,
de citron, d'un peu de gingembre
& de canelle, & on les met comme
les amandes dans différens firops pendant
fix jours, à la fin defquels on les
mec dans un firopdeconfiftance. Cette
confiture cil bonne 6c délicate j 6c quand
elle eft tirée au fee, elle fait un fort
bel efftt pour terminer une piramide
d'autres fruits fees, ou pour cantonner
un ananas, ou quelque autre grosfruit.
Il mefemble qu'il ne feroit pas plus
difficile de confire le Cacao, quand il
approche de fa maturité, & qu'il a
toute la groffeur qu'il peut avoir, que
des limons de cinq 6c fix poûces de diametre,
& de ces grofl'es oranges de la
Barbade qu'on appelle des Chadeques,
puifque répaiiîeur des écorces de ces
fruits n'empêche pas qu'on ne vienne à
bout de les confire tous entiers.
J'ai pris du chocolat dans lequel il y
avoit moitié Cacao & moitié noix d'aca-
'd'Âca- jou. J'expliquerai ci-après ce que c'eft
jou. que ce fruit. En attendant je dirai que
ce chocolat étoitfort bon , qu'il mouffoit
à merveille , & qu'il confervoit
aiTez le goût de la noix d'Acajou qui cft
très-agréable.
Chocoiat
aux
noix
A G E S AUX ISLES
J'ai goûté d'une teinture de' CacaoÌ y
c'eft -a-dire, de Cacao brûlé, mouluSc
infufé dans l'eau chaude comme le caffé, «».
elle me fembla d'un affez bon goût}
mais comme je n'en ai pris qu'une ieule
fois, je ne puis rien dire des effets bons
ou mauvais qu'elle pourroit produire.
J'ai auffi mangé des maffepains com- MHII.
pofez de Cacao & de noix d'Acajou au ¡"¡'»ii
lieu des amandes ordinaires -, à la referve
de la couleur qui étoit brune,
ils étoient d'un très-bon goût.
La noix d'Acajou eft bien meilleure
que les amandes dont on fait la pâte des
maffepains} elle a plus de faveur, plus
de legereté,plusde délicateffe. On pourroit
faire de ces maflepains en Europe
comme aux Mes, parce que les noix
d'Acajou fe peuvent tranfporter par tour,
& fe conferver pendant un grand nombre
d'années fans fe gâter.
Il me refte à parler de la vanille avant
de finir ce que j'ai à dire du chocolat,
5uifque malgré fa mauvaife qualité on
a fait entrer dans fa compofition.
Les Efpagnols l'appellent Banilla ou Tufmi-
Vinello, c'eft le fruit d'une plante affez
fcmblable au lierre. Sa tige qui eft de
trois à quatre lignes de diametre n'eft
pas tout-à-fait ronde. Elle eft affez dure,
fans être pour cela moins liante & moins
foaple j l'écorce qui la couvre eft fort
mince, fort adhérente & fort verte} la
tige eft partagée par des noeuds éloignez
les uns des autres de fix à fept poûces.
C'eft de ces noeuds que fortent les feiiilles
toûjours couplées} ellesreffemblent
beaucoup pour la figure à celles du laurier,
mais elles font bien plus longues,
plus larges, plus épaiffes & plus charnues
; leur longueur ordinaire eft de cinq
à fix pouces, fur deux ôc demi de large}
elles font épaiffes prefquc comme un
Louis d'or, fortes & ploïantes comme
du cuir, d'un beau verd vif Se comme
ver-
F R A N C O I S E S DE L'AMERTQ^UE. 381
•?'erniffé par-deffus un peu plus pâle de décrire, & voici comment.
par deffous.
Cette plante eft incapable de fe foûtenir
par elle-même , auffi vient-elle
toûjours aux pieds des arbres} quelquefois
elle tourne autour en montant , &
quelquefois elle monte affez droit en
s'accrochant auxinégalitez de l'écorce,
aux noeuds, aux fentes, aux crevaffes
qu'elle rencontre par le moïen de certains
petits filets noirs qui fortent d'au-
Deux de nos Religieux qui pafferent
à Cayenne en 1697. en venant à la Martinique
, furent parfaitement bien rêçûs
par les RR. Peres Jcfuites qui ont
foin du fpirituel de ce païs-là ; ils let
logèrent chez eux , 6c les traitèrent
avec toute la politeffe Se toute la charité
poffible pendant tout le tems que
le vaiffeau demeura en rade ; nos Peres
virent chez les Jefuites quelques pots
tour de fes noeuds au nombre de cin^ remplis de ces plantes qu'on avoit préou
fix de chaque côté, qui s'attachent à paré pour envoier en Europe, que le
l'arbre par de petites fibres, comme de vaiffeau qui étoit parti n'avoit pas voulu
petites griffes prefque imperceptibles, prendre : ils témoignèrent en avoir enqui
s'y acrochent fi fortement qu'on a vie. Se auffi-tôt ces RR. Peres leur en
de la peine à les en feparer. A mefure firent prefent d'un pot 011 il y en avoit
qu'elle croît, elle fe fourche Scfedivife
en pluficurs rameaux qui courent 6c fe
répandent fur toutes les branches de l'arbre
où leur tige eft appuiée} & pour
lors la tige femblant n'avoir plusbefoin
trois pieds parfaitement bien repris: ils
en eurent foin pendant le voïage, 6c
étant arrivez à la Martinique, ils me le
donnèrent.
Je fis auffi-tôt mettre ces trois plantes
de s'attacher fi fortement à l'arbre, s'en en terreau pied d'un Cacaotier, 6c j'eus
détache peu à peu, Se le foleil brûle foin de les faire arrofer jufqu'à ce que
fes petits pieds} de maniere qu'il ne je les viflè affez bien reprifes 8c affez
refte qu'une cicatrice noire quifaitcon- fortes pour fepaffer de cefecours. Elles
noître l'endroit OLI ils ont été. Cette profitèrent très-bien, en#ioins dehuit
plante aime les lieux ombragez 8c frais} mois elles couvrirent tout l'arbre contre
c'eft pour cela qu'on ne la trouve gué- lequel je les avois appuïées} cela m'o ^
res qu'auprès des rivieres, ou dHa innso drelosc bligca d'cu Icvct dcux picds qucjc trauflieux
oii la hauteur,Se l'épaiffeur des bois
la met à couvert des trop vives ardeurs
du foleil.
Les endroits où l'on trouve la Vanille
plantai aux pieds de deux autres ar'ores
où ils reprirent très-bien.
J'appris dans la fuite de deux Officiers
deCayennequi pafferent à laMarenplus
grande quantité font la côte de tinique, en allant en France, que je pou-
Caracque Sc de Cartagene, l'Ifthme de
Darien 6c toute l'étendue qui eft depuis
cet Ifthme 8c le Golphede S.Michel jufqu'à
P.mama, le Jucatan Se les Hondures.
On en trouve auffi en quelques autres
lieux, mais elle n'eft ni fi bonne,
ni en fi grande quantité.
vois provigner ces plantes tant que je
voudrois, 6e qu'ils n'y avoit qu'a en
couper les tiges} Se après avoir fendu
en quatre le b^out qui doit être enterré,
les mettre dans de bonne terre, 8e avoir
foin de les bien arrofer jufqu'à ce qu'elles
euffent bien repris. Je provignai de
Il y en a quantité 8c de très-belle dans cette façon plufieurs tiges qui me femlaTerre
fermede Cayenne, C'eft decet bloient hors d'oeuvre fur les arbres où
endroit que j'ai eu celle que je viens j'ayois planté les premiers pieds, elles
Tom. IL C c c re.
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