•li irti I
.TìM
(;'•- fliilf-.'M •
l'ili ;
^ •i fMf nj•l•l•^Jit''» '•• ¡1
W Mr . ;
)51I|.1
h r •
1 1 « NOUVÊAUX V O Y A G E S -AOX^ ISLES
t7oo; en pointe, à trois ou quatre pieds au-
Cotun
deiTous de laquelle il croît des bouquets
de petits boutons remplis d'un coton
blanc, doux & fin comme de k foie.
Ces boutons s'ouvrant, le coton fe cliandeCara
ge en fleurs blanchâtres compofées de
cinq feiiilles qui forment une maniéré
d'Etoille, avec quelques étamines dans
le milieu. Leur pied s'alonge alors s'éloigne
de la tige, & forme de petits branchages
foibles,& qui fe fechent aifément:
ces petites branches avec leurs fleurs font
un panache fort agreable qui dure quinze
à dix-huit jours, après quoi elles fechent
& tombent, & le jet qui les a portées
en fait autant dès qu'il eft tout-àfait
fee.
Lamatiere de ce jet eft de même nature
que celle des feiiilles, c'eft-à-dire,
de longs filets, remplis & entourez de
la même matierequeles feiiilles avec une
peau verte & mince qui fe leveaifément
dès que le jet eft fee. 11 devient pour lors
extrêmement léger, & auffifufceptible
du feu que la meche ordinaire dont on fe
fert dans les fufils.
Les hommes blancs, bruns, noirs &
rouges qui habitent l'Amérique, & qui
font accoiàtumez à fumer ne manquent
jamais d'avoir fur eux leur provifion de
toi.
Viiiicdes Pour ce qui eft desfeiiiles du Caratas
femlles qyg les Efpagnols appellent Caraguata,
& les Indiens Maguey, on en tire du
fil commedelapitte &dubaliiîer, ainfi
que je l'ai dit dans ma premiere Partie.
Après que les feuilles font coupées,
fendues en deux ou trois parties dans
toute leur longueur, & qu'elles ont été
amorties au feu ou au folei , on les paiTe
à moitié dans le noeud coulant d'une
corde, dont le bout eft attaché à un
arbre, oîi à quelqu'autre corps folide.
On tire enfuite un des bouts aifez fortement,
pour faire pafler l'autre partie
de Carati!.
au travers du noeijd; ce qui dépoiiille 1700.
tous les filets de 4'ii iHalèiere dont ils
étôieht enviVoi^nez. On remet enfuite la !
même feiiille dans le rtoeud coulant, 6é '
entortillant les filets déjà dépôiiillez autour
de k main, on fait pafler l'autre
pàrtie par le même noeud, pour la dé- ,
pôiiiller comme la premiere, &on a de >:
cette manière un fil naturel, très-beau
& très-fort. Les Caraïbes le tordent, &
en font de petites cordes pour rabaner
leurs hamacs, qui durent bien davTinta- I
ge que celles de coton. Ils en font auiîi
pour leur&arcs. Geâ cordes ne font point
fujettes comme celles de Chanvre ou de
lin, aux differens changemens que l'humidité
ou lafechereffe caufent dans ces
fortes de cordes. On en fait aulïï de la
toile, & des bas; j'en ay vû qui étoient
d'unetrèsrgi-ande beauté:, & fort frais,
& d'un très-bon ufé.
On prétend que k racine&les fisiiil- LesfeA>
les de caratas broyées & jettees dans une lesdeo,.
riviere enyvrentlepoiflbnd'unetelle ma- ^
niere, qu'il flotte fur l'eau, 6c fe laiflê (¡i
prendre à k main. fiJÎ""'
On dit encore que k décoétion de
fes feiiilles avec un peu de chilé ou poivre
d'Inde^ c'eft-à-dire, de piment, eft un
purgatif également bon Se bénin, qui
étant donné aux femmes accouchées depuis
peu de jours, les rétablit promptement
en fanté, & leur redonne leurs
forces. Les feiiilles étant cuittesau feu, Vertui \
on en exprime une liqueur comme une
efpece de vin qu'on regarde comme un ' 1
remede fpecifique pour les Aftmatiques.
Et ces mêmes feuilles étant pilées & appliquées
en maniéré de catapkfme fur de
membres froiflèz, ou qui ont des débilitez
de nerfs qui les privent de leurs
fondions en tout ou en partie, les remettent
infailliblement dans leur premier
état.
Il y H plufieursefpecesdecette plante
qui ne. different entr'elle que par la
gran-
F R A N C O I S E S D
noo. grandeur de leurs feiiilles} on s'en fert
de toutes pour les mêmes ufages i avec
cette différence, que plus les feiiilles font
petites, plus auflîle fil qu'on en tire eft
beau, fin & délié, & les ouvrages qu'on
en fait plus recherchez.
Les Medecins difent, que cette plante
eft feche & froide, & que fon fuc pris
intérieurement ou appliqué fur la poitrine
, guérit les fièvres. Je n'ai point vû
cette operation, ainfi je n'en dirai rien.
.Lorfque les Caraïbes ont des armes à
feu ils s'en fervent auflî adroitement que
^ de leurs arcs, & on peut dire qu'il y à
; peu de gens qui tirent aufli jufte.
Outre cette qualité, il faut avoiier
quecefontd'excellensnageurs.S'ils furpafîbient
les autres hommes dans les
Sciences & dans les Arts, comme ils les
furpaifent dans ce point, ils feroientdes
Les Ca- prodiges. Ilfemblequ'ilsfoientnezdans
^ ^^^ nagent comme des
ceUem' poiflbns en fortant du ventre de leurs me-
»«¡em. res. Les femmes s'en acquittent comme
les hommes; & lorfqu'une pirogue tourne,
ce qui arrive aflèzfouvent, parce
qu'ilsforcenttoûjoursde voile, ou parce
quepartant des IflesFrançoifes pour retourner
chez eux, ils font ordinan-ement
tous yvres, il ne perdent pas un fétu de
leur bagage, tant leurs petits meubles
font bien attachez, & fans qu'on ait
prefque jamais entendu dire, qu'il s'enfoit
noyé quelqu'un. On voit dans ces
occafions les enfans nager autour de leurs
meres comme de petits poiflbns ; Scies
meres font aflez habiles pour fe foûtenir
fur l'eau avec des enfans qu'elles ont à k
mamelle pendant que les hommes font
occupez à redrefler le Bâtiment, 8c à
vuider l'eau dont il eft rempli.
Ilarriva pendant que j'étois à k Martinique
en 1699. qu'une Barqueappartenante
aux Religieux de k Charité fombra
entre Sainte Aloufle 8c k Martini-
E L' A M E R I Q ^ U E . iiy
que. Tous ceux qui étoient dedaiis périrent
à lareferve d'un Cataïbe, qui fans
être aidé d'aucune planche, ou autre
bois qui lepûtfoûkger, fe foiiEient fur
l'eau pfendant foixante heures, fupporta
k faim 8c k foif, 8c la violence de a tem^
pête qui avoit fait périr k Barque, 8c
aborda enfin au Cul-de-Sac Marin, où il
apporta les nouvelles du naufrage qui
étoit arrivé.
Des perfonnes de/ confîderation &
très-dignés de foi injbrit rapporté qu'en
i6y6. un Pantoufllier ou Zigeneayant
emporté k cuifle d'un enfant qui fe
baignoit à k Rade du Bourg de la Bafleterre
de Saint Chriftople , un Caraïbe
s'oflî-it d'aller tuer ce poiffon.
Pour connoître k grandeur de l'entreprife,
8c le danger où s'expofoit cC
Sauvage, il faut fçavoir, que k Zigene
que nos Ameriquains appellent Pantoufflier
eft un des plus voraces poiflbns
qui foit dans k mer, des plus forts , 8c des
plus dangereux. Je n'en ay vû qu'un
qu'on difoit être un demi Pantoufflier,
il avoit pourtant plus de douze pieds de
long, 8c étoit environ auflî gros qu'un
Cheval. Son corps depuis lecoljufqu'à
k queiie approche aflez de celui duRe*
quien, mais fa tête eft bien plus grofle,
8c pluskrge, de forte qu'elle reflemble
en quelque maniéré à un marteau. Ses
yeux font placez aux deux extrémitez,
ils font ronds, 8c gros, leur mouvement
a quelque chofe d'éfrayant. Il a
une gueulle large, armée de plufieurs
rangs de dents, Se difpofez de maniéré,
qu'elle n'eft point embarraflée par k lonv
gueur de fon mufeau, comme eft celle
du Requien. Il eft avec cela très-vif 8c
très-fort,8c parconfequent fortàcraindre.
L e pere de l'enfant qui avoit été tué,
fut bien-aife de trouver la foible confoktion
de faire mourir le monftre qui
P 3 avoit
rroa:
Un Cet'
raibe
demeure
60. heurts
fatl'taà.
Un Caraïbe
tue u»
Pantoufflier,
Befcription
de
la. Zigene
ou
Pantoufflier.
] w
i ! .
e., -11
i •
r ; :
i r
') 1
i
îi Jitlri"
tN::r
i t e i
"fi*--«r