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zia NOUVEAUX VOYAGES AUX ISLES
il
1701. voyer un exprès, pour avertir le Pere
Capucin de nôtre arrivée, afin qu'il ne
fe donnât pas la peine de venir. Je lui fis
i3ire de plus, queje,dirois encore la
Meiîe le jour fuivant, & qu'il pouvoit
fe repofer fur moi, du foin de fa
Paroiflê, s'ilavoit des affaires au lieu oii
ilétoit.
E n attendant l'heure de la MeiTe nous
allâmes voir les Rel igieux de la Charité.
Le Supérieur que nous ne connoifiions
point, étoit abfent, mais nous connoiffions
particulièrement le Religieux
qui étoit avec lui, nommé le Frere Raymond.
11 nous reçût à merveille. Se nous
pria fort de demeurer avec eux. Le Pere
CabaiTon ne jugea pas-à-propos de leur
donner cette incommodité. llditlaMefieà
l'Hôpital, pendant queje la fus dire
à la ParoiiTe.
Cap ' Le Cap François, ou fimplement le
Français C a p , eft prefque au milieu de la loniles.
Di- gueur de l'Ifle de S.Dominique, oucomme
difent les Efpagnols , S. Doming
u e , fur la côte qui regarde le Nord.
Tout le monde fçait que cette lile fut
découverte par Chriftophlc Colomb en
Ï49Z. & que ce furent les Indiens de
Guanahami autrement S. Salvador ,
la plus orientale des Lucayes , qui la lui
indiquèrent , ou qui l'y conduifirent.
Elle fut d'abord appellée la petite Efpagnç
5 & la premiere Vi l l e que Colomb
bâtit fur la côte du Nord oii il avoit
aborde, fut nomméeI fabdlcj en l'honneur
de la Reine Ifabelle , qui avoit fourni
de fes deniers une partie de l'argent,
qui fut employé au premier armement de
Colomb. On peut dire que les dix-fept
mille ecus qui furent pmp oyez pour cette
découverte, furentune iemençebien
féconde, qui a produit aux Efpagnols,
êcà tout le refte de l'Uni vçrs des trefors
infinis, fans compter ce [que la ¡mer en
a abfoibé, pa;.- lat perte de tant de
VailTeaux richement chargez , qui
font péris dans cet élement.
LesGeographes la mettent fous le dix- !
huitième dégré de latitude Septentrionnale,&;
au trois cent fixiéme dégré de longitude.
Je ne fçai s'ils prennent cette
latitude du centre de l'ille, ou du Cap
François, ou duCapMongon, carces
differens points cauferoient des erreurs
confiderables. A l'égard delà longitude,
j e ne rapporte celle de S. Domingue, que
pour avertir le Ledeur , que rien n'eft
plus incertain, &; que tous les moyens
dont on s'eft fervi jufqu'à prefent pour
trouver les longitudes, n'ont encore rien
produit de fixe & d'afluré.
L a partie de l'Ifle occupée par les
François, commence à une grandeplaine
à l 'Ef t du Cap appellée Bahaia, oi; il
y avoit dans le tems que je me trouvai
dans le pais de très-beaux établiflemensi
de cette plaine en cottoyant la bande du
Nord en allant à rOu e f t , & retournant
à l 'Ef t par la bande du Sud jufqu'au Cap
Mongon, qui eft prefque à une égale
diftancedela pointe de 'Eft & de celle
de l 'Oueft, on parcourt toute la partie
Françoife. Le Cap le plus à l 'Oueft eit
appellé le Cap Tiberon ou Tube r on, ou
comme difent les E fpagnol s , de los Tuberones,
c'eft-à-.dire , des Requiens ,
qu'ils ont ainfi nommez, foit qu'ils ay ent
trouvé beaucoup de ces fortes de poiffons
en cet endroit, foit pour quelqu'autre
raifonqui n'eft pas venue à ma
connoiflance. Cette partie en fuivant
tous les contours des Anccs Si du grand
Cul-derSac de Leogane , doit avoir c;«,«
plus de trois cent liexies de tour. Mais fi Uf'
on la confidere comme on mefure ordì- '''.J'"'
nairement les côtes, c'eft-à-dire, áef''''
pointe en pointe, elle n'eii a pas plus
de deux cent. Le refte du tour de l'Ifle
appartient aux Efpagnols, il eft à peu
près de même grandeur, de maniere quç
toute k circonférence de l'Ifle eft de
quatre cent lieues. Les Ecrivains Efpagnols
F R A N C O I S E S DE L ' AME R i a U E . 2Zi
manols lui donnent fix cent lieiies de à côtégâuche de la p lace, bâtie comme 17^1,
tour c'eft apparement en la mefurant les niaifons ordmau-es,de fourches en ter-
Ckcm- a^ec'tous les contours des Anees. Qiioi- re ; elle étoit couverte d'efl'entes. L e der-
Qu'il enfoit, onvoitaflez parcequcje riere du Sanauai r e ,&envi ron dix pieds
S " Jiens de dire, que cette Ifle eft fort gran- de chaque c ô t é , étoient garnis de plande
mais il s'en faut infiniment qu'elle ches. Tout le refte etoit ouvert, Scpane'foit
peuplée comme elle l'étoit lorf- lifladé de Palmiftes refendus feulement
qu'elle fut découverte par Chriftophle jufqu'à hauteur d'appui, afin qu'on piàc
Colomb. Je n'y ay pas demeuré afiez entendre la Mefle de dehors comme de
îong-tems, & ien'én aypas faitletour dedans l 'Egl i fe.L'Autel étoit un des plus
par terre avec autant d'exaétitude que de fimples, des plus mal ornez,, &des plus
celle de la Guadeloupe j ainfi je n'en fe- mal propres qu'on peut voir-. Il y avok
rai pas une defcription auffi exaéie que un fauteiiil, un prieEjieu, ôcuncareau
celle que j'ai faite de cette Ifle là j & de velours rouge du côté de l'Evangile,
comme mondeflein n'eft pas de copier Cet appareil étoit pour le Gouverneur,
ce que ceux qui m'ont précédé ont écrit Le reft« de l'Eglife étoit rempli de bancs
avant moi , ni tout ce que j'ai entendu de différentes figures, & l'efpace qui
dire,parce que cela peut être fujet à étoit au milieu de l'Eglife entre les bancs
une, peti >->- v-v,.« -"j - D - - . r
^«rn-ot-it-Pi-oi rip ronnoi-t-pi- pfnii- îiiifTi nrnnrp niip Ips rnpc.niii ne fonlr
caution , je me contenterai de rapporter étoit aufli propre que les rues,qui ne font
fimplement ce quej'ai remarqué pendant ni pavé e s , ni balayées, c'eft-à-dire,qu'il
le féjour que j 'y ay fait. y avoit un demi pied depoufliere quand
i, Le Bourg du Cap avoit étéruïné & le tems étoit fee, & autant de boiie
, brûlé deux fois pendant la Guerre de qpand il pleuvoit. Je me rendis fur les
1688. par les Efpagnols & les Anglois neufheures & demie à cettcEglife. En
joints enfemble. Il s'étoit rétabli depuis attendant que le Peuple s'aflemblât, je
ce tems-là, & rien n'étoit plus facile, voulus fçavoir du Sacriftain qui faifoit
puifque toutes les maifonsn'étoient que aufli l'office de Chantre, s'ilchanteroit
de fourches en terre, paliflàdées, ou en- l'Introïte, ous'ilcommenceroit fimpletourées
de Palmiftes refendus,- &• cou- ment par les Kyrieeleifon; raaisjl me
vertes detaches, comme on appelle en répondit que ce n'étoit pas la coûtume
ce païs-là les queues ou les guaifnes des de tant chanter, qu'on fe contentoit
Palmiftes. Il y avoit au milieu du Bourg
une affez belle place d'environ trois cent
pas en quarré, bordée de maifons cornes
que j me cel--- je viens de décrire. Un
des côtez; étoit occupé entre autres bâtimens,
par un grand Magafin qui avoit
fervi à mettre les munitions du Roi. Il
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d'uneMeifebafl'e, courte, Scexpediée
promptement > 8c qu'on ne chantoit
qu'aux enterremens. Je ne laiflai pas de
bénir l'eau, & d'en afperfer le Peuple,
après quoi je commençai la MeiTej 6c
quandj'eus dit l'Evangile,jecrusquela
folemnité du jour demandoit quelque I V - l V I iL l l l C L L l t : il-a l l l ^ l l l L lWi J J tau AX-vyi. l i » « « J" " *
fervoit alors d'Hôpital, en attendant que peu de Prédication. Jepréchai-donc, Se
celui qu'on bâtiflbit à un quart delieiie j'avertisquelejourfuivantjediroisencodu
Bourg, fût achevé. Il y avoitfept à relaMeire,&que je me rendrois de bonhuit
rues ou efpeces de rues, qui abou- ne heure à l'Eglife pour confeifer ceux
tillbient à cette place, lefquelles étoient qui voudroient commencer l'année par
compofées d'environ trois cent maifons. un a£tc de Rel igion, en s'approchant des
L'EglifeParoifilakétoitdansuneruë- Sacremens, à quoi je les exhortai de
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