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ils les exhorta de prendre parti avec les
Anglois, £c de leur découvrir où étoient
les Nègres des Peres blancs, les aiTurant
d'une bonne recompenfe s'ils les
failoient prendre. Nos trois Negres lui
dirent que la choie étoit fail'ablei mais
qu'ils vouloient avoir un écrit figné de
la main du Général Codrington, qui les
declareroit libres, eux & leurs fanulles,
£c qu'à cette condition ils i'aiTuroient de
lui livrer plus de trois cens Negres.
Soit que l'Anglois crut ce que nos Negres
lui difoient, ou qu'il fit femblanc
tic le croire, afin de faire aprocher lés
camarades, & fe failir de nos trois Negres,
il leur promit ce qu'ils demandoient,
& leur toucha dans la main j Ôc
fc tournant vers les gens il leur fit adroitement
un figncdoncnosNegrcss'écant
aperçus, celui qui avoit la iérpe lui en
déchargea un coup fur le côté delà tête,
qui rétendit par terre. Les deux autres
pru-ent le corps, & le jctterent dans la
iàlaife, parce qu'ils n'avoient pas le
Ecms de le dépouiller, & s'eniuïrcnt»
emportant feulement foni'uiîl, un piitoletqu'ilavoit
àla ceinture, & fon chapeau
qui avoit une taillade de fix à fept
poûces de longueur.
Les Anglois qui étoient au bas du
morne montèrent en diligence pour
fecourir leur camarade, & le venger de
nos Negres j ils les fuivircnt julqu'au
bois, mais ils n'oferenty entrer, parce
qu'ils fe virent canarder de diiFerens
endroits, fans fçavoiraqui ils auroiént
à faire s'ils avançoient > ils mirent le
feu à nos cannes en fe retirant, & à
tous nos bâtimens.
L e Vendredi 30. nôtre Supérieur me
vint trouver à ma baraque, au paiTaee
de la Riviere des Gal lions, pour prendre
avec moi les mefures pour fauver
nos chaudieres} noub fûmes trouver le
Gouverneur, ôc nous obtînmes que
A G E S A U X ISLES
le fleur le Fevrc nous rendroit ce fer- n^^
vice avec fes deux Compagnies. Je voulois
les accompagner; mais le Couverk
il pollaiesgens dans
la coft,bre du parc, vis-à-vis l'endroit
ou les Anglois travailloientàretircrnos
chaudieres, & fit fur eux des décharge»
fi meurtneres, qu'il, les obligea d'abandonner
ce qu'ils avoient commencé,&
de le retirer .après avoir perdu plufieurs
des leurs, & eu beaucoup de bkifez.
iNousen fumes quittes pour cinq chaudières
qu'ils avoient déjà emportées,
avant que le fieur le Févre fut arrivés
on mit les autres dans des endroits plus
luis, & nous les trouvâmes après la
retraite des ennemis.
Nous eûmes en deux jours onze defcrteurs.
i ils dirent toui^ qu'il y avois
beaucoup de malades dans leurs Troupes,
&que fansla crainte qu'ils avoient
de rencontrer les Negres armez, il deierteroit
beaucoup de monde. Onpropofa
a M. Augerde faire femer des bilets
aux environs de leur camp, pour
les exciter à deferter , & leur donner
des fignaux} il eut des raifons pour ne
le pas faire.
L e Dimanche i. Avril, le fieur le
t e v ï c étant forti du camp avec fes deux
Compagnies, rencontra à mille pas au
deiTus du Bourg trois compagnies Ang
l o i f o , quialloient vers les habitations
des Carmes & du fieur du Quervi il
envoiz un defeshommesavertirles Negres
qui étoient à quelque diftance de
l u i , de le venir joindre, en paifant au
travers des cannes brûlees, afin de pren- .
dre les ennemis en flancs ¡1 s'avança î^t C
enfuite fur le bord d'une petite ravine, 'll^i-
& commença à faire feu fur
lesAneloisceux
c. fe voiant trois fois p-ius for t l Îâl
que lui, voulurent l'envelopper, mais
les Negres étant venus d'un côte,: &
le
I703.
F R A N C O I S E S DE ,L'A M E R I Q_U E. 41 J
le fieur du Pont Lieutenant de Cava- . L e Lundi z. Avril, les Anglois de'- 1703.
lerie de la Cabefterre s'étant trouvépar mafquerent leurbatterie, ôcaprèsqu'un
hazard de ce côté-là avec ij-. ou jo. d'eux nouseût crié, bon jour Meffieur^
hommes, les Anglois furent pouilez fi' les François, ils commencèrent à tirer
vivement de tous côtez, que fans-un fur le Cavalier du Fort} leur batterie
fecours confiderable qui les vint déga- n'étoit d'abord que de cinq pieces de
ger, pas un ne feroit retourné en leur douze, & de dix-huit hvres deballej
camp } ils laiÎTerent trente-fept morts ils l'augmentèrent jufqu'à onze pieces
fur la place, & environ vingt blefléz, de diiFerens calibres -, elle étoit placée Lis a».
dont les Negres prirent foin j on leur dans le premier enclos des Jefuites, s'""
fit quatre prifonniers, & nous n'eûmes éloignéedu Cavaiierd'environ45-o.pas,
que deux hommes bleiTez. Il faut convenir
que c'eft un grand avantage de
bien fçavoir le pais : nos gens étoient
mefure du païs, c'eft-à-dire, 22f. toifesi
ils firent à droit & à gauche des
parapets pour la défendre ; ils avoient
tou jours à couvert pendant que les An- fix pieds de hauteur avec une banquette,
glois qui ne le connoiifoient pas, tom- le tout compofé de piquets claionnez,
joient à t^o^u„sc mo—mens pdans lQes em^buf- j foûtenir k terre dont le milieu
cades que les nôtres leur drelFoient.
Un des Negres de nôtre maifon tua
un Officier Anglois, 8c emporta fon
Efponton, fon Epée & fon Hauífecoli
il m'apporta ces trois pieces, qui penferent
être caufe d'un démêlé, parce
qu'un de nos Officiers les lui demanda,
& le menaça de le maltraiter s'il ne les
les lui apportoiti le Negre m'en vint
faire fes plaintes, & me dit refolument
que fi l'Officier levoit la main fur lui,
étoit rempli : c'étoit là qu'ils tenoient
leur moufqueterie qui tiroit auffi vivement
qu'inutilement fur le F o r t , 8c fülle
Cavalier.
Nôtre canon qui fut très-bien fervi
rallentit bientôt le feu du leurj dès ce
même jour il brifa deux de leurs pieces,
& nôtre moufqueterie qui bordoit les
parapets du For t , les incommodabeaucoup.
L e Mardi 3. Avril ils eurent le
il le tueroit. Je le connoiilois tout pro- bonheur de briièr une de nos pieces de
pre à le faire comme il le difoit, & à fonte, qui étoit dans le Cavalier, de
s'aller rendre enfuite aux Anglois} je cafler la jambe à un de nos Canoniers,
lui dis de ne rien craindre, 6c que j e
parlerois à cet Officier: en effet je le
rencontrai le même jour chez le Gouverneur
, 8c j e lui dis, que s'il vouloir
avoir des armes des Officiers Anglois,
il falloit qu'il prit la peine de les
aller tuer, ôc que je le priois de ne
de tuer un Soldat, 8c d'en bleiferdeux
autres: c'eil le plus grand dommage
que leur batterie nous ait caufé; car
quoiqu'elle fit quelquefois un feu aflez
vif, eurs Canoniers pointoient fi mal,
que j'ai vû fouvent que d'onze volées
de canon pas une ne donnoit dans le
plus penfer a celles que mon Negre avoit Cavalier. On retira la piece de bronze,
gagne, parce qu'elles étoient en de bon- & on en mit une de fer en fa place,
nés mains. Le Gouverneur lui dit qu'il
avoit tort, ôc lui montra le danger auquel
il s'expofoit.
G g g Ä C H A«
.11.1.,-