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290 NOUVEAUX VOY
1701. cherchant un afile, les eurent à fi bon
Indien- mai'ché , que l'aune de Mouiîelinebrones
cj- dée d'or, ne revenoit pas à vingt fols.
Le refte croit à proportion. Ils répanb"
n ^ clans les liles une grande quantimarché,
te de pierreries, & de certaines pieces
i d'or d'A fie, que nousappellions des Sequins,
faute de fçavoir leur veritable
nom, qui étoit Roupies ou Pagodes.
Elles étoient marquées des deux côiez de
c arafteres Arabes, & paflbient dans le
Commerce cour fix francs, les Loiiis
d'or valansa ors quatorze livres.
M. Smith & d'autres Marchands
avoient des iVIagafins remplis de ces Indiennes,
& de ces Mouflelines, Sc les
donnoient à bien meilleur marché qu'à
la Martinique, oii ce qui coutoit vingtcinq
ccus, fe donnoit pour cinq à Saint
Thomas. Cela m'obligea d'employer
tout l'argent que j'avois, & deux cent
ecus que j'empruntai à en acheter une
bonne quantité tant pour nous, que pour
desperfonnes de nos amis, à qui je fça-
'Achat celaferoit plaifir. J'eus entr'aumu
fait très chofes des courte-pointes de MafutAn
lipatan, de la premiere beauté, à quinze
écus piece, qui en auroient valu cent en
France, laplûpart des autres Indiennes
que j'achetai étoient des Turbans de
trois aunes de long, fur près d'une aune
de large. Je les eûs àunécupiece, il en
falloir quatre pour faire une grande couverture,
& cequ'ontiroitdescôtezafin
que le milieu de la couverture fût du
même deffein, fuffifoit pour augmenter
le cinquième Turban, & faire un magnifique
tapis de table, ou de toilette.
J'achetai auffi des Epiceries fines ,
commemufcade, gerofle, &canelle,à
deux écus la livre. Et j'employai vingtfix
écus en Livres brochez, que je choifis
dans une balle, qui étoit veniâë d'Hollande,
pour le compte d'un Marchand
delà Martinique nommé Cachet, qui
tear.
A G E S AUX ISLES
n'avoitpas voulu s'en accommoder ave^ ly,,,.
M.Smith. Je pris ces Livres bien moins
pour les lire^que pour empêcher qu'ils ne
fuiTentlûs, &: qu'ils ne fiiTent impreiîion
fur des efprits foibles, Sc déjaaifez gâtez.
Je les parcourus pendant le voïage,
& les jettai à la mer à mefure queje les
lifois, & ils ne meritoient pas autre chofe.
Car c'étoient des cloaques d'ordures,
ou des repetitions de calomnies, 6c d'impertinences,
dont il efl: furprenant, qu'on
fermette l'impreffion dans un pais auffi-
)ien reglé que la Hollande, 6c qu'il fe
trouve des Libraires afléz perdus de
confcience, pour faireles frais de pareilles
impreffions, 6c des gens aflez ennemis
d'eux-mêmespourachetercesfortes mde
Livres, qui ne peuvent que corrompre
leurs moeurs, 6c les porter aux derniers
déreglemens, „¡m
On a vû p.ir ce que j'ai dit ci-devant
en parlant de la Fortereffe de S. Thomas,
qu'elle n'eft capable d'aucune défenfe,
ni pour elle-même, ni pour le
pais, ni pour lesVaiiTeaux quiferoicnt
dans le Port. On a cru remedier,fur tout „
a ce dernier mconvenient, en faifant
une grande Batterie fur le bord de la
mer au bas du Fort. Je croi y avoir
compté vingt Canons. Le Gouverneur
m'en parlant un jour en nous promenant
vers cet endroit, je pris la liberté de lui
faire remarquer, que fon prédecefleur
qui avoit fait faire cetOuvi'age, avoit
employé inutilement fon argent, parce
que cette Batterie, quoique bonne pour
battre dans l'entrée du Por t , étoit inutile
pour tout le refte, parce qu'étant
toute ouverte par derriere, ellepouvoit
être aifément prife par ceux qui l'attaqueroient
du côté deterre, aprêsavoir
fait leur defcente à la petite Ance, qui
eft derriere le Comptoir des Danois,
comme nos Flibuftiers avoient fait pendant
la Guerre de 1688 .En voici l'hiftoire.
;i7oi'
F R A N C O I S E S DE L'AMERiaUEre
Deux cent hommes mirent à terre paliiîades. Si onvouloit mettre ce Porc
lis F/i-
: lu fier S
plient
- le Com-
' ftoir da
Damisfans
bruit la nuit dans cette Ance, y
étant venus dans des canots, après avoir
laiiîé leur Bâtiment entre la Caravelle
6c riile. Ils furprirent le Comptoir,
amarrèrent tous ceux qui étoient dedans,,
pillerent l'argent, les meubles, 6c les
marchandiies qu'ils trouvèrent,6c fe
dans une entiere fûfcté, il n'y auroïc
qu'à faire fur la pointe de TEft une Batterie
fermée en maniere de redoute, ifolée
par un profond foflé, pour être à
couvert d'un coup de main, 6c ondonneroit
au Por t , au Bourg, 6c au Comptoir,
unefûreté p marcnaiiuiics uu lis y nvjuv>.i«.iiu, wv .v, j '" ' , . ' arf.a it,e , & • touteenfervirent
des Negres} pour porter leur tiere. C'eft l'avis que jedonn^ au Uoubutin
au bord de la mer. Ce pillage fut
très-confiderable, 6c ill'auroit étébien
plus, s'ils eui f ent f çû, que le gros de la
CaiiTe étoit dans un caveau fous lafalle,
dont l'ouveiture couverte adroitement
verneur, 6c au Direéleur du Comptoir,,
quil'approuverent, 6c m'en témoignèrent
bien de la reconnoiflance.
Nous fîmes nos adieux le Vendredy
UOIIU 1. UUVCl LUI»- Ll, »V.»'.-/ii-v-ii.»-..». au fo- ir. Madame Vambel . 6c Madam,e.
parle plancher, n'étoitfçûëquedepeu Smith m'envoyèrent environ trente ii
deperfonnesdelamaifon. Ilsoublierent vres de chocolat, quivenoitde Cartaen
cette occafion leur pratique ordinai- gene, ou la vanille, le mu fc,ÒC 1 ambre,
re, qui eft de donner lagène à leurs pri- n'avoient pas été épargnez. Avant de refonniers,
pour les obligera declarer où cevoir celui-là , j'en avois achete queleftlebutin.
Il eft certain, que s'ils l'euf- ques livres, pour faire des prelens, qui
f e n t f a i t , on leur eût découvert la ca- m'avoit coûté trois écus la livre. Onme
che, dans laquelle on pretend qu'il y donna auffi quelques porcelaines du Jaavoit
plus de cinq cent mille livres. Il pon. Elles étoient Pf
ches, avec des fleurs de relief de même
couleur. Pourconnoître fi elles font vc--
ritablement du Japon, il faut en rom- P ^ ^
pre un petit morceau pour voir le de-
leurauroit été aifé de prouver que cet ar- ' ' " - - ~ ~
gent appartenoit aux Hollandois, par les
Livres 6c lesPapiers du Comptoir qu'ils
Tieffiin
il l'Auteur
peur
fertifitr
¡. Uoms.
emportèrent, 6c qui leur fervirent à faire y,.. r- ... tuj
declarer de bonne prife ce qu'ils avoient dans, parce que le dedans des véritables, pon.
pi]lé. eft auffi blanc, à peu de chofes près, que
Il eft certain qu'on auroit employé le dehors,
plus utilement l'argent que cette Batte- Le Samedy 2 3. Avril nous mimes a
rie 6c le Fort ont coûté, à en conftruire la voile furies fix heuresdu matin. Nous
un fur la pointe, qui fepare le grand paflames entre toutes ces petites liles,
Port de la petite Ance, qui eft derriere qu'on nomme les Vierges, par le Canal
le Comptoir, parce qu'étant dans cet du milieu, qu'on appelle la grande Rue
endroit, il défendroit ces deux lieux, 6c des Vierges. C'eft afiûrement une des
il n'auroit pas befoin de grande fortifi- plus agréables Navigations qu'on puifle
cation. Deux Baftions, 6c une demie faire. Ils femble qu'on foit dans une
Lune fuffiroient du côté de la terre, il grande prairie cantonnée de quantité de
ne faudroit dans le refte de l'enceinte que bofquets de part 6c d'autre de la route,
des Redans, 6c des Batteries fans Ouvra- Ileftaifé dejugerque laterreyeft bonges
extérieurs, parce que la mer qui laveroit
le pied des murailles leur ferviroit
de fofle, 6c les brifans qui environnent
la pointe lui tiendroit lieu de
ne, par la quantité de beaux arbres dont
ces Hlcts font remplis. Nous en vîmes
quelques-uns qui étoient habitez 6c cultivez
, la plus grande partie étoient déferts.
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