N O U V E A U X VOY
les mêmes lîmptomcs dans ceux qui mouroicnt
après avoir traîné long-tcms, &
être devenus maigres & décharnez camnic
des fquellettcsi & dans ceux qui étant
attaquez de ce mal, fe trouvant au travail
, mouroient en cinq ou iîx heures
avec des hurlemenj & des contórfíons
épouvcntablesi& ce qui étoit encore plus
mauvais dans cette maladie, c'cft qu'elle
fe communiquoi tai fément ,& que quand
elle etoit une fois dans une habitation,
elle emportoit tous les beitiaux qui s'y
trouvoient, à moins que l'on ne prit
un foin tout particulier de feparer d'abord
ceux qui étoient attaquez du mal,
de ceux qui ne l'étoient pas.
'^'rtt^ Lesunsdifoient quec'étoit un maleksBtf
quelque miferable avoit jctté
thux^ fur les beftiaux: d'autres, à moa avis,
plusraifonnables, croïoient que cela ve-
Boit de l'intemperie de l'air, de même
.que le mal de Siam qui s'étoit déjà rallumé
plufieurs fois , après avoir été
éteint entièrement pendant plufieurs
mois de fuite. Je conieillaià nos voifins
de faire enterrer tous les beftiaux qui
mouroient chez eux > parce que fi leur
mort étoit l'ouvrage de la malice des
^vh dt N e g r e s , pour les pouvoir manger après
''^"'r qu'ils étoient morts, il étoit à propos de
î X priver du fruit de leur crime en les
mettant en terre dans des lieux où ils
ne puiTent pas les déterrer pendant la
nuit , à peu près comme on fait dans les
vaiflcaux -, où l'on jette à la mer toutes
les volailles qu'on trouve mortes dans les
cages, depuis qu'on s'eft apperçû que
les Matelots avoient la ma ice de leur
percer la tête avec une épingle, pendant
la nui t , afin qu'on les leur donnât quand
on les trou voi t mortes le matin. Ou fi
cette maladie venoitde l'îmtemperie de
î ' a i r , comme il étoit impoffible qu'elle
fit mourir l'animal fans influer quelque
ciioiè de fa malignité dans les chairs,
{¡uoiqu'il n'y parut rien de gâcé, cette
A G E S AUX ISLES
malignité ne manqueroit pas de fe communiquer
à ceux qui en mangeroient,
& leur caufer le même mal & la mort;
Pour prévenir tous ces accidens, je
fis changer le parc oîi l'on renferme les
beftiaux pendant la nuit} je les fis met '
tre dans un grand enclos, queje fis faire
dans la.Savanne, après les avoir fait
faigner ôcpurger, 8c leur avoit fait couper
les barbes qui ibnt certaines excroif
fances de chair qui leur Tiennent à la befikul
langue , qui les empêchent de tortiller
l'herbe j. on ne manquoitpasde les laver
tous les jours à la mer, & enfuite daris
la Riviere, & deieur donner toutes lés
femaines un breuvage compofé d'eaux,
avec du jus de citron & de la caiTe. Ce
fut ainfi quejeconfervai nos beftiaux,
dont j'eus le bonheur de ne perdre que
deux ou trois.
Mais cette maladie étant paiTée des bc&
tiaux auxNegres, jen'eus pasleméme
bonheur 5 malgré tous mes foins, nous
en perdîmes vingt-fept en huit mois de
tems. Encore ne fûmes-nous pas des plus
maltraitez;d'aurreshabitansen perdirent
bien plus que nous, & un entre les autres
qui en avoit plus de loixante, les perdit
réellement tous, fans qu'il luienreftât
un feuL Je fis ouvrir quelques-um
de ceux qui étoient morts chez nousil'on
y trouva les mêmes fimptomes que l'on
avoit trouvé dans tous ceux qui étoient
morts dans les autres quartiers de riîle}
c'eft-à-dire, le foie , es p^ oumons, ,, S_e
les inteftinsfecsSc retirez comme du parchemin
grillé, & le refte dans fon ctaE
ordinaire. Il yen eut qui furent emportez
dans huit ou dix heures} d'autres
languirent cinq ou fix jours, & les uns
& les autres moururent avec d'étranges
convulfions. Je n'ai point connoiiTance.
qu'il en foit réchappé un feul de tous
ceux qui furent attaquez de ce mal. Il
ne paifipasaux blancs; fi cela etoitarr
i v é j je croi qu'il eut emporté tous les
Ha-
- F R A N C O I S E S D E L* A M E R I ( ^ Ù É.
Habitafts qui font généralement parlant Sur une pinte d 'eau, mefure de Paris,
d'une complexion bien moins forte que mettez une once de Salfepareille, une onles
Negres. ce de Coques de N o i x , demie-once de
; Les Negres ne laiiTent pas d'être fu- Seguine du L e v ant , ou uneoncedecellè
jets à bien des maladies, dont la plû-
P®" caufées par le travai , le
lUmhes défaut de nourriture, & fouvent par
des JVi-leur intemperance, ôcleur indifcretion}
la colique les attaque aifez fouvent} ils
r ^ r • U ;
des Mes : fendéz par le milieu la Salfe- ptifanpareille
& la Seguine, Se puis les cou- nedeU
pez par petits morceaux, pilez les Coques
de N o i x , & les reduifez en poudre,
prenez auffi une once d'Antimoine,
fontfujetsauxmauxd'eftomach, quide- reduifez-le en poudre, 6c en faites uil
generent en hidropifie ; leur intempe- noiiet dans un morçeau de bonne toillei
rance fur l'eau de vie, & les mauvais
forte, bien ferrée 8c pliée en double, liezle
alimens qu'ils prennent, leur donnent
bien, afin que rien n'enpuiife fortir^
des cours de ventre, & des flux de fan
mettez l'eau, laSalfeparei le, la Segui -
mais le mal auquel ils font les plus fuj
ne & les Coques de N o i x dans un pot de
e t s , c'cft l 'Epi an, 8c les autres maladies
t e r r e , neuf , & bien vernifle} fufpendezy
qui viennent de la même caufe. Nos
au milieu le noiiec d'Antimoine, dé
Chirurgiens ignorans 8c mal pourvus de forte qu'il trempe entièrement dans li
remedes, en ont fait crever une quan- liqueur, mais fans toucher au fond, ni
titéincroiable,d'autres qui fe font échap- aux bords} faites bouillir le toutàpetité
pez de leurs mains, ont porté toute leur
vie les impreiTions du Mercure qu'on
leur avoit donné malapropos, ou font
âçmeurez couverts d'ulceres & de nodus.
U n Chirurgien habile nommé Mafboiiillons,
& doucement fur un feu de
bonne braife, fans fumée, jufqu'à la con-^
fommation d'un t iers, après quoi retire^
le noiiet d'Antimoine, 8c paflez la li-
, queur dans un l i n g e , fatiscomprimer les
ingrédiens qui étoient dedans, 8c mettez
f o n , qui s'étoit établi à la Guadeloupe, , la Ptifanne dans une bouteille de Y^tre^
St'qui joignoi t à une parfaite connoif- on doit après cela remettre dans le mèfance
de.ion art,.. beaucQup.de piété 8c me pot laSeguine, la Salfepareille, 8c
de droiture, a fait des cures furprenantes les Noi x qui font demeurées dans la fertant
à la Guadeloupe qu'à la Martinique, viette où l'on a paife la Pt i fanne, avec
avec unejJtifanne dont il m'a donné la la même quantité d'eau, Scfuipendrelç
recepte, 8c que je croi devoir donner noiiet d'Antimoine comme la premiere
au public, puifqu'elle eft excellente fois,, 8c faire boiiillirdoucemc'nt le tour,
non feulement pour toutes les maladie» jufqu'à la confommation du tiers , puis
honteufcs,maisencore.pour purifier par- la paiTer comme îa premiere. Se là
faitement la maife du fang, mettre les mettre dans une bouteille de verre,
humeurs dans l'équilibre qu'elles doivent
garder, 8c netioïerle corps de toutes
les impuretez qu'il peut avoir centraété.
Plufieurs perfonnes s'en fontferyis
en France avec un fuccès merveilleux.
Nous l'appelions Ptifanne de la
Guadeloupe, à caufe de la demeure de
celui qui l'a mife en vogue} voici fa
compolition, ôc la manière de&'en feryÎTv
:
pour s'en fervir comme j e le dirai ciaprès.
Cette feconde Ptifanne eft bieii
moins chargée, 8c moins forte que la
premiere, auffi l'appelle-t-on petitePtiiânne.
La Salfepareille, la Seguine, 8c
le Noi x ne peuvent fervir qu'une fois j
le noiiet d'Antimoine peut fervir juf-
' q u ' à cinq fois, après quoi il faut lerenouveller.
N nn i Av a n t
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