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N O U V E A U X VOYAGES AUX ISLES
1701. AJ p' 1o aN-Tn tThomasGage, q' ui étant revenu qui manquoic dUa(HnJs3 f1eCs5 écrits. j, ,
de laNouvelleEfpagne en Angleterre en Mais ce qu'on ne lui peut pas paiTcif^^
sfur 1638. & aiant abjúrela Religion donna c'eft la fatyreconúnueIle,&outrée qu'il 1"'®
tioti fie
Thomas
Gage.
voir la facilité que fes compatriotes au- dans la même Religion, qu'il avoit été
roient de s'en rendre maîtres s'ils les vou- prom.eu aux Ordres facrez, & qu'il étoit
Joient attaquer. La Relation de fes voïa- parti d'Efpagne pour aller prêcher la foi
ges que l'on a traduite en F rançoi s , & dans les Philippines, Se peut-être à la
que l'on a donnée au Public en i(58o. Chine ou au Japon, oii la gloire du
n'efl- à proprement parler qu'un extrait martyre auroit été la recompenfe de fes
de fes Mémoires. Il eil facile de juger travaux, comme elle l'a été pour une indu
carafterede fon Auteur en la parcou- finité d'autres Religieux de difFerens orrant,
& d'y découvrir un efprit léger, dres, qui font établis aux Philippines,
inconilant, & double, une langue mé- • - - . . .
difante, un cçeur rempli d'ingratitude
, de perfidie, & d'avarice -, en un
mo t , un fcelerat caché fous un habit
Religieux.
On ne peut nier qu'il ne nous ait
donné de très-belles connoiiTances du
Mexique, Se des Provinces de laNouvelleEfpagne
qu'il a parcouru. Ceux qui
en avoient écrit avant lui n'avoient vû
que les bords delà terre j l'intérieur du
pais leur étoit inconnu, auffi n'en ontils
parlé que très-imparfkitement, ôi fur
des conjectures ou des rapports le plus
fouvent incertains, & toûjours fort fujets
à caution. Thomas Gage nous en
ainftruitsd'une inaniere plus fçavante,
plus ample, plus circonftanciéej &quoi -
qu'il ne foit pas allez entré dans le détail
des Manufaélures, & de la culture
des Cannes à Sucre, de la Cochenille, de
l'Indigo, duRocou, delà Vanille, &
de quelques autres marchandifes qui fe
fiibriquent fur les lieux où il a é t é , on
nelaiiîe pas de lui être obligé du foin
qu'il a pris, & de l'exactitude avec laquelle
il a écrit: une infinité de chofes
dont on n'avoit pas eu jufqu'alors
de connoiifance, & qui nous ont
jTcrvi depuis à nous éclaircir de ce
dont les Convents doivent être regardez
comme des Séminaires illuftres, où ceux
que l'on y eleve apprennent par les exercices
delà penitence laplusauftere, &
delà vie la plus parfaite, à fe preparer au
martyre. Heureux s'il avoit obéï à la
voix de Dieu, qui l'appelloit àunc fin
lî relevée, & s'il ne fe fût point laiiTé entraîner
au défir de mener une vie plus
douce, & d'amaffer des richefles. Ce
fut dans l'exafte vérité ce qui l'obligea
à fe fouftraire de l'obéilTance de fes Supérieurs,
& às'enfuïr àGuatimala, 6c
non pas la crainte de rifquer fon falut,
s'il continuoit fon voïage aux Philippines,
comme il l'avance fans honte,
ians prudence, pour excufer fa lâche defertion.
La maniéré charitable dont il fut reçu
à Guatimala, &enfuite employé à
la conduite des ames, devoit luiinfpirer
des fentimens de reconnoiiTancepourfes
Confreres. On voit au lieu de cela qu'il
femble n'avoir écrit que pour les déchir
e r , & qu'il n'a employé les douze années
qu'il a demeuré avec eux , qu'à
amaiTerdes fommesconfiderables par des
voies dont il ne fçauroit cacher l'iniquité,
&.à examiner la conduite de deux
avec qui il vivoit, pour lacenfurer, &
a
1701.
F R A N C O I S E S D
la noircir par des calomnies indignes
d'un homme qui a tant foit peu d'honneur,
& qui nepeuventfervir qu'à découvrir
fon méchant efprit, & fon mauvais
coeur. Il retourna à l'Amérique en
I (if 4. avec la Flotte Angloife, qui aïant
manqué deux entreprifes qu'elle avoit
faites fur la Vera Crux & la Havane, eut
enfin le bonheur de s'emparer de la Jamaïque}
Thomas Gage y mourut l'année
fuivante miferablement, comme il
convenoit à un Apoftat. J'ai cru pouvoir
faire cette petite digreifion, afin que
ceux qui liront fon ypiage nefelaiifenc
3as furprendre pas les calomnies 8c les
'auffetez dont il eft rempli. Je reviens à>
mon fujet.
Le If jour de Juillet 1701. on vit.
paroître fur les neuf heures du matin
quatre VaiiTeaux Anglpis, un- d«fq.ufils'
portoit pavillon qua.nié ;au graradi tnât,
avec environ vingt Baripues, q^u-i defcen.-
doient de la pointe de Niçyçs,, & qui
s'approcherent de La Rade du Bourg
François de S. Chriftophle fur le midi,
6c prefque dans le même tems le Sieur
Hamilton Major General des Ifles Angloifes,
envoya un Trompette accompagné
d'unrefugiéFrançois, auCorpsde
Garde de nôtre Frontière, qui demandèrent
à parler au Comte de Gennes.
On leur banda les yeux, & on les conduifit
chez le Sieur de Gennes, à qui ; cet
envoyé dit, que le Sieur Hamilton le
prioit de fe tranfporter àlaFrontiere avec
fix Officiers, & qu'il s'y trouveroit avec
un pareil nombre,pour lui communiquer
quelque chofe qu'il avoit intérêt de fçar
voir. Le Comte de Gennes après avoir
hcfité un peu de tems, parce qu'ilcraiignoit
quelque furprife, fe détermina enr
fin d'y aller. Il trouva le SieurHamilton,
qui lui di t , qu'il avoit ordre de l'inforformer,
que la Guerre étoit declarée,6c
que M. le General Codrington avoit ox-
1-Gm. I L
E L'AMERIQ^UE.
drc de la Reine d'Angleterre, dele fo'm^ 1701.
mer de lui remettre la partie Françoifé
de S. Chriftophle. Le Sieur de Gennes
lui répondit qu'il né falloit pas beaucoup
de reflexion, pour faire réponfe à une
pareille propoiition , & qu'iîétoit refol.u
defàire fon devoir. Le Sieur Ham iltofl
lui di î , qu'il attendfoit fa réponfe dan^
deux heures, après quoi ils feieparerent,
& le Sieur de Gennes étant revenu chez
lui, aflembla auiîî-tÔE les Officiers Majors
, qui fe trouvèrent dans le Quartier,
avec les Capitaines de Milice, Confeil-
1ers Se principaux Habitans qu'on pût
aiîêmbler.
Le Comte de Gennes leur com muniqua.
ce que le Sieur Hamilton lui avoit
d i t , &kur demanda leur fentiment, les
Officiers Majors qui affifterent à ce Confêil
étoient le Sieur de ValmeinierLieutpna:
ntdeRai, &c le Sieur Bachelier Majiar.
Les noms des autres font ici inutiles.
Oiî demanda d'abord au Major eri'
quoi coiafiftoient les forces du Quartier ,
à quoi il répondi t , qu'il n'y avoit que
deux cent quarante cinq hommes portant
les armes, y compris les trois Compagnies
de Soldats delà Marine. Cette
réponfe aiant exciteune grande diverfité
de fentimens dans l'aiTemblée, on propofa
que chacun mettroit fon fentiment
par écrit, ce qui fut executé, & il fe
tro,uva que de dix-fept perfonnes qui
étoient dans cette aiTemblée, douze dirent
d!avis de capituler, 6c de rendre la
jai'tieFrançoifé aux Anglois, aux meiU
eurcs conditions que l'on en pourroit
obtenir. Ce que je viens dcdire, cft le
précis d'un Certificat que lesOfficiers £c
Habitans donnèrent au Comte de Gennes
le 19. du même mois de Juillet ,
qu'il a produit au procès qu'on lui fit
pour raifon de la reddition de l'Iile j
mais dans lequel il manquoit une chofe
eilentÎGlle, qui étoit de marquer ceux
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