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ICO N O U V E A U X V a Y A G È S AUX ISLES
K^ÎS»-- qdc fa famille Scfesdomeiliques, en un Philippe de la Guarigue Sieur deRau-
F R A N C O I S E S DE L'A M E R I Q^U E , : is*
mot toute fa maifon eft une des mieux
réglées de toutes les Ifl-es.
LeSieur deSurvilliëe avoit encore deux
cadets. L'aîné des deux qui l'avoit accompagné
au fécours de la Guadeloupe,
où il s'étoit acquis de la reputation, eft
mort à Rochefort en étant fur le
point de repafler aux Ifles en qualité de
Lieutenant d'une Compagnie détachée
de la Marine, il avoit fervi quelque tems
dans les Gardes de la Marine, & s'y étoit
fort diftingué. C'étoit un jeune homme
de grande efperance, parfaitement bien
fait, agreable, fpirituel, honnête,poli,
fage, brave , & d'une phifionomie la
plus heureufe, 8c la ]^us revenante
"qu'-on pût foûhaiter.
L e plus jeune de ces fix freres nommé
C H A F I
court, après avoir pafie par les degrez
d'Enfeigne & de Lieutenant d'une Compagnie
détachée de la Marine, il- a été
fait Capitaine en 1716. il eft aétuello
ment au Fort Royal de la Martinique.
Je l'ai vû en 1703. lorsqu'il vint avec le
•Sieur de la Tournerie ion Frère , dontil
étoit Lieutenant au fecours de la Guadeloupe
attaquée par les Anglois. H
donna dans toutes es occafions qui iè
prefenterent des marques d'une valeur
qui eft heriditaire dans fa famille, ceqüi
fit que leLieutenantGeneral, le Gouverneur
de r i f l e , & tous les autresOfficiers
de confideration lui rendirent es
témoignage, qu'il n'y avoit point d'Officier
de foiv rang ÔG de fon âge qui méritât
autant que lui d'être avancé.
T R E XI V .
:ï7oo.
L'Auteur s'mbarque pur la Guadeionfe. lî f é j o u r n e à la "Dominique. Deß
cription de cette Iß^. >
E partis du Moiiilîage de la deux heures après midjr. 1 7 0 «
Martinique le 7. Janvier
1700. dans^ une Barque,
qui devoir toucher à la Dor
minique, |pour y charger
des bois de charpente. C^oique je
previflc que cela allongeroit mon vo-
'P
Cette femme fauvage étoit alors com- Femm
me je croi une des plus vieilles créatures
da monde. On dit qu'elle avoit été très- "/'M'
belle, ily avoit un peu plus de cent ans, ^/q^
& que ce fut à cauie de cela qu'un An- •viritti
glois Gouverneur de S. Chriftophle l'ayage,
&'me cauferoit de la dépence, voit entretenue pendant un aiTez long7
tems,. & en avoit eu nombre d'ènfàns ,
& entr'autres un certain Ouvernard dont
parle le Pere du Tertre dans fon Hîftoire.
Ce demi Caraïbe étoit mort long-temsavant
que je vinflê aux Ifles. On avoit
toûjours continué d'àppeller fa mere
Madame Ouyernard depuis que les
je n'en fus point trop fâché, parce
que jlétois biea aife de voir le dedans
de cette Ifle, & de pratiquer les
Caraïbes" qui l'habitent. Nous fûmes
©bligez de relâcher au Prêfcheur, quand
nous fûmes à moitié Canal, parce que
nousy trouvâmes une mer fi grofle, & Madame Uuyernard depuis qu
un vent fi furieux qa'il nous futiinpoffi^- Anglois Tavoient renvoyée à la D
ble de tenir davantage Gins nous expofer
à fombrer, ou à aller à la derive..
Nous remîmes à la voile le 9 à la
pointe du jour, 6c moiiillâmes à la
Dominique devant le Carbet de Madame
après la mort du Gouverneur qui
l'entretenoit- Sa vieillefle plutôt que
ÛL qualité de maîtreiTe d'un Gouverneur
Anglois, lui avoit acquis beaucoup de
credit parmi les Caraïbes. Elle avoit eu
Ouvernard le même jour fur les beaucoup d'éufans outre cet Ouyernard},
dcominique,.
,/709. de forte, que fon Carbet, qui étoit fort
grand, étoit peuplé a merveille d'une
longue fuite de fi;l», de petit-fils, & d'arriere
petits-fils.
- Nous, ne manquâmes pas de l'aller
faluer dès que nous eûmes mis pied à
terre. Je portai k parole, 8c on doit
® croire que mon compliment fut bien
reçû , puifqu'il étoit accompagné de
deux bouteilles d'Eau-de-Vie de Cannes,
qui eft ce qu'on preiênte de plus agréable
aux Sauvages. Elle me demanda quand
viendroit le Pere Raymond. C'étoit un
de nos Religieux qui avoit demeuré bien
fî des années parmi eux à travailler inutilement
a leur converCon, mais qui étoit
mort depuis près de trente ans. Je lui
dis qu'il viendroit bientôt. Maréponfe
fit plajfir à cette bonne femme. Car de
, lui dire qu'il étoit mor t , c'eftce qu'elle
î & tous les autres^Caraïbes n'auroient pû
croire, parcequ?ils font entêtez qu'une
perfonnejqu'ilsont connue, eft toûjours
envie, jufqu'à ce qu'ils l'ayentvûë dans
la fofle. C'eft fe ,rompre la tête inutilement
, que de vouloir leur faire croii'e k
contraire^
Portrah Cette bonne femme étoit toute nuë-,
«ifAiu- Se tellement nuë , qu?elle n'avoit pas
deux douzaines de cheveux fur la tête,
fa peau fembloit un vieux parchemin,
retirée & fechée à la fumée. Elle étoit
tellenjent courbée, que je ne pus voir la
figure de fon vifage que quand elle fe fut
affiiê pour boire. Elle avoit cependant
encore beaucoup de dents, & les yeux
aiTez vifs. Elle me demanda fi je voulois
demeurer dans fon Carbet,, & lui ayant
répondu que j'y demeurerois pendant
que la Barqueferoiten rade, elle me fit
apporter unhamac,je la remerciai, car
je n'avois-pas envie demerocoiier comme
un Caraïbe mais je choifis un quartier
de fon Carbet, ovi je fis tendre le
mien.Cinq ou fix perfonnes quipàflqient
wffi à là Guadeloupe prirent Iç même
dame
Ouvernard,
Ml
parti} defortequenous nous établîmes fioa",
tous chez Madame Ouvernard, oii nous
eûmes tout le loifird'obferver leurs coutumes,
8c de faire connoiflance avec
eux, puilque nous y demeurâaies dixfept
jours. ;
J'engageai le lendemain deux Caraïbes
à me conduire à la Cabefte^e,
trois autres à porter mon lit 8c les pro- cabifvifions
dont je jugeois pouvoir avoir
befoin. Cinq de nos Paflagers vinrent
avec moi 6c trois-Negres. Quoique nous
fuffions avec nos amis nous ne laiiTâr
mes pas de porter nos armes, fous prétexté
de chafler en cheminj mais en efïèt,
pour être en état de ne pas recevoir un
affront, fans pouvoir le repoufler. .
Nous traverfâmes toute la largeur de
rifle , depuis le Carbet de Madame Ouyernard
jufqu'à la Cabeiterre, fans trouver
autre chofe que des bois,, 6c trois ou
qpatr^ petits défrichez pleins de bananiers.
En échange nous vîmes les plus
beaux ai Iwes du monde de toutesles ef^
peces dont j'ai déjà parlé, 6c dont je
parlerai ci-après. La longueur,, 6c la
difficulté du chemin que nous fumes
obligez-de faire à pied, 8c le tems que
j e perdis à chercherdesplantes, furent
caufe que nous couchâmes dans lesboiï
fous un ajoupa que nous eûmes bientôt
fait,. 6c couvert avec des feiiilles de balifier.
Nous avions du bifcuit, du vin
de Madère,. 8c de l'Eau-de-Vie, 6c
nous avions tué chemin.faifant plus, de
ramiers,de perdrix,d'ortolans, que vingt
hommes affamez n'en auroientpû manger
i de maniéré que nous foûpâmes trèsbien
,. 6c dormîmes de mêmes, avec
cette précaution pourtant de veiller lesuns
après les autres, pour nepasdonner
lieu à. nos Conduéteurs de tomber danïi
quelque tentation.
Nous arrivâmes le lendémain à un
Carbet, oii nous fûmes reçus à rordinai»-
c'eft'à-^ire,re fans ccreraonie,parce
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