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90 NOUVEAUX VOYAGES
1699. toutes fes Troupes étoient toujours campées
dans le même endroit. 11 arriva à
Cayenne vers la minuit, 8c s'y joignit
aux deux Compagnies de ceQuartier-là,
qui eft la Frontière des François 6c des
Angloisducôtédel'Eft-Nord-d'Eft. :
L e Mardy t z Avril il attaqua les Angloisdèsla
pointe du jour. Il les trouva
avantageufement poftez de l'autre côté
de la petite riviere ou ravine de Cayenne.
Il prit la gauche afin d'avoir affaire à la
droite des Ennemis, où ilfçavoit que le
Commandant des Anglois étoit avec fes
Volontaires, 8c afin de voir plus aifément
ce qui fe paiTeroit dans l'aétion ,
parce que le lieu oii il fe trouvoit étoit
plus élevé que celui de la droite de fes
Troupes commandées par le Sieur de la
Guarigueàlatête de la Compagnie Colonelle.
. Je ne fçai où le Pere du Tertre a pris
que M. de Sales avoit nommé pour fon
fuceelîèurencasdemortle Chevalier de
Saint Laurent. Il n'y penfa jamais, 8c
quandilenauroit eulapenfée, iln'étoit
pas en fon pouvoir de le faire. Les Mes
n'appartenoient plus à la Religion de
Malthe} il y avoit quatre mois 8c plus
que la Compagnie en avoit pris poffeffion,
8c il étoit trop fage pour entreprendre
une chofe de cette nature, qui
dans les circonftances prefentes pouvoit
avoir des fuites fâcheufes, puifqu'il connoiiToit
trop bien les Officiers, pour les
croire capables de fouffrir ce paiTe-droitj
A U X ISLES
f- Ce point d'hiitoire eft important, 8c ifiç^,: |
j'ai cru être obligé de corriger l'erreur de '
mon Confrere, après avoir fait toutes
les diligences neceflaires pour me bien
informer de la vérité. On verra dans la
fuite, comment le Chevalier de S. Laurent
a eu le Gouvernement de S. Chriftophle,
8c à qui il en fut redevable. Je
reviens à mon fujet.
La gauche des Troupes Françoifésy
où étoitM. deSales, fit plier après une
longue refiftance la droite des Anglois,
8c paiTa la'ravine > mais la droite aïanc
trouvé devant elle un terrain de très-difficile
accès, qui favorifoit extrêmement
les Ennemis, fut repouffé^ufqu'àdeux
foisj de forte que les Officiers 8c les
Volontaires qui étoient encore à cheval,
furent obligez de mettre pied à terre
pour mieux foûtenir leurs gensj 8c le
Sieur de la Guarigue aïant tait ceiîêr le
feu, 8c mettre l'épée àla main, ils grimpèrent
le revers de la ravine, Scculbuî6p8.
d'autant plus que le Chevalier de S. Laurent,
le Chevalier de Grimault, 8c quelques
autres dépendansde la Religion de
Malthe n'avoient plus aucun caraétere
dans l'Ille, 8c ne fe trouvoient en cette
aétion que comme fimples Volontaires,
qui n'étoient demeurez dans le païs que
pour achever quelques affaires particulières,
ou pour eux, ou pour leur Religion.
terent enfin les Anglois dont ils firent un
étrange carnage. Ceux-ci fe voyant battus
des deux cotez, fe débanderent,,8c
cherchèrent leur falut dans la fuite,
pourfuivis vivement par les François jufques
auprès de la ravine de Nicleton ,
éloignée de près d'une lieuë, de la riviere
de Cayonne.
Ce fut en cet endroit que le Chevalier
de Sales arrêta fes gens avec beaucoup
de peine, afin de leur faire prendre haleine,
8c les remettre en ordre, fe doutant
bien que les fuyards S'y feroient arrêtez,
comme dans un lieu avantageux.
En effet, ceux qui étoient échappez de
la défaite de Cayonne y aïant trouvé un
Corps de Troupes qui venoit à leur fe*
cours, bordèrent cette ravine, jetterent
quelques pelottons d'Infanterie dans des
halliersoù ils étoient cachez, nefaifant
paroître que quelques Cavaliers ça 8c là ,
comme pour obferver les mouvemens
des François. Un
F R A N C O I S E S D
Un OfHcier nommé Saint Amour fe
détachapour faire le coup de piftoletavec
ces Cavaliers, mais aïant été enveloppé
dans le moment, M. de Sales, qui s'en
apperçût pouiTa vers lui pour le dégager,
fuivi de quelques Officiers à qui i donnoit
les ordres de cette feconde attaque.
Tous fe mêlèrent avec les Ennemis qui
plièrent jufqu'à ce que nos gens fe trouvant
ibus le feu d'un de ces pelottons
d'Infanterie, en reçûrent une décharge,
dont deux coups portèrent dans le corps
deM. deSales,8c l'étendirent roide mort.
Quelques-uns de fa Compagnie furent
bleiTez, 8c entr'antres le Sieur de la Guarigue
y reçût un coup de fufil chargé de
trois balles dans les reins, défi près, que
les trois balles ne firent qu'une feule ouverture.
Cette bleifure toute grande
qu'elle étoit, ne l'empêcha pas de courir
à iVI. de Sales, qu'il ne croyoit que
bleiFéi mais l'aïant trouvé mort, il le
fit couvrir d'un manteau, pour dérober
la vûë de cette perte à nos gens, qui
voyant l'affaire engagée pouiTerent es
Anglois avec tant de bravoure, qu'ils
leur firent abandonner ce paiTage.
Cependant le Sieur de la Guarigue fe
retira un peu à l'écart, 8c ayant fait une
efpece de bouchon ou de tente de fon
mouchoir, il fe le fit enfoncer dans fa
playe, pour arrêter le fang, 8c fe fit lier
brtement avec fon écharpe par fon valet
àquiildéfenditderiendire. Aïantauffitôc
regagné la tête des Troupes qui s'étoient
arrêtées, après avoir pouffe lesEnnemis,
il fut faluépar tous les Officiers
Gomme leur C h e f , Se prié de donner fes
ordres, pour achever de défaire les Ent
r a i s , qu'on voyoit fe rallier, 8c prêts
à s'unir à un autreCorps de leursTroupes
qu'on fçavoit être campées au lieu nommé
les cinq Combles qui étoit leur quartier
d'aiTemblée de toute la Cabefterre.
E L'AMERIQ^UE. 91
L e Sieur de la Guarigue fans rien dire
de fableiTure, de crainte de faire perdi e
courage auxHabitans déjà ébran ez par
la mort de leur Gouverneur, les remercia
de la bonne opinion qu'ils avoient de lui,
8c leur d i t , que quoique le commandement
lui appartînt de droit comme leur
Colonel, il les prioit de le déterer au
Chevalierde S. Laurent, qui avoit toutes
les qualitez neceiTaires pour achever
ce qui étoit fi heureufement commencé,
8c que les belles aétions qu'il
venoit défaire, meritoient qu'on lui fît
cet honneur. Le Chevalier de S. Laurent
qui étoit prefent, s'excufa de prendre
le commandement, 8c dit, que n'étant
qu'Etrang er 8c Volontaire, il n'étoit pas
jufte qu'il prît un pofte qui appartenoit
au Sieur de la Guarigue par toutes fortes
d'endroits.
L e Sieur de la Guarigue étoit fon ami
particulier depuis long tems. Ils s'étoient
connus en France, 8c avoient porté les
armes enfemble fous le Maréchal de Turenne,
de forte qu'il étoit bien aife que
cette occafion fe prefentât de contribuer à
fon avancement. Mais voyant qu'il nefe
rendoit point, 8c lesmomens étant précieux,
il e prit en particulier, êc lui dit,
qu'il étoit bleiTé d'une telle maniéré,
qu'il ne fçavoit s'il porteroit encore loin
fa bleillire, ôc qu'il jugea lui-même s'il
pouvoit fe charger du commandement
dansl'étatoù ilfetrouvoit. Cettedéclaration
détermina le Chevalier de Saint
Laurent à fe mettre à la tête des Troupes,
du moinsjufqu'à ce qu'on eût joint
M. dePoincy, qui étoit à la pointe de
Sable où il commandoit, quoiqu'il ne
fàt plus Gouverneur en titre, depuis que
la Compagnie étoit en poiTeffion des
liles.
L e Chevalier de Saint Laurent prit
donc le pofte qu'avoit occupé le Chevalier
de Sales, 8c le Sieur de la Guarigue
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