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N O U V E A U X VOYAGES AUX ISLES
f 701. nous faire reporter au large, ce que nous
IßeCauhm.
fímesjufqu'áu Jeudy à midi, que nous
portâmes au Nord-Eft. Nous découvrîmes
Prodìgieufe
quant,
demoufii^
Hes.
certaines montagnes qui font à l 'Eû
d€ la Ville de S.Domingue le Vendre--
dy aufoir. LeSamedy nous nous trouvâmes
à deux lieiies de terre, fous le
vent dela Cateline, ou lile St«-Catherine,
qui eil une Ifle longue 8c baffe,
aflez près de la Côte de S. Domingue.
Nos gens voulurent mettre à terre
pour prendre de l'eau , parce que nous
en avions perdu quatre Barriques dan? le
roulis que nous avions fouffert s, & qu'il
n'en reftoit plus qu'une qui étoit enta-»
mée. On mit le canot à la mer avec deux
futailles. J'y defcendis pour me prome-
^ -V-. ^ nerunpeu, mais j'eûs bien-t^t achevé
Te'mluk wa promenade. A peine arrivâmes nous
à terre, que nous fûmes aflaillis de la
plus épaifle nuée de mouftiques qu'on
puiiTe s'imaginer.. J'ay dit que l'IUe à
Vache étoit le païs de ces inieétes, je
m'en dédis,. L'IÛç à. Vache, eil un païs
qui n'en a point enicomparaifon de L'endroit
où nous étions defcehdus. Je croi
que toi^? les grains, de fable, & tops le^
atomes de i'af j:,éic)içnt changé eabigail-
Içï., qui défendirent iibieij l'entrée de
leur pa^s, que je fus obligé de me rem,-,
barqùer au plus vite. Nos gens emplirent
Içurs futailles, mais ils perdipn^
l'envie d'allejr chercher, à tuer qui^iqua
$,oeuf, 9UquelqueÇochoua & s'entre-,
vinrent à bord. Nous fîmes fervir no?;
voiles, & portâmes fur la Savone ou-
Saon^, diftante de la Grande Terr«
d'environ,deux lie,ües, & à trpislieiies.
ou environ à l'Eitde laCatqline. I>i.ous
la. rangeâmes le Dimapchc; matin, la
laiiTant à bas bord a demie lieiie de nous.
Elle eil:inhabitée à pr^çfent , quoiqu'elle
ait été très-peuplée autrefois, tant des
naturels du païs, que des premiers Efpagnols,
quidécoavrirentlepaïs, Elle
•vont ou
Ssone.
mp parue bçlle , airez-ut^je, &, biènfpurjfieSa
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nie d'arbres. Quelqoes-uas denos gei» ^
qui y avoient été, me dirent qu'eÎÎen'®-
toit pas bien pourvue d'eau douce. Ï1 y
a prefque toûjours des Pêcheurs Efpagnols
, Scfouventdes Flibuftiers, Sc des
Forbans, qui s'y arrêtent <ians le tems
de la pont^ des Tortues, pour en tourner,
&avicuailler leurs Êâtiïnqîs, Elite
elli fjlus longue que large, elle me parut
à la vûëdefeptàhuîtKeues longueur.
Le Lundy 11 Avril, nous vîmes là
Mone, la Monique- & Zachée d'^aflèz
près^ & le Mardy matin , nous nous
trouvâmes avoir dépafle la pointe de
l'Oueft de Port- Ri e appelle le Cap Cî/
RoiTo ou le Cap Rougç. Le Mtrcredy «i
nous moiiillâmes au Coffre â mort. Les
Efpagnols l'appellent d'infiwna.. d'kji
C e f t un Met , éteigne de Port-Ric >'">
d'environ deux ligiies peu près au milieu
de la longueur de cette Ifle. Car
•n'en déplaife à quelques-uns de nos Gepgi
apJîes, l'Iiîede S. Jean "de-PortfrRic
eft un, q^aniié long d'^ quarante-cinq
lieiies ou environ, fur feize à dix-huit
lieuesdelarge. L'IA^fe-nomme-^Jp^»
Spp Port qui.eft un<Jesplus.bfôipj^
puifle voir, na.turel;,,fûi;,&çapal?Jje.dp
recevoir Ips plus : grandes Flptte^
bande du Nord. C'efl: fa beauté,^ qjài le
fait nommer le Porc riche;, ^ non.lea
mines ou, aucreSirich^iTes qu'ofi:yja:tji:our!
vées, fiç le npp.du Pom afàic enfioiJadé-.
îjoipination de toutq.l'ïflpj coriimc' b
nom de la Ville Capitale.
appellée Sm Dmingo ou S, Dominique,.
<;fti devenu Je nom dp toute cette gratide
ï^e. • . . r; /
- Le Coffi^e. à mort'à cinqquar.tsi dci
lieiiesou environ dq longueur, ' & ipille
ou dpHz,e cent pas dan& fa plus gj-ande
largeur. On,prétend, que quand on le
regarde d'uniertain point de vue , il a
la %ur e d'un mort-étendu furunç t^bie.;
Je n'aipas .V.Û ç^poiat:,, poi}r, aflï}rer,qufc
cela
F R A N C O L 5 E S DE L'AMERia.UE/
cela eft, ou <iue cela n'eft pas< II m'a iddreile a fe cacher le s fauva} & je fie
- ' p a r u plûtôt eômmedeux grofles boules
écf afees, fepàrées l'une de l'autre par un
yàlon afleï grand. Les bords de cet Met
du côité de Port-Ric font plàts SE fa»-
blonûeux, ceux du côté du Sud font
voulus pas découvrir leur canot, qtiele
hazard me fit trouver, parce qu'ils l'àuróient
mis en pieces, s'ilsl'aVbiëht vu,
comme ils firent leurs filets, Sclesâutréîs
iriftrutòens de leur pêche. Nous emporhâutr&
pierreux, ifn'y a point d'eaU -tâmes quatre Tortues en Vie, 8E plus de
douce, ìli d'arbres de que que efpece fix cent.livresdeTortuëfalée^avecbeautpii
S
que fe puifle être, que poUr brûler* Jè
eroi pourtant qu'en creufant dans le
feble un peu au-delà de l'endroit où les
plus groflTes lames Se. marées peuvent
monter, ©a y trouvèroit de l'eau douce
!, dir.on én.trc>uve de cette façon dans
tous les Bayes faWonneufes. Il faut feulement
obferver dé ne pas creufer bien
avant t Se fe contenter d'un trou de me-
'àtroii- diocre grandeur, parcd que dès qu'on
mrde yëut le faire plus piofotid y onfentauflitôt
la fàkre de l'eau,, parce que l'eau
MX douce qu'on trouve ainfi à la fuperficie
hrd! di eft cialle de la pluie, qui a filtré au travers
^ Wir. ¿y ^ gç que fa legereté a confervée
au-delTus de celle de la mer, qu'on ne
manqué jamais de trouver dès qu'on eft
arrivé au-deflxaus du niveau de celle du
bord die la .nlÈr. C'eft un très-bon endroit
pôûr la pêche, pour la Tortue,
qui vient pondre dans la grande Ance
de fable. Auffi ce liea eft fort fréquenté
par les Corfaires, par les Forbans, Se par
les Habitans dc Port-Ric, qui font la
plûpart des Mulâtres.
Nous trouvâmes en mettant pied. à
terre des marques aflïirées,. qu'il y avoit
des Pêcheurs Efpagnols dans l'Iflet.
coup d'oeufs, leurs calêbâfles, marnaittes
Se barrils à eau j Se fi j'avois découvert
leur canot, il eft fur que ces pauvres
Mulâtres qui font d'ailleurs de fVanches
canailles, cruels, voleurs, Se fans raifon $
auroient fouiFert béaiicoup de miferesj,
avant de pouvoir regagner Port-Ric¿
Nous dînâmes à terre à leurs dépens^
Nous fîmes cuire deux Tortuës en boucan,
Se d'autres viandes autant que rtöuS^
crûmes en avoir befoinjufqa^à S. Thé -
mas.
Nous remîmes à la vöile'fuf lescitKj;
heures du foir. Nous eûmes un gros vent
de Nord-Eft, qui nous dura deux jours,
& nous obligea de louvoyer fans cefle.
LeSamedy matin nous moiiillâmes i. 'Bmqum
r i f l e à Crabes. C'eft ainfi que nos Flibuftiers
appellent l'Ifle de Bofiquefi,ellé " '
eft à fix Jieiies ou environ au Vent de
Port-Ric. Cettelfle eft belle, Scafl'eÄ
grande. Il y a des. montagnes Se du plat.
païs. Se par confequent des foUrcés, Sc
des ruifleaux.
, Les Anglois s'y étoient nichez,- il y anombre
d'années, Se y avoient déjà faic
beaucoup d'Habitations. Maisles Efpagnols
connoiflant le préjudice que ce
Quoique nous n'euflions plus pour tou- voifinageleurpourraitapporter, firent?:
tes armes que trois fufils, deux piftoletsj un armement, les furprireat, taillerent
& quelques, machettes, c'eft ainfi qufori en pieces Cous les hommes, Scemmeiieappelledesfabres
courts Se afl^ez larges,, rentlesfcmines, Se les enfans, qui fuj
i ne Coupent q quin< ue d'un côté. Nos
fe mirent en tête de les trou ver,Se af
ment ils leur auroient fàitpafler quelque
quart d'heure de mauvais tems , s'ils
fuirent tombez entre leurs mains. Leur
rent difperfez dans Port-Ric, Se S. Domingue,
où ils font encore aujourd'hui-
Cette Me eft à prefent entièrement deferte.
Il y a apparence que les Efpagnols^
l'ont habitée, auti'efois;. car il n'eft pasgof
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