-L iH^
r llll!! ,1.
Ï' (rHI'lHiM l: ,
I
J ^
-I»»!.:
!
•f Li.
5- 1 fl s
/. il:
.(Ijji.ì VT
H,!
f \ :
i i ' . iiitii'i
L'
ï
•ifxß.
tes cafes
des Ne-
^res.
f6 NOUVEAUX VOYAGES
comme s'ils vouloient plaindre la mort
de leur compagnon, ou fe venger des
meurtriers.
Les cafes des Negres, dumoinspour
la plûpart, font allez propres. Un des devoirs
du Commandeur eild'y avoir l'oeil,
& quand on en bâtit de nouvelles, d'y
faireobferverla fimetrie, 6c l'uniformit
é , les faifant toutes d'une même longueur,
largeur & hauteur, toutes de file,
faifant une ou plufieurs rues, felon la
quantité de Negres que l'on a. On leur
donne pour l'ordinaire trente pieds de
long fur quinze de large. Si la famille
n'eit pas aflez nombreufe pour occuper
tout ce logement, on le partage en deux
dans le milieu de fa longueur. Les portes
qui font aux pignons répondent fur deux
rues, lorfque la maifon fcrt à deux familles
; mais quand elle elt occupée par
tine feule famille, il n'y faut fouffrir
qu'une porte.On couvre ces maifons avec
des têtes de Cannes, de Rofeaux, oude
Palmiftes. On les palliiTade ou environne
avec des rofeaux ou des clayes faites
de petites gaulettes pour foûtenir un torchis
de terre grafle& de bouze devache
fur lequel on paiTe un lit de chaux.
Les Negres ont grand foin que leurs
cafes foient bienclofes, parce qu'ils font
fort fenfibles au froid qui eft piquant
pendant la nuit. Les chevrons & la couverture
defcendentfouventjufqu'à terre,
& font à côté des cafes de petits appentis,
où leurs cochons & leurs volailles fe
AUX rSLES
une odeur de fumée & debouquin, qu'ils 1C98,
fentent avant qu'ils fe foient lavez, à laquelle
on a bien de la peine à s'acoutumer.
Leurs lits font de petits cabinets qu'ils
pratiquent dans la divifion qu'ils font de
eurs maifons. Le mari 6c la femme ont
chacun le leur , 6c dèsquelesenfans ont
fept ou huit ans on les fépare pour éviter
qu'ils ne commencent de trop bonne
heure àoffenferDieu : car il n'y a point
de Nation au monde plus portée au vice
de la chair que celle-là. On en jugera
par ce que je vais dire.
Je fus averti un jour que fept ou huit
petits Negres 6c NegreiTes étoient fous
desbaneniers où ils faifoient des aétions
qui pailbientleur âge, & qui montroient
une très-grande ma ice. Leplusâgén'avoit
pourtant qu'environ neufans. J'allai Comhim
les trouver, 6c les ayant pris en flagrantdélit,
j'ordonnai à la cuifiniere de la Maifon
de les foiietter d'importance. A peine •vicc de
cette execution étoit elle commencée (hairqu'unde
nos vieux Negres me vint prier
deiaireceiTer, parce qu'il avoit quelque
chofe à me dire. Je voulus bien avoir
cette complaifance pour lui, 6c je dis à la
cuifiniere de s'arrêter. CeNegre medemanda,
s'iln'étoit pas vrai, que j'avois
misuntelNegre qu'il me nomma, avec
le Tonnelier pour apprendre à faire des
barriques. Je lui dit qu'oui. Hé bien me-P'?'/«»^
dit-il, t'a-t-il apporté des barriques? Je
lui répondis qu'il ne pouvoit pas encore d'un
F R A N C O I S E S DE-L'AMERIQ^UE.
.i<5p8. 8c tu voudras qu'ils te faiTent des hiches, un coffre ou deux pour ferrer leurs harc'eft
à-dire, des enfans, tout aulîi-tôt, des.
ôc comment veux tu qu'ils les failéntjs'ils On laiiTe pour l'ordinaire un efpece de
n'ont pas appris tout doucement quand quinze à vingt pieds entre chaque cafe ,
ils étoient jeunes, Voi M.B. (c'etoit un afin de pouvoir remedier au feu, quand
de nos voifins, qui n'avoit point d'enfans) ils'allume dans quelqu'une, cequin'aril
n'a point d'enfans, parce qu'il n'a pas rive que trop fou vent. Ils ferment quelappris
à enlaire quand il étoit petit. Je quefois ces efpaces avec une paliflade, 6c
voulus faire entendre raifon à mon ha- fe fervent de ce terrain pour renfermer
leurs cochons, ou pour faire un petit
ardin d'herbes potagères. Dans les Ha -
)itations où les Maîtres nourriiTent des
cochons, il vaut mieux obliger les'Negres
de mettre les leurs dans le parc du
iVIaître, que de leurs fouffrir des parcs
particuliers. On les oblige par ce moyen
\ 7 /H « ^ l\ /I ^ tf ^ ^m » __ _
Lits des
Negres
er aurangueur;
mais il ne fut pas poffible, il
en revenoit toujours à dire, que tous les
métiers le doivent apprendre de jeuneffe,
ou qu'autrement on n'eft jamais bon
ouvrier. CcNegre étoit étranger, voilà
pourquoi je me fuis fervi des mots de tu
Se roi, en rapportant quelque chofe de
londilcours: c'eft leur manière, qu'il eft d'avoir foin de ceux du Maître, comme
impoffible de leur faire quitter. Lorf- desleurs} ôclorfqu'ils veulent vendre ce
qu'ils viennent un peu àgez dans lePaïs, qui leur appartient, ilfautqu'ils endon-
1 s n'apprennent jamais bien le Fran- nent la prefcrence à leur Maître, cela lui
çois, 6c n'ont qu'un baragoiiin le plus eibdû -, mais il faut auiîi qu'il leur payp
plaifant 6c le plus naturel du mon- ce qu'il acheted'eux.autant pour le moins
. qu'ils le pourroient vendre au Marché.
Les lits des Negres ne confident qu'en II y auroit de l'injuilice d'en agir audeux
ou trois planches pofées fur des tra- '
jly a.
toüjottrs
dufiu
dxns les
ca fes des
Ke^res.
avoir appris à en faire, parce qu'il n'y
mettent à couvert. Il eil rare qu'ils faf- avoit que peu de jours qu'il étoit en apfent
plus d'une fenêtre, elle efttoûjours prentiffage, mais qu'il apprendroit peu
au pignon, parce que la porte leur don- peu, 8c qu'enfuite il en feroit. Toi,tenir
ne aiTez de jour. Il y en a qui font une efprit, me dit-il, pour Tonnelier, mais
petite cafe à côté de la leur où ils font toi, bête, pour petits hiches-là, pourleur
feu, Se leur cuifine, mais la plûpart quoi toi faire battre eux. Je lui en dis
le font dans leur cafe, où ils entretien- la raifon} mais il me répliqua encore une
nent auiTidu feu toute la nuit. C'eft ce fois que j'étois bête. Hé pourquoi lui
qui Elit que léurs cales font toûjours en- dis-je? Parce que me répondit-il, que
fumées, & qu'eux-mêmes contraélent quand ils feront grands, tu les marieras,
6c
trement.
Í ^"^jont foûtenuës par de petites II y a une Ordonnance auffi bien fai- Ordm-
¡lesir Ces planches font quelquefois te, qu'elle eft mal executée, qui défend
leurs couvertes d'une natte faite de côtes de de rien acheter des Negres, à moins
tafis. bahfier, ou de latanier, avec un billot qu'ils n'ayent un billet de leurs Maîtres, &
deboispourchevet. Quand les Maîtres qui fpecifie ce qu'ils ont à vendre, avec
lont un peu raifonnables, ils leurs don- la permiffion qu'ils ont de le faire Cc-^"'"'''
nent quelques mechantes couvertures, feroit un moyen affûré pour les empêcher
ou les vieux blanchets , ou quelques de profiter de leurs vols} mais il y a des
grofles to,lies pour fe couvrir. En ce cas gens, 6c fur tout des regratiers, L auc
elt au Commandeur a avoir foin de les tres gens femblables, qui ne font pas tant
leur fan-e laver de tems en tems, auffi- de ffçons, qui ache?ent tout ce qu'on
Air^UwJr í »-"Oie a ete volee} Ce voila ce qui entrebles
confiftent en des callebaffes , des
couis, des canaris, des bancs, dés tables,
quelques uftenciles de bois, 6c
qu^d ils font un peu accommodez, en
Tem. H.
voler.
On donne aux Negres quelques can
tons de terre dans les endroits éloignez
de l'Habitation, ou proche des bois
pour y faire leurs jardins à tabac , 6c
H plan-
K .-Izàyii