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Ifx NOUVEAUX VOY
qii'ils difoicntyavoir envoyé une Colonie
en 1637. qui y avoitfubíillépendant
près de dix-huit mois, mais qui avoit été
entièrement mailacrée par les Sauvages
au commencement de 1650. cequifelon
eux n'annulloit point le droit qu'ils
avoient fur cette Ifle. Cette raifon auroit
été bonne , iî la fuppolition avoit
été véritable -, mais rien n'étoit plus
éloigné de la vérité. On auroit pû eur
répondre qu'ils avoient trop attendu à
faire valoir leur droite £c que quand
même ils auroient eu une Colonie dans
cette lile, ils étoient cenfez l'avoir abandonnée
tout-à-fait, puifqu'ils avoient
negligé pendant vingt-ans d'y envoyer
du monde, ou qu'ayant fçû & vû que
Mr. du Parquet s'y étoit établi, ils n'avoient
fait aucune démarche pour s'y oppofer,
ni aucun aéie fur les lieux ou en
Europe, pour conferver leur prétendu
droit. Qije diroient-ils fi les François
alloient les chaiTer à prefent de Madagafcar
oi^i ils fe font établis depuis peu
A G E S AUXISLES
re, les François & les'Anglois, à S. Aloufie,
d'années ì N'auroient-ils pas lieu de dire
que les François ont renoncé au droit
inconreftable qu'ils ont fur cette Ifle ,
par l'abandon qu'ils en ont fait depuis
tant d'années ? Cette raifon nelaiiTeroit
pas d'avoir quelque apparence, au lieu
qu'il n'y en a aucune dans le pretexte
qu'ils eurent de vouloir s'emparer de S.
Alouiîe. Voici le fait dans la plus exailc
vérité. ^
Il eft confiant qu'avant l'année i(i4o.
ni les François, ni les Anglois n'avoient
pas fongé à s'établir à S. Aloufie : les uns
& les autres n'étoient gueres en état de
fonger à s'étendre hors des Mes qu'ils
habitoient, aïanc tousaflez de peine à s'y
maintenir, & àfefoûtenircontrelesfréquentés
attaques des Caraïbes qui mettoient
tout en ufage pour les faire perir,
ou les chafler de leur Pais. Ils alloient
librement les uns 6c les autres, c'ell-à-di-^
comme en une llle qui n'avoit
point de Maître, pour tourner des Tortues
dans le temps de la ponte, & pour y
faire des Canots, fins que pas une des
deux Nations y eût ni Gouverneur, ni
Forterefle, ni Colonie établie.
Il arriva en Kigp. qu'un Navire Anglois
aïant moiiillé fous la Dominique
avec Pavillon François, attira dans fon
bord par cette feinte plufieurs Caraïbes,
qui étant en paix avec nous, ne firent
point difficulté d'y entrer, d'y porter
des fruits, comme ils avoient accoutumé
de faire, quand ils nous trouvoient
fur leurs côtes. Mais les Anglois aïanc
voulu enlever ceux qui étoient dans leur
Navire, tous fejetterent àia mer, 6c fe
iâuverent, excepté deux que ces Anglois
mirent aux fers, 6c qu'ils vendirent enfuite
comme efclaves. Les Caraïbes irritez
de cette perfidie, s'aflemblerent en
grand nombre, furprirent 6c maflàcrerent
des Anglois à la Barbade, à Antigües
0Ì1 ils commençoient à s'établir, Se en
d'autres endroits} &s'étantfeparez après
leur expédition, ceux de S. Vincent
paiferent à S, Aloufie en s'en retournant
chez eux, 6c trouvant quelques Anglois
occupez à la pêche de la Tortue, i s les
maflacrerent , comme ils avoient fait
dans les autres endroits, 6c pour la même
raifon, fans faire J e moindre toit aux
François qui étoient au même lieu. Voilà
le fait dans toute fa vérité, 8c ondéfîe
les Anglois de rien prouver au contraire.
On laiffe à prefent au jugement des perfonnes
defintereifées à decìder fi les Anglois
avoient quelque droit fur cette
Ifle. ; .
Ce fut pourtant fous le pretexte frivole
de cette pretendué polleiîîon, qu'ils
firent un Armement confiderable, èc
qu'ils vinrent attaquer le Sieur d'Aigremoiu.
Quoique ce Gouverneur, qui n'avoit
F R A N C O I S E S DE L'AMERIQ_UE.
, 1700.
lei Ángloìt
aitaijuent
S.Aloufn
tnifyfilis
font
défuits
entitrsmftit.
voit p"as lieu de craindre cette attaque
inopinée, eût été furpris, il ne fe perdit
pas pour cela. Il raflembla au plus vite
fes Habitans 6c fes Soldats, fe prefenta
au bord de la mer, 6c empêcha pendant
un temps confiderable la defcente des
Anglois. Enfin forcepar le grand nombre,
il fe retira dans fon Fort avec une
partie de fon monde, laiflant l'autre au
dehors fous la conduite d'un de fes Officiers,
pour harceler les ennemis. Il fut
afïïegé dans les formes} les ennemis aïant "
feit mettre du canon à terre, 8c fait brèche,
donnèrent plufieurs aiTauts où ils
perdirent beaucoup de monde, au dernier
defquels le Sieur d'Aigremont qui
les avoit repouiTez avec une extrême vigueur,
aïant fait une fortie, 6c aïant été
fécondé par ceux de fes gens qui étoient
demeurez hors de la FortereiTej ils tombèrent
tous enfemble fur les Anglois
d'une maniere fi vive, qu'ils lesdéfn-ent
à plate coupure, 6c obligèrent ceux qui
échaperent, à fe ixmbarquer comme ils
purent, fans armes, laiifant leurs canons,
leurs munitions, leurs bleiFez , 6c quelques
prifonniers à la merci des François.
C'eft l'unique tentative que les Anglois
ont faite pour s'établir dans cette
Ifle pendant que Mr. du Parquet a été
vivant. Le Sieur d'Aigremont la gouverna
en paix, 8c eut le plaifit de voir fa
Colonie s'augmenter confiderablement}
mais il tomba à la fin dans le même inconvénient
que fes prédeceffeurs : il permit
aux Caraïbes d'entrer chez lui librement
, il alloit même à la chafl'e avec eux:
ils prirent ce temps pour l'aflaflîner, un
d'eux lui aïant donné un coup de couteau
dans la poitrine. Ce malheur arriva
en 166c. deux ans après la mort de Mr.
du Parquet.
Mr. de Vauderoque oncle 6c tuteur
des enfans de Mr. du Parquet, nomma
Tm. IL
pour Gouverneur de S. Aloufie de Sieur
deLalande, qui y étant mort de maladie
cinq ou fix mois après y être arrivé, il
eut pour fucceffeur le Sieur Bonnard frere
de Madame du Parquet. Celui-ci ne
permit plus aux Sauvages de mettre le
?ied dans fon Ifle, 6c évita ainfiles malleurs
qui étoient arrivez à fés prédeceffeurs.
Il gouverna fa Colonie jufquesfur
la fin du mois d'Avril 1664. que es Anglois
firent un corps de quatorze à quinze
cent hommes, aufquelsfejoignirent
fix cent Sauvages commandez par un
nommé Ouvernard mulâtre, ou pour
parler plusjufle, metif d'un Gouverneur
Anglois de S. Chriftophle, 6c d'une Indienne
de la Dominique, dontj'ai parlé
dans un antre endroit , qu'on appelle
encore aujourd'hui MadameOuvernard.
Ces troupes ayant fait leur débarquement
fans trouver de refiilance, environnerenc
le F o r t , 6c fommerent le Sieur Bonnard
de fe rendre, ce qu'il fit auiïï-tôt fort;
lâchement. Les Anglois retinrent contre
la Capitulation le canon, les armes, le
bagage, 6c les ornemens de l'Eglife qu'ils
devoient rendre, 6c renvoyèrent le fieur
Bonnard 6c fes Soldats à la Martinique,
où on lui fit fon procès.
Comme cette aétion s'ell pafiee en pleine
paix ,1e Gouverneur General des Ifles
Angloifesdefavoiia le Colonel qui avoit
fait cette entreprife, lequel bien loin de fe
ièrvir delà pretenduë poiTeffion où ils difoient
avoir été de cetteifleavant 154o.ne
fondoit le droit qu'il y pretendoit avoir,
que fur l'achat qu'il avoit fait de cettelfie
l'année precedente des Sauvages par l'entremifed'Ouvernard.
Onvoitaffez pat
cette conduite le peu de droit que les
Anglois ont , ou ont jamais eu fur cette
Ifle. Ils en furent chaffez en 1666. 6c
depuis ce temps-là ils n'ont fait aucune
tentative pour y rentier.
La Compagnie de 1664. qu'on nom-
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