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N O U V E A U X VOY
iM- àia Guadeloupe, & mêmeIfortpetites
Coaieu- Il y en a à la Dominique qui font très-
'jresde groiTes, qu'onappellcdestêcesdechien,
lapomi- parce qu'ellcsontla tête groiTc & courte,
"am'iéis & qu'elles font toûjoursauffidifpofées à
t'êtls d! mordre, que des mâtins qui gardent une
cKtn, baile cour. Mais elles n'ont point de venin.
Elles font plus de peur que de mal à
ceux qui ne font pas accoûtumez à les
voir, ou à les entendrefoufflcr, oulfifler
quand on s'approche trop près d'elles.
Elles n'en veulent qu'aux poules, aux
rats, 6c aux oifeaux.
Vertup
de la
•Lagratfle des têtes de chren eft infini-
- - mentmeilleurequecelledesviperesjteltêies
íes que font les ferpens delà Martinique,
de chîert. Sainte Aloufie, ScBequia. On s'en fert
pour les mêmes maux que celles des viperes,
mais ce qu'elle a de particulier,
c'eft qu'on s'en fcrt avec un fuccès merveilleux
pour la goutte. Je ne prétend
pas de dir€ qu'elle guérifle.ce mal radiealement,
je tromperois mon Leñei r ,
& ce n'eít pas-là mon caraftere, m mon
dcffein.Ce qu'elle opere ell: de faire tranfpirer
l'humeur acre qui par iès picottemens
fur les membranes des nerfscaufe
ces douleurs aiguës, qui rendent cette
maladie une des plus douloureufes, & des
plus incommodes que l'on puiiTe fouffrir.
Mmiere Ceux qui en font attaquez fefont oindre
la partie affligée avec cette graifle la plus
chaude qu'ils peuvent la fouffrir , & iè
tiennent le plus chaudement qu'il eft poffible.
Cela n'eft pas difficile dans un climat
comme celui des lûes y & H faut reïtirer
les onftions de fix en fix heures. Il
eft ïnoiii que la goutte la plus opiniâtre
ait tenu bon contre ce remede plus de
vingt-quatre heures. On fçait que dès
que l'humeur commence àfediffiper, la
douleur ceiTc y & que l'ufage de la partie
revient dès que l'humeur eftdiffipée. ï l
eft vrai y qu'elle revient dans fes périodes
ordinaires,parce que cette graiflê n'ca
pour la
A G E S AUX ISLE|S
détruit pas le principe, maisc'eftbcau- ifiyS.
coup de pouvoir fe délivrer en vingt-quatre
heures, & fouvent en bien moins de
tems, d'une douleur aiguë, qui vous tient
cloué fur un lit une bonne partie de l'année.
Sauf à recommencer les onétions,
quand la douleur recommence à fë faire
lentir.
J e dois avertir le Leéteur, que cette
graifie ne produit pas dans lespaïs froids, tien qu'il
des effets auffi heureux, 8c auffi prompts f"»* apqu'elle
en produit dans lespaïs chauds,
comme l'Amerique, & autres lieux fem- p^h '
biables, parce que ks pores font plusfer- Poii¡.
rez, Se plus difficiles à ouvrir, cc qui
rend la tranfpiration plus laborieufe : Il
pourroit même arriver que le défaut de
tranfpiration qui eft neceíTaire non-feulement
dans la partie affligée, où cil le
dépôt de l'humeur, mais enoofe dans le
refte du corps, où elle fc filtre & fe diiHpe
peu à p eu, l a poorrcHîtifixer, & caaler
l'accident d'une goutte remoaiée, ce «qui
eft pourtant facileà éviter, n'y ayant qu'à
tenir le malade dans un lieu bien chaud,
le faire f u e r , & lui faine fer le corpsautant
defrixions qu'il en pourra fouffrir,
avant de faire les onftions fur k partie
affligée, fans oublier de lui donner de
bons cordiaux qui aident à pouffer par
les pores déjà ouverts l'humeur que le
remede a mis en chemin de fortir.
Je croi avoir dit dans un autre endroit
comment on diftinguoit les ferpens venimeux
d'avec les couleuvres qui ne le
font point. Rienji'eft fi fîicile, pourvu
qu'on ne fe laiffe pas d'abord emparer par
lafrayeurque cauiè la vue & la rencon- remeden
tre de ces animaux à ceux qui n'y font pas ferpens
accoûtumez. La couleuvre a l a tête Iongue
Se ronde comme une anguille. Se le '^eL'
iêrpentl'âplattc, large 6c triangulaire,
à peu près comme un trefle. On peut voir
la defcription que j'en ai faite dans u»
autre endroit, où j'ai encore dit, que le
fo»
ftntiue,
cy avale
un f ikri.
F R A N C O I S E S DE L'AMERICLUE. 37
: ,6oS. iirpent ne machepoint ce qu'il mange, rm.AIorsleièrpei^étan^eibe^iemit
^ mais qu'il l'avale tout entier, a ie rouler fur Im, 8c a achever del eteo'
J'ai eu une fois le plaifir d'en voir un dre à fa fantaifîe en bavant defllis, de
qui avala devant moi un pilori. On doit maniéré qu'il luimit les deux pattes de
Vnfer- fe fouvenit, que c'eft une efpece de rat devant le long des eôtes, 8c les deux de
naturel aux lilcs, prefque blanc, 8c bien derriere le long de h queue.Et après qu'il
plus gros que les rats ordinaires original- l'eût ainfi biçn étendu 8c couvert de brares
d'Europe.Dès que leferpent eût m o r ve, iUe prit par la tête qu'j I engloutit
du le pilori, il fe retira à quartier : car 6c en le fucçant peu àpeu, il le fit entrer
fdon les apparences il craignoit que le tout entier dans fon ventre/juoique avec
pilori ne fc jetta fur lui, 8c ne le mordit, affez de peine ; car iléroit pet i t , 8c le piil
grimpa enfuite fur les branches d'un lori fort gros. Ce fut fon dernier repas ^
arbriffeau, au pied duquel le pilori de- car après que j'eus vû ce que voulois
meura un bon quart d'heure à fe débat- voir, je le tuai,
trei il tomba à la fin, s'étendit 8c mou-
C H A P I T R E V I L
Des Efclaves noirs dont onfe fert aux IJles^ du Commerce de'JeurPaïs. Leur
Religion -, leurs moeurs, leurs danfes. Comment on les achette comment
on les traiter comment on les infiruit.
[L arriva à la Martinique à la Je fus furpris de ne point trouver le
fin du mois de Mai un Vaif- Supérieur general au moiiillagev il en
feau chargé deNegres venant étoit parti pour venir conférer avec moi,
de la côte de Juda en Gûi mais au lieu de fuivre le droit chemin ^
Maureletnommé Boiffon, qui avoit une la Baffe-pointe 8c diï Macouba-.
Habitation à côté du Fonds S.Jacques. Le Pere Cabaftbn qui avoit été eon-
Comme dans l'Affemblée que nous firmé dans fa Charge de Supérieur paravions
tenue avant l'arrivée du nouveau ticulier de la Miffion de la Mu'tinique ^
Supérieur general, j'avois été autorifé médit, qu'étant autorifé comme je l'épour
acheter le nombre deNegres que je tois par une Délibération capitulaire, je
jugerois à propos, & que je ferois en état
de payer, je partis fur lechamppourme
rendre à la Baffererre, afin de conferer
avec le Supérieur general, fur l'occafion
qui fe prefentoit d'avoir des Efclavesy
dont nous avions un extrême befoin pour
nôtre Habitation, 8c encore pour l'execution
du Couvent que nous avions refolu
ne devois faire aucune difficulté d'acheter
des N e g r e s , d'autant que c'étoit l'intention
du nouveau Supérieur general
qui n'étoit allé à la Cabefterre, que pour-"
voir avec moi combien j'en pourroisacheter.
Sur ces aiîurances j'en achetaidouze
, qui me coûterentcinq mille fept
cent francs, que je devois pay eren Sucre
de bâtir,. pour la fabrique duquel il brut à raifon 'de iept livres' quinze fois- le
ctoit abfolument neceffaire d'avoir des cent, dans le terme de fix femaiaes. Je
Efclaves, à moins de vouloir difconti- partis avec meS' aouveaux Negies-deuxnuer
le travail de la Sucrerie. jours après les avoir achetez,ayant aupa-
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