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faire la
¡uírre
114 NOUVEAUX VOY
qui les vont voir, £c de boire à la fanté
ae leurs compères.
Oi> conferve loigneufcmenc la paix
avec eux, non pas qu'on les craigne, nos
Colonies font trop fortes, êc eux trop
foibles pour nous faire du mal du nioins
confiderablement j mais afin que lesHaiturm^.
bitans puiflent vivre en repos, & fans
Kiere de cpaintc d'être brûlez & égorgez dans
leurs maifons par les furprifes & les dcfcentes
qu'ils font dans les terres de leurs
ennemis, pendant les nuits les plus obfcures,
& les plus mauvais temps. C'eil l'unique
chofe qu'on doit craindre d'eux :
car de s'attendre aune guerre ouverte,
c'eil à quoi il ne faut pas penfer. On n'a
que faire de craindre ni de fiege, ni de
bataille rangée j mais force furprifes, &
force embufcades: c'eft leur maniéré de
faire la guerre. Dès qu'ils font découverts
l'affiiire eft finie, à moins qu'ils ne
fe trouvent en très-grand nombrecontre
deux ou trois perfonnes y encore regarderont
ils plus d'une fois avant de lesattaquef
j 6c même ne les attaqueront pas,
s'ils les voyent bien armez, & dans un
lieu découvert où ils ne puiffent pas les
approcher,, où les environner à lafaveur
des arbres & des halliers.
Ils ont l'induftrie de fe couvrir de petites
branches & de feuilles depuis la tête
jufqu'aux pieds, &delè faire un mafque
ayec unefeiiille de balifierqu'Hspercent
àl'eadroit des yeux. En cet état ils fe
mettent à côté d'un arbre, ou d'une touffe
de halliers fur le bord du chemin, & y
attendent leurs ennemis au paiîage, afin
de leur fendre la tête d'un coup deboutou,
ou leur tirer une fleche quand ils
font paflez, fans qu'on fçache d'où elle
vient, ou peut venir, n'y qu'on puiflè
découvrir à q.uatre pas qui a :^t l e coup,
F R A N C O I S E S DE L'AMERIQ.UE.
A G E S AUX ISLES
parce que dès qu'ils l'ont fait, .ils fe jet- 1701
tent par terre, & fe blotilTent comme
des lièvres dans tes halliers. ,
Lorfqu'ils attaquent urre maifon couverte
de feiiilles de Cannes ou de Pal- iemtmiftes,
ils mettent le feu à la cou verture
en tirant deflîis des fléchés où ik ont
attaché une poignée de coton, qu'ils allument
dans le moment qu'ils la déccr- «
chent. Et comme leurs attaques ne fefont
guéres que de nuit, ils fe tiennent
Cachez aux envi ronsderriere des arbres,
ou des buiflbns en attendant que le feu
oblige ceux qui font dans la marfon, d'en
ibrtir. La lumiere les leur fatt alors découvrir
, & leur donne la facilité de les
percer à coups de fleshes, fans que ceux
qui font ainfî bleiTez puiffent fe venger
de ceux qui les percent, parce qu'ils ne
peuvent es découvrir. Non-feulement
ils tirent très-jufte, mais ils tirent fi vite
qu'ils décocheront dix ou douze fléchés j
pendant qu'on chargera un fufil. C'eft
une erreur de croire qu'ils en tirent deux
ou trois à la fois. Ce qui a donné lieu à ¿j „^
quelques gens de l'avancer, c'ieft qu'ils les femt,
ont vû en tenir trois entre leurs doigts fur '"^f
la corde de l'arc. Ils ne font cela que .
pour être prêts à tirer plus vîtc fans être tafii
obligez de prendre les fléchés à leur côté.
Il n'y aqu'àconfidererl'aârion qu'il faut
faire pour tirer une fleche, pour fe convaincre
qu'il n'eftpas poflîble d'en tirer
plus d'une à la fois.
S'il arrive qu'on fe batte contr'^eux pm
il faut avoir ibin de briier les fléchés à w»î«|r
meiiire qu'elles tombent à terrcydc craint
e , qu'étant obligé de reculer, cenefoity-ji«. '
une nouvelle provifion pour eux: car w«»"! ï
leurs magafins font épuifez en peu de '''"'^j.
tems, après quoi il faut qu'ils fe retirent,,
ou biea on en a bon marché.
C H A-
'•iioo.
C H A P I T R E XV 1 .
Leur maniere de faire du feu. De la plante appellee Garatas ^ fes difersns
ufages. Mrejfe des Caraées pour nager , & fe battre centre lespotfons.
De VEfpadm & de la Baleine.
'hiamert
.défaire
in feu.
Situation
oit
) ton doit
\fe met-
•'•tre pour
. faire du
EsCaraïbes ont une maniera de
faire du feu qui eft tout-à-faic
commode.LesEuropéens qui
font en Amérique l'ont apprife
d'eux , & s'en fervent lorfqu'ils
n'ont point de fufil.
On prend deux morceaux de bois l'un
plus dur que l'autre. On fait une pointe
au plus dur, & un commencement de
trou au plus mol. On met celui-ci entre
les genoux, & on le prellè pour le tenir
ferme, & prenant l'autre, qui doit être
comme un bâton de iépt à huit pouces
de long, entre les paulmes des deux
mains, on met fa pointe dans le petit
trou de l'autre, & on le fait tourner le
plus vite qu'il eft poifible, comme quand
on fait du Chocolat. Ce mouvement
échauffe les deux morceaux de bois, &
fur tout celui qui eft le plus tendre, parce
que fcs parties étant plus éloignées
les unes des autres, font plus fiiciles à
ébranler, & font par confequent plus fufceptibles
de chaleur, & le mouvement
continuant,elles en reçoivent à la fin aiTez
30ur s'enflamer. On font d'abord une
egere odeur de brûlé,on voit enfuite une
petite fumée s'élever du bois mol, &
puis onapperçoit des étincelles. J'ai fait
aiTez fouvent du feudecette maniéré. Il
faut tourner fans difcontinuer, de peur
de donner le loilîr aux parties ébranlées
de fe repofer} & fi on fe fent fatigué,
il faut qu'une autre perfonne continue
à faire agir le bois pointu fans aucune interruption.
Il faut encore obferverdefe
mettre à l'ombre, ou fi on n'en a pas la
commodité, il faut au moins tourner le
dos auSoleil,en forte qu'il ne donne point
fur le bois qu'on veut allumer : car il elfc
certain qu'on feroit infiniment plus long- 1700.
tems à allumer du feu. Meilleurs les
Phyficiens en chercheront,s'il leur plaîr,
la raifon, auifi-bien que celle pourquoi
quand on bat un fufil au Soleil, on confume
pour l'ordinaire plus de pierre que
de meche.
On fe fert ordinairement d'un bois Soisapmol
appelle toi, au lieu de meche, ileft^^^, /
excellent pour ce feul ufage, & iuutile
pour tout autre; il vient d'une plante/J»«/«iappellée
Caratas, que l'on trouve non- g^-
feulement par toute l'Amérique, mais
qui vient encore parfaitement bien enEfpagne
& en Italie, à laquelle on donne
très-mal-à-propos le nom d'aloës. Sara- caratai
cine eft une bulbe ronde, filaileufe, de
laconfiftence & couleur d'un oignon de
lis. Elleproduitautour d'elle des feiiilles
de deux à trois pieds de longueur, larges
dans leur naiflance de quatre à cinq
pouces, creufées en canal, & fe terminant
en une pointe triangulaire. Leur épaiffeur.
qui eft de plus d'un pouce dans le bas,
diminue à proportion qu'elle s'approche
de la pointe. Elles font compofées d'un
aflemblage de filets longs, forts, & foupies
, remplis ou plûtôt environnez
d'une matièreverdâtre,épaiîle, &gluante}
6c le tout couvert d'une peau mince
& verte, dont les bords font garnis de
pointes comme des épines, rondes, pointues
& aiTez fortes.
Lorfque turité, ce qui lui arrive felon les climats Caratai.
chauds ou tempercz où elle eft plantée
à deux ou trois ans, elle poufle de fon
centre un jet de quinze à vingt pieds de
hauteur, de quatre à cinq pouces de diamètre
dans fa naiflance, qui fe termine-
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