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-48 NOUVEAUX VOY
îûyg. kur ^ter cette i<iéc de l'efpriE, nepouvbîentfc
ralîurer,8c fe croireexemts d'aller
à la boucherie, que quand ils voyoienc
un grand nombre de leurs femblables,
qui les affuroient qu'on ne les vouloit
pas manger, mais feulement les faire trar
vailler.
onv'ifite U eft de kprudence de ceux qui veueu
i'on lent acheter des Negres, delesvifiter,ou
^Z-uf'' pa»" eux-mêmes, ou par quelque perfon-
Ne^res - «centendue dans ce métier, pour voir
que Ion s'ils n'ont pointquelque défauT;car quoiqu'ife
foient tous nuds , fîc que les parties
' ménaes que l'on cache avec plus de foin,
ne le foient pas trop bien chez eux, &
beaucoup moins quand ils fortent du
VaiiFeau, il eli contre la pudeur de faire
foi-même cet examen, & d'entrer dans
ce détail. On s'ea rapporte pour l'ordinaive
au Chirurgien de laMaifon.
Lorfqu'ils font achetez, & conduits
à rHabitation, il faut éviter fiir toutes
choies, l'infatiable avarice, & l'horrible
durèné de certains Hiabitans , qui les font
t ray ai lier tout en arrivant, fansprefque
leur donner lie tems de prendre baleine.
C'eft tf avoir point du tout de charité, ni
de difcretion, & n'entendre rien en fes
propres intereifcs,. que di'en agir en cette
naaniere. Ces pauvres gens font iàtiguez
d'un long voyage, pendant lequelils ont
toujours été attachez deux à deux avec
AGES AUX ISLES
fortt rçpofez quelques heures, les ; faire fîjrS.
baigner à la mer, eur faire raÎér la tête, ^^^^
& leur faire frotter tout le corps avec de traiter
l'huile dePalmaCbrifti.Ccladénoiieles US N,.
jointures, lesrend plus ibuples, &empêche
'''Mauvm- cheville defer. 11 font extenuez de
fecoHtu- lafaim&delafoif, qui ne manquent jame
de . mais de les faire ibuffrir beaucoup peniililiani
da,nclatraverfée, fanscompter ledéplaiiouchant.
fireù ils font d'être éloignez de leur
UsNe- . Païs, fans efperanced'y jamais retourner.
gres noH- N'eft-ee pas le moyen d'augmenter
•locaux, jçy^j maux & leur chagrin, que deles
-potiiîer au travail, iansleur donner quelques
jours de repos êc de bonne nourriture.
Il faut après q Com- u'ils font arrivez à la
ment il maifon.,. qu'ils.ont mangé, qu'ils fe
les effets ou les fuites dufcorbut,
s'ilsavoientqtiçlquçdifpoficion à ènêire
attaquez. U faut pendaiu deux ou trojs
jourshumeâer avecde l'huile d'olives k
"farine ou la caflave qu'on leur donne,
lesfa;ire manger peu & fouvent, & les
faire baigner foir & matjn. Ce regime de
vie les djfpofe à une petite iiugnée, 6c
a une purgation douce qu'oti leur fait
prendre, ^elquesbonnes que foient les
eaux, il faut les em^pêcher d'en boire du
moins à difcretion, Se encore plus de
l'eau-de-vie. Il ne leur faut donner que
de la grappe, ouduoiiycou. C'eft ainfî
qu'on ks garsnadï des maladies dont ils
font ordinairement attaquez dans les com'-
mencemens. Ces bons traitemens joints
aux habits qu'onleur donne, & à quelqu'autre
douceur qu'on leur témoigne,
les rend affeétionnez, & leur fait oublier
leur païs, & l'état malheureux où la fervitude
les réduit.
On peut au bout de ièpt ouhuit jpurs
leur donner quelque leger trax?ail, pour
lesyaccoûtumer.Laplûpart n'attendent
pas qu'on les y envoye, i sfuiventles autres
quand le Commandeur les appelle.
Afin de les mieux dreiîer, les inlii-uire, o» doit
Se leur faire prendre le train- de l'Habiration,
il eft bon de départir les Negres
nouveaux dansles cafes des anciensxeux- veaux
ci les reçoivent volontiers , foit qu'ils
foient de leur païs ou non, ils fe font ^ancLm.
honneur que le Negre qu'on leur a donné,
foit mieux entretenu, mieux inftrurit,
Se qu'il fe porte mieux que celui de leur
voiiin. llsenonttout lefoinpoffible, &
le regarde comme letirenfant, mais ils le
font manger à part, & coucher'dans une
autre chambre que la leur }. Se lorfque
!c
F R A N C O I S E S DE L'AMERÏÇLUE. 49
- t<><A le nouveau venu s'apperçoit de cette diftindion,
Se qu'il en demande la raifon,
• ils lui difent, que n'étant pas Chrétien, il
cft trop au-deiTous d'eux pour manger Se
'< dormir dans leur chambre.
Ces maniérés font concevoir à cesNegres
nouveaux une haute idée de la qualité
de Chrétienj Se comme ils font naturellement
fort fuperbes, ils importunent
fans ceiTe leurs Maîtres Se leurs Curez
afin d'être baptifez -, de forte que fi on les
vouloit fatisfaire , on employeroit Içs
jours entiers àleurenfeignerladodrine
& leurs prières.
, Outre le Catechifme, qui fe fait en
commun ibir Se matin dans les maiibns
bien réglées, comme font prefque toutes
les Habitations des Ifles du Vent , on
deftine ordinairement quelqu'un qui eft
bien inftruit, pour faire la doftrine en
particulier aux Negres nouveaux, fans
compter que ceux chez lefquels on les a
j logez ont un foin merveilleux de les in-
; ftruire, quand ce ne feroit que pour poui
•voir dire au Curé, ou à leur Maître, que
le Negre qu'on leur a confié, eft en état
de recevoir le Baptême. Ils lui fervent
pour l'ordinaire de Parains.
Wte(î ^^ ^^ difficile de s'imaginer jufqu'où va
dfsNe- le refpe£t,l'obéïflance,lafoûmi£IîonSc
gres pour la reconnoiifance que tous les Negres ont
faraim pour leurs Parains. Les Créolles mêmes,
• c'eft-à-dire, ceux qui font nez dans le
Païs, les regardent comme leurs peres.
J'ai été furpris une infinité de fois de voir
comme ils s'acquittoient de ces devoirs.
J'avois un petit Negre, qui étoit le
Parain banal de tous les Negres, enfans
ou adultes quejs baptifois, quand ceux
qui fe prefentoient pour être Parains n'en
étoient pas capables, ou pour ne pas fça-
, voir bien leur Catechifme, ou pour n'avoir
pasfait leurs Pâques, ou parce que
j'étois informé qu'ils étoient libertins,
ou quandje,prévoyois qu'il pouYoit fur-
Tom. IL
venir quelque empêchement pour leur iCxß'
mariage , s'ils contraftoient enfemble
une affinité fpirituelle. J'étois furpris de
voir les refpefts que lui rendoient les N e - „¿y^
gres qu'il avoit tenu au Baptême. Si c'é- ptii. '
toit des enfans, les meres ne manquoient
jamais de les lui apporter aux bonnes Fê^
tes. Se fi c' étoitdes adultes, ils venoientle
voir, lui repetoient leur Catechifme Se
leurs Prieres, Se lui apportoient toûjours
quelque petit prefent.Il eft vrai qu'il m'en
coûtoit quelque chofeicar il ne manquoit
pas de meprefenterfesfilleulsiSc comme
je fçavois ce que cela fignifioitje lui donnois
quelque argent pour leur diftribuen
Il avoit une filleule qui nous appartenoir,
qui étoit une Negrefle de vingt deux i
vingt-troisans, grande, große Se forte :
elle étoit bonne SeaiTez läge, maisellè
avoit le malheur de n'avoir pas beaucoup
de memoire, ce qui fàiibit qu'elle manquoit
fouvent quand je l'interrogeois.
J'en faifois des reproches à fon parain ,
qui ne manquoit pas de la châtier. Elle
fe mettoit à genoux devant lui pour repeter
fes Prières Se fon Catechifme, Se
quand elle manquoit, il lui donnoitdes
coups de foiiet fur les épaules, dont elle
le remercioit enfuite, Se lui baifoit les
pieds J e lui demandois quelquefois pourt
quoi ellefouftroit que ce petitNegrela
battît, elle me répondoit Amplement,
c'eft mon parain.
Dès qu'un Negre a fait tenir fon enfant
à un autre, il femble qu'il lui, aie
cédé tout le droit qu'il avoit fur fon enfant}
de maniéré que quand on les veut
iMarier, il faut avant toutes chofes qu'ils
ayent le confentement de leurs parains;
les filleuls, Se les enfans des parains Se
maraines s'appellent freres, &.fouvehfi
s'aiment plus tendrement que leurs véritables
freres.
, Tous les Negres ont un grand refpe£fc, Rtfpeii
•pour les vieillards., Ils ne les appellen|
G jamais
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