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440 NOUVEAUX V O Y
^703- le Major avoit été tué avec quinze ou
feize hommes, Se les autres s'étoienc
fauvezaubord de lamer, où étoicnt
leurs chaloupes, après avoir abandonne
les vivres dont ils s'étoient chargez, &
la plus grande partie des beftiaux qu'ils
avoient pris. Le fecours les aiantjoint,
ils voulurent retourner fur leurs pas
pour regagner ce qu'ils avoienc perduj
mais aianc apperçus les 'Nègres & les
Volontaires qui s'étoient faifis des poftes
qui commandoient le chemin ou ils dévoient
paiTer ils fe rabattirent tout d'un
coup au bord de la mer, de peur d'êrrc
pris en flanc, & enqueiie, êcmarchccomme
enfuïantjufqu'à l'Anccdu
contre François, toûjours accompagnez
twrt It's de nos trois Troupes qui faifoient feu
f^n!,oU fur eux, autant de fois qu'elles en trou-
^^nHsh. l'oGcafion i ils curent encore des
• morts &des bleiîez dans cette retraite,
. & en tout on compte qu'ils perdirent
vingt-fix ou 27. hommes tuez, & des
blelîez dont on 11e fçaitpasprécifement
le nombre. Nous ne perdîmes qu'un feul
homme,& nous eûmes dix à onze bleilez.
L'imprudence de nos gens Volontaires,
& de nos Negres fut caufe que ce parti
ne fut pas entièrement défait. Tout ce
que cette courfc produifit de bon, fut
qu'on empêcha les Anglois de piller,
& de brûleries petites habitationsj elle
fut auffi laderniere aétion que nos gens
eurent avec les Anglois jufqu'à leur
départ.
L e Mardi au foir i f . Mai ils mirent
le feu à tous les logemens qui étoient
dans le For t , & aux maifons du Bourg,
depuis le Fort juiqu'à la place d'armesj
cela fit connoîcre qu'ils penfoientferieufement
à fe rembarquer, 6c que j'avois
eu raifon de confeiller de brûler le
Bourg avant de l'abandonner, puifqu'on
pouvoit juger par ce commencement,
qu'ils n'avoient pas envie de lailler au-
A G U S A U X ISLES
cune maifon fur pied : cependant comme
on étoit pleinement informe deleurfoibleiTe,
parlespertes qu'ils avoient fait,
& par les maladies qui les diminuoienc
chaque jour , les'^habitans réfolurent de
les preiTer tellëhicnt de fe rembarquer,
qu'ils n'euflent pas Ife tems de mettre
le feu au refte. Les Oificiers allèrent
trouver le Gouverneur, 6c le prièrent
d'obtenir du Lieutenant Général qu'il
leur laiiTa faire une fortie fur les ennemis,
pour les chafler. M. Auger s'y
emploia avec chaleur, 6c outre le bien
public qu'il regardoit en cela, il avoit
encore fon intérêt particulier, puifqu'rl
s'agiiToit de conferver fa maribn, qui
n'étoit pas encore brûlé; la fortie fut
donc réfoluëj M. de Bois-fermé, delà
Malmaifon ÔC du Parquet paflerent la
Rivière des Gallions le mercredi i(i.
au foir avec fept cens hommes qui devoient
fe partager en deux corps, pour
attaquer en même tems le Bourg par
deux endroits, auffi-tôt que M. deGabaret
6c Auger auroient attaqué lepoftc
de Milet. Nous étions aiîurez de les
défaire entièrement j outre qu'ils étoient
fort affoiblis, il y avoit déjà une partie
de : leurs gens embarquez} de forte
que s'ils avoient voulu foûtenir le pofte
de Milet en y envoiant du fecours, ils
ne pouvoient manquer d'être forcez dans
le Bourg, ou les Troupes du pofte de
Milet forcées 6c enlevées, fi elles n V
voient point été foûtenues.
Nous allâmes avec un grand filencs
nous pofter à la bonne portée du fufîl
de l'enceinte qu'ils avoient fait autour
du Bourg, en attendant que nos Chefs.
attaquaiTent le pofte de Milet comme
on étoit convenu, nous paiîames toute
la nuit fous les armes -, mais au liea
du fignal que nous attendions, nôtre
Lieutenant Général qui avoit changé de
deiTcin,. nous cnvoia dire au point du
jour
1703s
ti'*;!
P R A N C O I S E S D
S70ÎÎ joUf du 17. de nous retirer au Camp.
Les Anglois qui nous apperçurent,
connurent le danger oîi ils avoient été,
d'être forcés fi on les avoit attaqué, 6c
ils acheverent dès le foir de ce même jour
de mettre le feu aux maifons à mefure
qu'ils les abandonnoient, £c le lendemain
Vendredi, 18 Mai ils mirent à .la voile
un peu avant le jour: leurs barques 6c
leurs VaiiTeaux Marchands furent les
mrâtt premiers qui appareillèrent, après quoi
àts An- jjQys vîmes les Chaloupes des Vaifleaux
de Guerre qui allèrent à bord de tous ces
bâtimens prendre des homme s , pour les
aider à appareiller : parce que leurs
équipages étoient fi foibles, qu'ils ne
pouvoient pas faire les groifes manoeuvres.
Quelques-uns de nos Negres étant entrez
dans le Fort y arborèrent le pavillon
blanc, qui fut comme un fignal à
tout le monde de plier bagage, 6c de
s'en retourner chez foi. Nôtre Lieutenant
E L ' AME R I Q U E . 44^
leurs camarades, pour fe tirer de cet
embarras : cependant les autres vaiffeaux
étoient à la voile, 6c à plus de trois
lieues delà, que nos gens le tenoient
toûjours bloqué. Sur les trois heures
après midi l'Amiral revint avec toute fa
F l o t t e , 6c voiant de nos gens fur le bord
de la mer au Baillif, il y eut quelques
chaloupes qui s'approcherent de terre,
comme pour y mettre du monde : mais
elles en perdirent bien-tôt l'envie, voiant
que nos gens qui paiFoient en dedans du
Retranchement, s'étoient poftez fur le
bord de la mer, pour les recevoir à la
defcentej ce qui les obligea de continucr
Général étoit parti dès le point du
jour, pour gagner S. Mar ie, 6c fe rembarquer.
Les maifons étoient encore toutes en
feu quand nous rentrâmes dans le Bourg,
mais il étoit trop tard pour y remédier.
U n VaiiTeau Anglois de 70canons, appellé
le Chien R o u g e , qui étoit moiiillê
à l a R i v i e r e des Gallions, attendoit du
fecours pour lever les ancres, qu'il ne
pouvoit pas metti'e à bord avec le peu
de gens qui lui reftoient: il s'avifa de
r épondreavec fon canon à quelques coups
de fufil que nos gens lui tirèrent en paffant,
on s'irrita de part 6c d'autre, 6c
nos gens s'étant raifemblez jufqu'à une
centaine dans le Retranchement qui
commandoit ce-vaiiTeau, empêcherent
les chaloupes q,ui lui apportoient du monde
d'en approcher , 6c obligèrent enfin
fon foible équipage à fe renfermer entre
les ponts, en atteadaat du fecours de
leur chemin jufqu'au vaiffeau qui
étoit arrêté à la rivicre desGallions, lequel
avec ce fecours ne pût jamais appareiller,
6c fut contraint de couper fes
cables, 6c de fe laiiTer dériver au large
lorfque la nuit fut venue, 8c que le vent
de terre commença à fouffler.
C e fut ainfi que les Anglois quittèrent
la Guadeloupe, après avoir demeuré
56 jours à terre. Nous n'eûmes
17031
pendant tout ce tems-là que 1 7 hommes
tuez, Se environ 5-0 bleflez : mais leur
perte fut incomparablement plus grandej
6c quoique nous fçuffions en grosqu'eHe
étoit très -confiderable, nous ne l'aurions
jamais cru telle fans le rapport que nous
en fit un Sergent Irlandois qui fe rendit
après que les ennemis eurent mis à
la voile. Il y avoit deux jours qu'il
étoit caché avec fa femme un autre
Soldat dans une grotte de laRiviere des
Gallions, en attendant le départ des Anglois
pour paroître, faiemme fc montra
la premiere, 6c quand on l'eut aflbré
qu'il n'y avoit rien à craindre pour foa
mari, elle l'alla chercher. C'étoit un
homme d'efprit bien fait, 6c bon Ca^
tholiquej.il nous dit qu'ilavoit tenté dix
fois de deferter, mais que Ton Capitaine
qui s'en doutoit, le faifoit obferver de
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