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z f z NOUVEAUX VOYAGES AUX ISLES
1701. Goave, comme fic'étoit la même chofe, n'eft pas plus cxaft dans le refte, que dans iw
raunie quoiqu'ily aitplus defoixante lieues de ceci, il court rifque de voir fon Ouvrage
^"„^^^'-diilance d'un de ces lieux à l'autre. S'il méprifé. P^Z
dans la
fofitiaa
C H A B I T R E I X .
Vdiage de VAuteur de l'Efietre à la Cak de S. Louis. Du Commerce avec
les Efpagnols. Definition d'un Boucan.
5 A Barque dont je me fervis
pour remonter aux Ifles du
Vent, fe nommoit l'Avanturicre.
On dit monter aux
Ifles du Vent, parce que quand on part
de S. Domingue ou autres lieux qui
font à rOueft pour y aller, il faut aller
fans ceiTe contre les vents alifez, qui
foufflent toûj ours de la bande de 1 Efti
& en terme de marine Ameriquaine,
cela s'appelle monter : au lieu que quand
on part des Ifles du Vent, où autres
lieux qui font à rEl l , pour aller aux
lieux qui font à l'Oueil, on appelle cela
defcendre > parce que comme il y a bien
plus defacilité à defcendre qu'à monter, ;
il y en a auffi-bien plus a fuivre le cours ,
du vent, qu'à faire route contre fa violence.
Cette Barque étoit une excellente voi*
lierc} elleavoitété conftruiteàlaVermude,
où les Ouvriers fefont acquis à
bon droit la reputation des meilleurs
conilrudeurs du monde, pour ces fortes
àç Bâtimens. J'en ay donné k defcription
dans ma fécondé Partie. Elle étoit
conduite par un denosFlibuftiers nommé
Samfon , habile homme autant qu'on
le pouvoitfouhaiter. Le Sieur desPortes
Arfon Maloùin, qui étoit venu à la
Martinique depuis quelquetems, pour
établir un Commerce aveclesEfpagnols,
dont il fçavpit la langue, étoit dans cet-,
te Barque. Il étoit allé pour reclamer
uneautreBarqye, que les Anglois nous
avoientprife, fous prétexte qu'elle leur
avoit été enlevée pendant kQiierre précédente,
par des gens qui n'avoient point
de Commiffion. Ils avoient même procédé
contre le Maître & les Matelots des ?„.
qui la montoient, quand ils l'avoient'"•À/o
prife, & les menaçoient de les faire
pendre comme complices de ce prétendu u
vol. Le Sieur des Portes étoit arrivé à '»«rt
rems pour leur fauver la vie, maisiln'avoit
pû fauver la Barque, qui fut confifquée,
& fa charge fer vit à payer les pro--:
cedures.
Ce font des tours ordinaires des Ati?'
glois de la Jamaïque, qui ne manquent
guéres d'en faire de femblables autant de
fois qu'ils en trouvent l'occafion. Le re»
medeà cela eft d'en uferde même à.leur
égard.i G'eft l'unique, pour les mettre
à la raifon.
Nous étions chargez d'Indigo , de
quelque argent en faumons & en piaftres,
d'une partie d'or en poudre, & de pluifleurs
caifles deToiles deBretagne, qu'on
nomme PlatiUes^ de Bas de foye & de
fîl, de Chapeaux & de Merceries qui
étoient reftées d'une Carguaifon qu'on
avoit miiê dans la Barque, pour trafiquer
en paflant chez les Efpagnols. Cela
m'engage de dire un mot du Commerce
qu'on fait avec eux.
CeCommerceétoittrès-Iucratif avant Cùm^
que les François euflent trouvé le fecret
dele gâter, en portant une trop grande
quantité de marchandifes, & les donnant ¿»¡»^
àl'envilesuns des autres à vil prix. Les
Anglois & les Hollandpis ont été en cela
plusf^ges que nousj & quoiqu'ils ayenc
pour le moiqs autant d'avidité que nous,
ils
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