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1698.
belles
mer ali-,
ttz d'un
Prêlre
Idolâtre.
4z NOUVEAUX VOY A
plÛEÔt uneautrecreature pour être l'objet
de leur culte, & pour la confulter fur
les évenemens dont ils avoient en vie d'être
éclaircis. Qu'il paroiiîoit qu'il y avoit
quelque miftere dana ce choix, dont il
fouhaitoit d'avoir connoiiTance.
Ce Prêtre ne s'en fit pas beaucoup
prier. Il lui dit, que le culte qu'ils rendoient
au ferpent, n'étoit qu'un culte relatif
à l'être Souverain, dont ils étoient
les Creatures. Que ce choix n'avoit pas
été en leur difpoiîtion, nuis qu'ils s'y
étoient attachez par obéïïTance aux ordres
de leur Maître commun, qui font
toûjours fondez fur de très-bonnes raifons.
Que le Createur connoiflant parfaitement
les diipofîtions des Creatures
qui font forties de fes mains, fçavoit
trop bien qu'elle étoit la vanité ôclafuperbe
de l^homme, pour ne pas prendre
tous les moyens les plus propres pour
l'humilier -, qu'il n'en paroiiToit point de
plus efficace, que del'obligcr de ramper
devant un ferpent, qui eft le plus mépriiàble,
& le plus méchant de tous les
animaux. Que fi ce premier Eftre eût
choifî un homme pour être le dépofitaire
defes fecrets, & pour faire entendre fes
volontez aux autres hommes;cet homme
-auroit bien-tôt oublié la baíTeíre de fon
extra£lion,il auroit peut- être voulu ailer
de pair avec fon Souverain,, ou tout au
moins fe mettre au deiTus de tous les autres
hommes. Mais queeet inconvenient
& ce danger ne fe troavoient pas dans le
ferpent, dont les organes ne font point
difpofées à pouvoir produire des fentimens
d'orgueil & de rebellion contre fort
Souverain, & que l'homme n'apprenant
les volontez de ion Créateur, que par la
bouche & l'entremife d'une Creature 11
abjeéte, eft forcé de reconnoitre foa
néant, & combien il eft éloigné de lai.
moindre perfeâion de celui auquel il
am-oit la témérité de feGompaxec jS'il ne
G E S AUX ISLES
le tenoit dans un état d'humiliation con- i^g,
tinuelle.
- Le Pere Braguez qui m'a rapporté
cette converfation dont je ne donne ici
qu'une petite partie, m'a d i t , qu'il fut
charmé dès belles moralitez queceNegrelui
débita, maisqu'^après tout,ilnc
pût jamais lui rien perfuader des veritez
de notre Religion , ni lui faire naître la
moindre envie d'en être inftruit plus à
fond. Il femWe que le demon les retient .
fous fonefclavagepar les falles voluptez
où ils font fans ceiie plongez, & par cet-c^«»/te
te vie libertine-, indifférente &fenfuelle,
qui les conduit de pechez en peehez dans
des abîmes de defordres toûjours plus//n "
criminels.
Il fautauffiavoiier à la honte du nom
Chrétien, que les Européens qui vivent
parmi eux pour le Negoce, & pour conièrver
lesFortereffes qu'ils ont bâties fur
leurs terres, ne leur donnent pas une
grande eftime de nôtre Religion, parce
qu'il n'y a rien au monde de plus affreux;
que la vie qu'ils y menent. C'eft ainfi que
'en ai entendu parler tous les gens de
)ien qui y ont été. C'eft ce que j'en ai
appris pardesEcclefiaftiques & des Religieux
de differens Ordres, qui y étoient
allez, pour tâcher d'établir la foi dans
ces quartiers-là, qui tous m'ont aflûré,,
qu'un des plus grands obftacles qu'ils
ayent trouvé à la réiiiîîte de leur pieux
deffein, étoit le libertinage des Chrétiens
qui y font, & lesfcandalesqu'ils y
donnent. Il ne faut pas croire que ce que
je dis ici ,, ne regarde que les Anglois,
Hallandois, ou autres Peuples feparez,
de l'Eglife Catholique. Les Catholiques
qu'onappelbe Romains, n'bntrienà i-eprocher
aux autres fur cet article, quoiqu'ils
ayent infiniment à fe reprocher à
eux-mêmes , que leur mauvaife conduite
foit peut-être l'unique cauièdela
perte de toutes ces ames.
F R A N C O I S E S DE L'AMERIQ.UE. 43
Í698, Te pourrois rapporter ici ce qui s'eft de Cavalerie, afin de le rendre parfait
afle a l'égard de quelques-uns de nos dans la fcience des armes, comme il lui
. 1- cVrn-i-nnvpra avoit donné moyen de le devenir dans
les autres. Enfin la Compagnie de Guinée
ayant donné avis au Roi, que le Peu-
Reiigieux^mais l'cccafion s'en trouvera
dans quelqu'autre endroit.
Pniirrpnui eft des naturels du pais, il
commettre toutes fortes de crimes, ne les pé pendant fonabfence. Sa Majeite ut
rend guéres propres à embrniler uneRe- permit de retourner dans fes Etats. Elle
lisioxadont la juftice, la mortification, voulut bien qu'il fignalât la piete dans
l'humilité, la continence, la fuite des laquelle on l'avoit élevé depuis tantd'anl
i c i t vrai, qu US ic cuiivcii-iin."!-aiii-- ^lauw»
ment quand ils font hors de leur païs, 6c .ment,fût pofédansl'Eglife Notre-Da
qu'ils perfeverent dans le Chriftianifme, me à Paris, comme un monument de fa
tant qu'ils le voyent pratiquer à leurs foi & de fa devotion. Elle lui donna deux
yeux, par ceux avec qui ils vivent, & . Vaiffeaux de Guerre pour le conduire
qu'ils ne voyent pas de fûreté à s'écarter chez lui, avec un fuperbe Equipage,
delà Religion qu'ils ont embrafféci mais des Officiers, des Meubles, des Proviil
eft vrai auffi que dès que ces motifs fions, & generalement tout ce quipoune
'Niturû
des Nègres
les retiennent plus, ils ne fongent non voit contribuer à faire refpefter ce nouplus
aux promeffes qu'ils ont fait à
Baptême, aux obligations qu'ils ont «
CJ"
leurs
diffofitians
fur la
Religion
X impunité qu . c n.'i •
i leur
:contraftées,
aux lumieres convainquantes rité du proverbe qui dit, que l'Ethioqu'ils
ont reçues, que fi tout cela ne s'é- pien ne change point de peau quoiqu'on
toit paffé qu'en fonge. Demaiiiere que le lave. A peine eût-il_niis piedi terre,
s'ils retournoient dans leur pais, ils fe dépoiiilleroient
du nom de Chrétien auffi
facilement , que de l'habit Européen
dont ils fe trouveroient revêtus en y arrivant.
On a veuun exemple fameux de cette
vérité dans Aniaba fils d'un Roi de Ju-
Jiiftotrt
duPrinceAniaia.
entretenu avec fa magnificence ordinaire
au College,àl'Academie, ôc l'avoitfait
fervir dans fes Armées comme Capitaine
veau Roi.
Mais la fuite fit bien connoître la vequ'il
quitta les habits François dont il
étoit vêtu, il fe mit tout nud comme les
autres Nègres, avec une fimpie pagne
autour des reins, & fe dépoùi la en même
tems des fentiaens de Chrétien, &
d'honnête homme qu'on lui infpiroit
depuis tant d'années. Il oublia lesoblida.
La Compagnie de Guinée l'avoit gâtions de fon Baptême, & ne fongea
amené en France, Scl'avoit prefenté au ; plus à faire aucun aéte de fa Religion,
Roi, qui l'avoit fait inftruire dans la R e - il prit cinq ou fix femmes idolâtres, avec
ligion, & dans tous les exercices convc- lefquelles il s'abandonna à tous les excès
nables à un homme de fa qualité. Il lui les plus honteux j & pour couronner
avoit fait l'honneur de le tenir au Baptê- fon apoftafie par un crime prefque auffi
me,&deluidonner fon nom. Il l'avoit grand, il eut la lâcheté 6c l'ingratitude
de faire tous, fes éforts pour exciter un
foûlevement contre les François, en faveur
des HollandoisScdesAnglois, qui
F z voyoient