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•garnie, 6c de la placer^dans un autre cn-
•drôit, fans'Changer un peu la fituatiôn
ou la direûion de «quelques unes de fes
parties, ce qui fuffifoit pour l'cmpêcher
-de reprendre, & de produire un belle
-Hfbre.
J'ai eu ofecafion plus d'une fois de
tne convaincre par ma propre expérience
de cette vérité, Se de voir que
des^atbres ainfi tranfplantez, mouroient
malgré toutes les précautionsque j'avois
prifès, pour mettre la racine en terre
fans la comprimer ni la forcer le moins
^ du monde. J'en eft fait déchauflèrpluiîeurs,
6c j'ai toujours trouve que la
racine étoit recourbée au lieu d'être perpendiculaire
comme elle doit être j de
maniere que le feul expédient qu'il y a
à prendre pour remplir lesvuides d'une
Cacaotiere, eft de planter des amandes
au lieu où les arbres ont manqué, foit
que les amandes n'aient pas levé, foit
quelatige aitétérompuëou mangée par
des infeéles.
L a delicateiTe extraordinaire du Cacaotier
oblige de prendre de grandes précautions,
afin qu'il ne foit pas brûlé par
le foleil. Les lizieres dont j'ai parlé cidevant
ne le peuvent garentir que du
vent, le foleil lui éft auffi pernicieux
fur tout dans le commencement -, c'eft
pourquoi on ne manque jamais déplanter
du Manioc en même temps qu'on
met les amandes en terre. Onavû dans
k premiere partie ce que c'eft que cet
Arbriflcau, il eft inutile de le repeter
Maniere rangées de foifes de
de cou- Manioc dans toutes les allées, de maniere
qu'ellesfont éloignées des piquets d'environ
un pied ôc demi, outre l'avantage
qu'on en retire en préfervant les jeunes
arbres de la trop brûlante ardeur du foleil
, on emploie utilement le terrain par
un arbriiTeau fi necelfaire qu'on ne s'en
peut jamais pafler, ni en avoir jamais
trop, 6c on empêche les mauvaifcs herbes
vnr les
tunes
Cacaïf
tUrs,
A G E S AUX IS L E S
:de croîtrege de gâter la Cacaotiere; car
'il faut être d'une exaditude infinie à far-
¡cler & à la tenir propre, rien n'étant fi
^contraire à ces fortes d'arbres que les mauvaifes
herbes, qui ne manquent jamais de
croître dans les terres neuves, qui en confomment
tout le fuc6c la graîfle, 6c qui
y produiferit une infinité de gros vers,
de loches, demillepieds, de criquets 6c
autres infeéles, qui s'attachent d'abord
au Cacaotier, mangent fes feiiillcs, coupent
le bourjeon, 6c le font mourir en
très-peu de jours.
On eft obligé de farder fans ceiîê,
jufqu'à ce que le Manioc étant devenu
grand, couvre entiérement'la terre, 8c
empêche ainfi les mauvaifes herbes de
poufler.
On arrache le Manioc au bout de
douze ou quinze mois} c'eft à peu près
le temps qu'il lui faut pour avoir fa
groiTeurSc fa maturité ielon fon efpecej
6c fur le champ on en plante d'autres,
maisenmoindre quantité, c'eft-à-dire,
qu'on ne met qu'un rang de foifes au
milieu des allées $ 6c pour avoir moins
de pein« à tenir la terre nette, on plante
entre le Manioc 6c les Cacaotiers, des
Melons d'eau, ou des Melons ordinaires,
des Concombres, desGiraumons,
des ignames ou des Patates, parceque les
feuilles de ces plantes couvrant la terre,
l'empêchent de produire de mauvaifcs
herbes, 1* tiennent fraîche fans nuire au
Cacaotier, 6c fourniflent des chofes trèsutiles
à une habitation.
Ilyadeshabitans qui plantent le Manioc
un mois avant de p anter le Cacao,
Je les ai imité, quand j'ai euoccafionde
le faire, 6c je m'en fuis bien trouvé, parce
que ce mois d'avance que le Manioc
avoit fur le Cacao, lui donnoit lieu d'être
en état de le couvrir, 6c de le défendre
par fon ombre des ardeurs du foleil,
dès qu'il fortoit de terre, 6cànioi
le temps de farder les premieres herbes
que
F R A N C O I S E S DE L 'AMERIQUE. îf9
que la terre produifoit, ce qui n'étoit groffit àproportiondelafraîcheur 6c du
en te
ifieurs<
re qu'elle pouife en même temps par ^ -
les deux bouts i cdui qui eft le plus onenlaifie qudques-unes, & lorfqu il
gros rompt la pellicule dont l'amande a quatre ans on n'y touche plus, parcc
f f t couverte, & le petit piftille poufle qu'il eft aflçz fort pour porter du frui^
en terre, 6c fait la groife radnej l'au- fans que cela l'empeche de croître, 6c
: f : ï ni bout fait l'arb?e. 6c fort de terre de fç fortifier; il augmente en croiiîant
Umon- de cette même pdlicule, comme le nombre de fes fleurs, 6c la beaute de
unboutonquien s'épanoiiiifant achevé fonfruitquidevientplusgros, çlusremdelarompre,
6clafaiitomber.auandce pli, 6c de mdlleure quahte, a mefure
bouton cLout-à-faitéclos,onvoitqu'il qu'ilgroffiten vielliflantouqu il trouve
nerenfermoit que deux feuilles plilTées
8c engagées l'une dans l'autre d'une maniéré
admirable, d'une couleur de chair
vive, tendres 6c delicates au delà de l'imaaination.
un m'eilleur fond, 6c une nourriture
plus abondante.
S'il n'arrivoit point d'accidens aux ACÙ-
Cacaotiers, il eft certain qu'à fix ans'¿«».M«^
aeination.
ils feroient dans l"e ur, force »6 c ra'ppo• rte- "»xi^a-
Quinze ou vingt jours après qu'il eft roient des fruits tres-beaux 6c en quanti- entiers.
forti de terre, il a dnq à fix poûces de té j mais ils font fujets à tant de difgrahauteur,
6c quatre ou fix feiiilles -, elles ces, qu'on regarde comme une efpece de
it toûjours couplées, 6c s'éten- miracle, lorfqu'jls arrivent a cet age lan%
viennent .-..j ,
dent fort également 1 ^ autour — de A^ leur
i»,,- avoir rien éprouvé de fâcheux.
centre commun , qui eft toûjours un
Les accidens les plus ordinaires qui
bouton, audeflbus duquel elles fortent
leur arrivent font la chute des arbres
àU mlliecfiuirle^ que l1e1 . tronc s"' éleve. A dix qu'on -J a eu l'imprudence 1 — de laiifer trop
».
ou douze mois, l'arbre à près de deux proche d'eux, qui par leur pelanteur
pieds de hauteur, 6c douze, quatorze, rompent les branches de ces arbres dejufqu'àfeize
feiiilles. A vingt ou vingt- licats, 6c fouventles écrafent entierequatre
mois, il arrive à la hauteur de ment. En fécond lieu les tempêtes 6c les
trois pieds 6c demi, 6c fouvent de qua- coups de vent furieux qu'on appelle
tre, 6c pour lors ce bouton qui avoit ouragans leur font encore plus funeftes..
toûjours paru au centre des deux der- Car fi les lizieres dont ils font counieres
feiiilles, s'ouvre 6c fe partage verts viennent à être arrachées ou bricn
cinq branches, rarement en fix, 6c fées par la violence des vents, les Caamais
en fept. On coupe la fixiéme 6c caotiers font bien-tôt dépouillez de leurs
' a feptiéme branche, parce qu'elles gâte- feiiilles, brifez, renverfez, déracinez,
roient la divifion ordinaire des branches ou entièrement arrachez. J'ai été témoin
de cet arbre, qui fait une partie de fa plus d'une fois de femblablesdéfolations,
beauté. Pour lors les feiiilles ceiFent de rien n'eft plus trifte, ni plus affreux.
venir furie tronc, elles croiflent fur les
Si les arbres font arrachez, 6c que la
branches maîtreifes, qui ens'élevant 6c
maîtrefle racine foit tout-à-fait hors de
groifiifant, en produifent d'autres plus
terre, il eft inutile de penfer à les replanter,
petites, pendant que le tronc croît 6c
c'eft uo travail perdu, ils ne
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