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5 ^ 4 n o u v e a u x v o y a g e s A U X ISLES
neriii^f?;- " ^ t-"«" froid , & quel-
A n r ï n f n ' J^ ¿ e f p e a e les ques-uns d'eux ont pouiTé Uchofe fi Ion,
M o n ^ r ^ J ^î P^'^r qu'ils ont dit que c'étoit une cfpcce de
Monfieurdc C a i ] u s , q u i c n a e c n t l e d e r - poifon fi froid , qui ftifoit tomber en
mer une eft>me toute particulière. Je ptifie ceux qui ^ n V e S a v e c exeeV
voudrons les accorder mais la chofe ne Îbr ce principe ils^ont raifo^de S er
me paroit pas praticable. ColmencerSc avec le Cacao une quantité confide i
Ï L d i S " / EfpagnolsMedecins&au- -ble de canellc, de lucre, de chill ou
^es dirent tous que le Cacao eft froid piment, ou de graines de bois' d'Inde,
L ' Callus avec quel- de clouds de gcrofîe,d'ambre demufque
qucs Medecms nouveaux, dit qu',1 eft & fur tout de vanille, ingrédiens très- 3 --•¡^.».«.»-iw
cliauds, comme tout le monde en convient:
car de prendre une chofe trèsfroide
fans ces puiflans correftifs , fe
feroi t s'expofer à de grands inconveniens,
& peut-être à une Les
. A 11 £>«1 T7 i ' - t_ • «
tempere, qui detouscesautheursaraifon?
On en jugera fur ce que je vais
dire. On ne peut pas difconvenir que le
Cacao ne ioit huileux & amer ; or
c h Z r ^ ^ l ' " ^ huileux ôcamer eft ^ u»c mort prématurée. l.es
chaud 6. d autant plus chaud qu'il eft Autheurs Efpagnols qui nous ont donné
m ? . . & Selon Mr. le plus exafteml.t la compofition du
t n.ri'i'. «i^^rcntquele Cacao éuTt
c . . . . , on puiile tirer plus d'huile que du Ca- mêlé avec ces drogues , compofe un
faj 5 3. cao, ni qui foit d une plus grande amer- tout extrêmement tempcré. Leur raitume}
donc,ftlon MonfieurdeCailus, .fonnement me paroît bon^ & fuivant
" - I l n y apointde fruit quifoit plus chaud; leur principe , il eft bien fuivi &
comment donc le fera-t-il temperé.? très-vrai.
fera-ce en y mêlant du fucre, delà ca- L'Autheurdel'Hiftoire Naturelle du .
nelle un peu de gerofle & d'eiTence Cacao prouve la bonté du d S par
dambrci mais toutes ces drogues font la conformation prodigieufe qui s'en
tres-chaudes,&quoi quelles ne doivent fait dans toute l'Ameiique, foit chez les
entrer dans la compofition du Chocolat Efpagnols, les Portugais, Scies Indiens;
qu en petite quantité, n'cft-.l pasvifi- foit chez les François, les Anglois Sc
ble que la cha eur qu'elles renferment, les autres Européens établis dans ces
étant jointe a la chaleur moderee du Ca- païs-là. Ilpourroit ajoûter, fans crain-
Câo, doit faire un compofe très-chaud, dre de fe tromper, que cette confom-
Je croi qu'un autre que Monfieur de mationn'eftpasmoindredansl'Efpaane
Cailus auroit de la peine à fe tirer de le Portugal, & l'Italie, qu'on L^'ufè
cet embarras} mais comme il a del'ef- encore beaucoup en Angleterre & dans
prit infimment, .1 ne manquera pas de tout le Nord; & que fans le prix exnous
développer dans fa reponfe es rai- ceffif où il a été jufqu'à pre^fent en
fons quil a eu de prendre ce parti; France, l'ufage s'y en feroit établiauiTi
iic ie fera un eclairciflement nouveau fortement que celui du Tabac • ôc il
que J ' a u r a i procuré au public, & dont afilire enfuite que de tous ces peuples
il m aura telle obligation qu'il jugera fi différens,quien ufentfansdiftinftion
" " ^ r ^ p r , . a-r . 2c très-fouvent fans
Les Efpagnols juft.fient aifement la regie & fans moderation , pas un ne
pratique univerfelle qu'ils ont de mêler s'eft encore plaint d'en avoir reçû la
avec le Cacao quanute d'ingrédiens fort moindre incommodité, qu'ils ont éprouve
F R A N C O I S E S
D E L'AMERIQ^UE.
au contraire, qu'ilétanchelafoif, qu'il
rafraîchit, qu'il engràifle, qu'il répare
dans un inftant les forces perdues ou
abbatuës par le travail, qu'il fortifie,
qu'il procure un doux fommeil, qu'il
aide à la digeftion, qu'il adoucit, & qu'il
purifie le fang; en un mot , qu'il con-
plûtôt, ôc plus cher.
Il n'eft pas furprenant que les Efpagnols
tiennent le même langage ; tout
le monde fçait que leur vanité naturello
ne leur permet pas d'eftimer quoi que
ce foit qui n'eft pas Efpagnol ; & d'ailleurs
doivent-ils eftimer 8cloiier le Caferve
la fanté^ & qu'il prolonge la vie. cao des Mes qu'ilsconnoiflent aifez peu.
Je conviens de tout cela avec lui, rien & préjudicier ainfî à celui qui croît fur
n'eft plus vrai : mais il faut auffi qu'il leurs terres.
convienne avec moi, que tous ces peu- Je conviens que le Cacao de Caraquc
)Ies, à l'exception des François des croilTant dans des terres bafles, humifies,
prennent le chocolat accommodé des, plus grafles, & plus profond es que
à la manière Efpagnole, Si donc le Ca- les nôtres, 6c les arbres qui le portent
cao accommodé à la manière Efpagnole, étant plus vieux, plus gros, & mieux
c'eft-à-dire, mêlé avec tant d'ingrédiens nourris que ceux de nos Ifles, il doit être
fi chauds, eft encore temperé (car il faut auffi plus gros, & les arbres en porter
qu'il le foit pour produire tous ces bons
une plus grande quantité. Je conviens
effets) ne doi t - o n pas conclure, que de
encore que les amandes contiendront
lui-même il n'eft pas temperé , mais
plus d'huile, cela eft très-naturel, elles
froid, paifqu'il a befoin de tant de cha- font plusgrofies ; peut-être mêmequ'elleur
étrangère pour être rendu temperé,
ou que malgré tant de chofes chaudes
auxquelles on le joint, il eft encore temperé.
Le publicportera là-deilus fon jugement,
voilà l'affaire inftruite, on me
difpenfera de dire ce que j'en penfe; car
il y a de part 6c d'autre des raifons qui
les conferveront leur huile plus longtems,
parce que leur volume es foûtiendra
plus aifément contre la fecherciTe.
C'eft accorder beaucoup, & convenir
peut-être de trop de chofes ; mais je ne
conviendrai jamais qu'il y ait plus de fubftancenourriifante,
plus d'huile, plusdc
vertu dans une livre deCacao deCaraque,
m'empêchent de me déterminer pour que dans une livre de Cacao des Ifles ,
l'un ou l'autre partie, & d'ailleurs je ref- quand on les fuppofera tous deux dans
pe£i:etrop Monlîeur de Cailus pour con- le même degré de fraîcheur ou de fechcclure
contre lui.
Bien des gens prétendent que leCacao
deCaraque, ou pour parler plus jufte,
tout celui de la nouvelle Efpagne,& tout
celui qui vient depuis Cartagene jufqu'à
Comana, eft meil eur que celui des Ifles.
reiTe.
D'ailleurs que nous importe que nôtre
Cacao conferve fon huile moins de
tems que celui de Caraque ; puifque
nous le pouvons avoir tous les jours,
frais, & , pour ainfidire, àlafortie de
La prévention a plus de part dans cette l'arbre, au lieu que celui de Caraque
opinion que la vérité. On croit avec —i
fondement que ce font lesHollandois qui
l'ont fait naître, parce que commerçant
beaucoup fur cette côte, dont ils enlevent
prefque tout le Cacao, ils ont intérêt
d'en vanter la bonté, afin de le vendre
rm. IL
a fouvent traîné plufieurs années dans
les magafins d'Hollande ôcdeCadis, où
aiTûrément on y a eu du tems de refte
pour le fecher, & laiiTer évaporer ion
huile, qui eft la principale partie de fa
bonté.
A a a Ce
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