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116 NOUVEAUX VOYAGES AUX ISLES
ijmo. dans ces pierres, mais feulement à leur douleur, en les appliquant fur ladent,
figure qui eft très-propre pour fuivrele ou les dents qui caufent de la douleur,
mouvementde l'oeil, 6c chairer les corps après les avoir broyées d'une maniéré
étrangers qu'elles rencontrent dans leur que le fuc qu'elles renferment forte facichemin.
lement , &ferépandefurla dent,6cfur
J'emportai auflî avec moi quelques la gencive. Il faut qu'elles foient d'une
racines pour les dents. Elles étoient pe- autre efpece que ce les que le Pere du
tites, un peu noueù fes, grifesparledef- Tertre a décrites dans fa fécondé Partie:
fus, 6c brunes par le dedans, aiTez plei- car celles-ci ne caufent point d'engournes
de fuc lorfqu'elles font recemment dilTement qu'on doive regarder comme
tirées de terre, d'une odeur agreable à dangereux. Je n'ai point vû la plante
peu près comme la violette , 6c d'un entiere, parce que je ne me fouvins d'en
R4cms goût approchant de celui delà regliife, envoyer chercher que dans le moment
poHries maisp usaftringent. Il eft certain qu'el- qu'il falloit s'embarquer, 6c on ne m'aples
appaifent prefque fur le champ la porta fimplement que les racines.
C H A P I T R E XVIII.
V Auteur arrive À la Guadeloupe. Monfieur le Chevalier Reynau à- Mon-
Jîeur de la Boulaye vifitent les IJles par ordre de la Cour. Projet pur
fortifier la Guadeloupe.
^Ous arrivâmes le Vendredy
2p. J a n v i e r à l aRa d e du Baillif
fur les dix heures du matin.
Le Pere François Imbert qui
ctoit depuis iîx ou fept femaines Supérieur
de cette Miffion, vint me recevoir
au bord delamer. Après les complimens
ordinaires,il.pria à dîner ceux qui étoici^t
venus avec moi', 8c après dîné nous allâmes
enfemble à la Bafleterre faluer Monfieur
Auger Gouverneur de l'IAe, Monfieur
de laMalmaifon Lieutenant de Roi ,
les quatre Communautez Religieufes ,
c'eft-à-dire, les Carmes, les Jefuites, les
Capucins, 6c les Religieux delà Charit
é , 6c quelques autres perlbnnes.
J e commençai dès le lendemain à
prendre connoiflance des aiFaires denô-
.treMaifon, du moins autant que ladélicatelîè
de ce nouveau Supérieur le pouvoir
permettre : car c'étoit un homme
extraordinaire, 6c toûjours en garde,
pour empêcher qu'on ne donnât quelque -
atteinte à fon autorité. Je vis bien que
nous nous brouillerions, finousdemeuÍ
7 Q 0 .
F R A N C O I S E S DE L'AMERIQ^UE, it j
la Grenade, 6c la Martinique. Ils de- plus d'Habitansqui en auraient ^man- i7o®i
Projit
d'une
nie ^
forte à
la Guailelou^
e.]
rions enfemble, c'eft pourquoi je lui
propofai de faire valoir en même tems
nos deux Habitations, où par unetrèsmauvaife
conduite, on ne taifoit du Sucre
que l'une après l'autre, ce qui ruinoic
abfo ument nos affaires. J e ui fis un
projet qu'il agréa. Nous partageâmes
les Efclaves & les Beftiaux, 6c je me
chargeai du foin de l'Habitation 6c de la
Sucrerie que nous avions à unelieiie du
bord de la mer, dans un endroit appellé
leMarigot, 6cluifechargeade cellequi
étoit au bord de la mer. Je prisaufli les
Livres, parce qu'étant comptable c'étoit
à moi à les tenir, de cette manière
nousveçûmes avec beaucoup de paix 6c
d'union, 6c nos biens produifirent un
revenu bien plus confidcrable qu'ils n'avoicnt
jamais fait.
Monfieur le Chevalier Reynau Inge- M
nieur general de la Marine, 6c Monfieurde
laBouIaye InfpeÊtcur^arnvcrein-^*'^
â la Guadeloupe dans le VaiiTeau du Roi c/if
le Cheval Marin, verslafin du nioisde ifurii
Mars. Ils avoient déjà vifité Cayenne,
la
tnpt
itl'Ati -
tm.
voient auflî voir Saint Chriftople, 6c
les divers Qiiartiers où les François font
établis à Saint Domingue.
Monfieur Reynau vifita lespoftesque
Monfieur Auger avoir réfolu de fortifier,
quand je fis le tour del'Ifle avec lui en
1695. il examina les Mémoires 6c les
Plans quej'avois fait pour tous ces Ouvrages,
6c les approuva Comme il avoit
ordrede la Cour de faire l'enceinte d'une
Ville, il traça les Fortifications qui dévoient
renfermer une partie du Bourg
de la Bafleterre pour la joindre avec le
F o r t , laiflant le Bourg Saint François
tout ouvertcommeun Faubourg. Je fus
toujours avec lui à la vifite du terrain ,
6c quand on planta les piquets de l'enceinte
projettée.La difficulté qui fe trouvoit
en cette entreprife, 6c quin'étoic
pas petite, étoitd'avoir les fonds neceffaires
pour cette dépenfe. Je propofai à
ces Meilleurs un expedient qu'ils goûtèrent
for t , 6c qui devoit être du goût de
la C o u r , puifqu'il donnoit le moyen de
faire tous ces Ouvrages fans qu'il en coûtât
rien au Roi > 6c pour épargner la dépenfe
d'un Ingénieur, je leurs promis de
me charger, fans aucun intérêt, del'execution
du projet. Ces Meifieurs ne
doutoient point que la Cour ne l'approuvât;
maisona eu d'autres affaires qui ont
fait oublier celle-ci. Voilà le projet.
Je ne demandoisau Roi qu'une avance
de cinq cent Negres, que la Colonie
s'obligeroit de lui payer dans fix ans fur
le pied qu'ils auroient coûté au Roi rendus
aux Ifies. •
J e fuppofois de perdre un tiers de ces
Negres par les maladies aufquelles ils
font fujets, foit à caufedu changement
de climat, foie à caufe des travaux auf- '
.quels ils ne f<inr point accoûcumtz. Je
coniptois d'en Ir-iier uncitxs aux Hùbidé,
qu'il n'y auroit eu de Negres à loiier,
6c le loiiage de ces Negres auroit fervi
à la nourriture 6c entretien de l'autre
tiers, qui auroit été occupé aux travaux
de la Fortification.
Outre cela on auroit obligé tous les
Vaiffeaux 6c Barques qui auroient char- •
gé à la Guadeloupe, de fournir une ou
deux barquees de roches à chaux aveclc
bois neceflaire pour la cuire.
Enfin pour le payement des Maçons
8c autres Ouvriersnecefi^aires, on auroit
levé en argent fur les Habitans l'équivalant
des corvées qu'ils auroient été
obligez dCifairepour ce travail, ouune
fomme par tête de Negrefansexemption
de perfonne.
Il eft aifé de répondre aux objections
que l'on pourroit faire fur ce projet ; j' y
avois r épondu, 6c on avoit paru content
de mes réponfes.
Lorfque le travail auroit été achevé,
on auroit vendu les Negres qui feroienc
reftez, 6c il cft certam, que quand il
n'en feroit refté que la moitié, le prix
qu'on en auroit tiré auroit excedé ce que
l'on auroit eu à payer au Roi pour l'avance
qu'il auroit fait.
Ces Mefiîeurs témoignèrent m'être
obligez de cette ouverture, 6cm'affûrerent
que la Cour recevroit agréablement
la propofition 8c l'offre que je faifois.
Ils vinrent déjeûner chez-nous, 6c furent
fort contens d'un prefent de moutons
6c de volailles que nous leur envoyâmes
quand ils lurent à la voile.
MonfieurReynau ufoit beaucoup d'eau
chaude, 6c à fon exempleplufieurs perfonnes
de la Guadeloupe commencèrent
d'en prendre. Onmeprefla tant qu'à la
fin je voulus voir l'effet qu'elle produiroitfur
moi. J'en pris donc, maiscom»
me je ne fuis accoutumé de manger feul,.
toisj iX il eílíílr q,u'on aiuoit Dcuvé encore moins de boire jj'obligeois le
jeune
lífiltir»';!]
: I •