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rouge très-vif, dont la couleur paroît au
travers de fon corps, & c'ellce qui donne
XUntire
d'extraire
la
teinture
ile Pourpre.
IO NOUVEAUX VOYAGES AUX ISLES
la couleur à l'écume qu'il jette quand
il efl; pris qui eft d'abord d'un violet tirant
fur le bleu. Pour obliger ces animaux à
jctter une plus grande quantité d'écume,
il n'y a qu'à les mettre dans un plat, les
agiter & les battre les uns contre les autres
Li,vine a
[srig, o"
fon effet.
avec la main, ou avec des verges:
dans un moment ils rempliiTent & couvrent
le plat de leur écumcilaquelle étant
reçûë fur un linge, y fait d'abord une tache
bleuâtre, qui fe change en rouge de
pourpre, à mefure qu'elle fefeche. L e fecret
qu'on a perdu, & qu'on n'a pas retrouvé
jufqu'à prefent, eft de fixer &: de
cuire cette couleur j car lorfqu'elle n'eft
pas cuite, elle diminue peu à peu, 6c fe
diffipe prefqu'entièrement , à mefure
qu'on lave le linge qui en a été teint.
L'autre couleur rouge dont étoit teinte
la fécondé toile, que je lui fis voi r , venoit
d'une lianne qu'on appelle lianne à
fang. Lafeiiille de cette lianne eft prefque
de la même figure, de la même épaiffeur,
force & coloris que celle du lierre.
Son écorce eft fort brune,épaiiTe & fpongicufe
comme du liege. Le bois & i'écorce
ont pour l'ordinaire trois à quatre
pouces de diametre. Elle eftfortfouple,
de couleur brune lorfqu'elle eft fechej
mais quand on la coupe fur pied, elle paroît
toute rouge, à caufe d'une liqueur
épaifle comme du fang de boeuf, & de
kmême couleur, dont elle eft remplie.
Les toiles que l'on y trempe deviennent
d'un beau rouge, mais elles fe décharf
ent facilement en les lavant. J'ai fait
oiiillir cette liqueur après y avoir fait
diflbudre de l'alun, 8c j'y ai fait tremper
de la toile, & des étoffes de laine & de
cotton. La couleur qu'elles prenoient
étoit plus vive & plus belle. Après les
avoir fait mettre à la leffive & favonner
cinq ou fix fois, elle fe déchargeoient
peu, 6c ne teignaient point les autres
toiles. Les étofes de laine 6c de cotton ifiyv^
réiifliiToient encore mieux.
Quoiquej'euflerefolu denepascommimiquercefecret
au Pere Minime, je
me rendis enfin aux prieres qu'il m'en fit.
Je le menai dans le bois, & lui montrai
cette lianne, 6c une autre qui pouvoir
lui être d'une très-grande utilité, à lui
qui pafl'oit quelquefois les journées entières
à parcourir les bois & les montagnes.
On s'en fert pour fé défalterer lorf- Lianm
qu'on fe trouve dans des lieux où il n'y àËau.
an'yruifleaux, n'ybalifiers. Cettederniere
lianne a lafeiiille aiTez petite, tendre,
mince, douce, 6c d'un beau verd.Son
bois eft ordinairement de deux pouces
dç diametre, on en trouve mêmedcplus
gros, il eft flexible, liant, fpongieuxôc
pefant quand il eft fur pied. Son écorce
eftgrife 8c aiTez mince. Elle s'appuyej
comme toutes les autres liannes, contre
les arbres, & s'y attache par fes filets, 8c
s'en fert pour s'élever, 6c quand elle eft
arrivée au fommet, ne trouvant plus rien
pourfefoûtenir, 6c ne ceiTantpas pour
cela de croître, fon poids la fait pencher
6c fe replier vers la terre, où el e arrive
en croilTant toûjours. Dès qu'elle la touche
, elle prend racine, 6c poufle des têtes
qui s'attachent à tout ce qu'elles rencontrent,
6cfouventà la tige qui les a produit,
6cfecordonnent avec elle comme
les tourillons d'un gros cable.
Lorfqu'enfe trouve dans lebefoinde Maniert
boire, &qu' on rencontre de ces liannes,
ce qui n'eft pas difficile : car il y en a
quantité dans tous les bois, on en coupe •
une environ à un pied de terre, puis on
accommode fon chapeau deiTous ou bien
une feiiillede cachibou ou autre chofe,
8c on donne un coup de couteau a la même
lianne quatre ou cinq pieds plus haut '
quela coupure, afin de donner lieu à l'air
de s'introduire, 6f d'agir fur l'eau contenue
dans lalianne , ôe on la voit auiïï-tôï
couler
£697.
F R A N C O I S E S DE L 'AMERIQUE. n
couler par la coupure d'embas. J'aiex- autrelknne beaucoup moinsgrofie que
S m e î t é p I u s d ' L f o i s , qu'il yavoit les précédentes: fonecorceeftgnfe, 8^
ï l u d ' l e W d'eau, dans unmor- onlaprendroitpour la lianne gnfe dont
?eÏÏdeliannedecinqpiedsdelong.Cet- j'ay déjà parlé fi elle n etoit beaucoup
t e e a u eft très-clairer&très-fain?,iln'y plus mol e , & fes femlles plus longues
Tpointd'eaude pluye ou de fontaine qui 6cplusmouelleufes. Ses fibres font rem-
Sapprochepourla^onté,maiscequ'el- plies d'une liqueur jaune, aflez epaiiTe,
le a d^dmirable, c'eft qu'en quelque ex- & aflèz abondante, qui teint en beau jaupofitÎon
que foit la lianne, c'eft-à-dire, ne, lestoiles qu'on en imbibe. Le dedu'ellefoit
auSoleilouàl'ombre,qu'on faut de cette teinture eft deperdrepre^
fa coupe le iour ou la nuit, elle eft toû- que toute fa beaute au blanchiflage, ôc
jours extrêiement fraîche. quoique la toile ou le drap qui en a etc
Te croi avoir déjà dit comment on tire une fois temt demeure toujours colore ,
de l'eau du balifier, c'eft pourquoi je ne il s'en faut néanmoins beaucoup quU
le répéterai pas davantage. conferve la même vivacité.
J e fis voir encore au Pere Minime une
C H A P I T R E IL
De la Cochenille, des Pommes de Raquettes. Ve la Lianne gercée.
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iN trouve par toutes les Ifles où
' il y a des Acacias un petit infeéte
qui y prend naiflance, 6c
quife nourrit dufruit des Raquettes.
O n l'appelle Cochenille.Jfe ferai
part auLe£teur des remarques que j'ai faites
fur cet infede, après que j'aurai décrit
la plante 6c le fruit dont il fe nourrit.
Les Anglois appellent Poirier piquant
ce que nous appelions Raquettes aux
nies, on pourroit ce me femble, l'appel-
1èr figuier piquant, puifque le fruit qu'il
porte a beaucoup de rapport à la figue
ordinaire. Cependant je croi qu'ils ont
raifon, 6c que nous n'avons pas tort : car
fi le fruit reiTemble un peu à une poire,
comme ils le prétendent, il faut convenir
que la feuille a aiTez la figure d'une
Raquette, 6c le fruit celle d'une figue,
mais garnies de fi fortes épines, que rien
au monde n'eft plus piquant.
Cette plante ne vient bien que dans les
. , terres fablonneufes, 6c dans es endroits
R^ue't ^ arides.C'eft dans ces lieux là qu'elle
profite à merveille. Il n'y a qu'à enterrer
à moitié, une de fes fetiflles ou pat- •
Terrain
propre
pour les
tes , comme on dit aux Mes, pour qu'elle
prenne racine,8c qu'elle produife beaucoup
en peu de tems. Elle reflemble à
un ovale un peu allongé d'un de ces bouts,
à peu près comme nous voyons les R a -
quettes i quand cette patte eft dans fa
grandeur naturelle, 6c fa fouche dans unterrain
qui lui convient, elle a depuis
feptjufqu'àneufpouces de longueur, fur
trois ou quatre pouces de largeur, 6e neuf
àdixlignes d'épaifleur. La peau eft vert
e , mince, 6c licé aux endroits qui ne quette.
font pas chargez d'épines. La chair eft
blanchâtre, fouple, de la confiftance d'une
rave un peu fletrie, d'un goût qui feroit
entièrement infipide fans une petite
amertume qu'il laiiTe dans la bouche
quand on la mâche. Les bords font tous
chargez de petits bouquets d'épines droites
courtes, fortes 6c pointues. Ses deux
fuperficieslefontauffi, mais les bouquets
font bien plus gros, 6c les épines plus
longues plus fortes, ils font éloignez
d'un pouce les uns des autres, 6c pofez
en quinconcetrès-régulierement. Cha^
que bouquet^ft compofé de fept, neuf
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