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tSz NOUVEAUX VOY
1700. Nous rengeâmes d'aflezprèsl'Ifle de
Montfarrat, & nous en durions fait au-
%n7e's ^ ^^ Nievesj mais nous nous en
^»glois. éloignâmes hors de la portée du canon,
parce que les Anglois s'étoient mis en tête
de faire faluer leur Pavillon par tous
les Yaifleaux qui paflbieat à la portée de
leurs Batteries, fur lefquels ils tiroient
pour les contraindre au falut.
Il n'y avoit que très-peu de temps
que M. de Modene Capitaine des Vaiffeaux
duRoi, revenant des grandes Indes
avec trois Vailleaux de guerre, fut
falué de quelques coups de canon à balle
en paflànt devant Il brouilla fes
voiles pour attendre un Canot qui venoit
de terre, par lequel il fçût les prétentions
des Anglois. Il dit al'Offieier qui était
venu lui parler, que la chofe luiparoiffoit
raifonnable, & que pourvu qu'on
voulût lui rendre le falut en bonne forme,
il feroit faluer le Pavillon Anglois
par fès trois VaiiTeaux. L'Angloislelui
promit,, & s'en retourna- à terre- fort
content de cette réponfe} & dès qu'il
fut arrivé,, il fit deformer les canots des
Batteries,, pour rendre le falut qu'on leur
alloit faire. M. de Modene qui avoit fait
f f avoir fes intentions àfes deux VaiiTeaux
s'approcha.de la grande Batterie des, Anglois,
& fe mità tirer vivement deiTus ,
cnmême temps que les deux autres Vaiflêaux.
tiroient furleBourg,& fur une autre
Batterie. Leur canon fiit fi bien fervi
, que les Batteries des Anglois furent
en.defordre dans un moment, car ils ne
a'attendoient pas à un pareil falut. Comme
ils étoient accourus en grand nombre
pour jpiiir d?'un fâlut qui flatoit fi: bien,
leur vanité,., il y en eut quelques-uns
tuez, d'autres eftropiez,, & beaucoup
de maifons endommagées^ Leurs VaiCièaux
Marchands qui étoient en rade,
a'étantavifez de tirer fur ceux de M. dé
Modénev Keçûrent: en paflànt quelques
Bondies-qpi leiincommodeEent beaucoug-
A G E S AUX ISLES
Malgré cette correaion fraternelle,les
Anglois ne laiflerent pas de hifler leur
Pavillon, & de nous tirer un coup-de
canon a balle. L'éloignement oii nous
étions, nous rendit plus fiers que nous
n'euflîons été, fi nous avions été plus
proches} & nous paifâmes fans iâluer,
ni mettre nôtre Pavillon.
Nous arrivâmes à la rade de Saint An
Chriftophle fur les dix heures du matin ^
le Dimanche z8 Novembre. Le P. Gi>-''!"
rard Supérieur des Jefuites., s'étant troi^ fi'
vé par hazard au bord de la mer quand
nous mîmes pied à terre, nous reçût le
plus honnêtement du monde, & nous
obligea de ne point prendre d'autre maifon
que la leur pendant le féjour que
nous ferions, dans I'lile.. Nous allâmes
direlaMelTe à l'Eglife Paroiffiale qu'ils,
delTervent, après quoi, nous fûmes faluer
M. le Comte de Gennes Capitaine des,
VaiiTeaux du Roi , commandant dans
rifle à la place du Commandeur de Guitaut.
Lieutenant au Gouvernement Ge-^
neral, qui en étoit Gouverneur. Il noua;
retint à dîner avec le P. Girard. Après,
dîné nous, allâmes voir le Sieur de
Châteauvieux, un dès Lieutenans de
R o i , & quelques autres Officiers de nos,
amis,, & puis nous nous rendîmes chez
les PP. Jefuites. Ils n'étoient que trois},
le P. Girard , qui étoit le Supérieur, le
P. Chartier, & un Irlandois nommé;
Gaio way ,.que l'on tâchoit de faire pafleir
pour un Italien., & qu'on nommoit pour
celaleP. Realini. NouspaiTâmeslerefte
de lajournée a voir leur Habitation, 6c à,
recevoir force vifites des perfonnes qui
avoient demeuré dans nôtre ParoiiTe du;
Mouillage à la. Martinique pendant la
guerre paiTée,c'eit-à-dire, cel e de 1688'.
Le lendemain le Comte de Gennes;
nous vint rendre vifite,. ôc noUs mena dî:-
ner chez luiaveclesPP. Jefuites. Il.étoir
logé dans lamaifon du Sieur de laGuarl-
SJC, J/allaL me f comener iiu: lefoir aux
F R A N C O I S E S DE
I)( .ico. environs du Bourg. Il paroiiToit parles
mazures & par les folages des maifons,
qu'il avoit été autrefois bien bâti & fort
confiderable. Les Anglois l'avoient entièrement
détruit, jufqu'à tranfporter
chez eux les matériaux & les pierres de
taille des encognures. Nos François
avoient déjà rebâti beaucoup de maifons,
& tra vailloient à s'établir, comme s'ils
euiTent été aiTûrez d'une paix éternelle.
Sifcrip- J'avois entendu parler de cetteifle d'um
de ne maniere qui m'en avoit fait concevoir
^'f.i- une idée toute differente de ce qu'elle efl
Chnfto- — . •i. f • r i
L ' A M E R ] Q^UE. 185
Bourg.
Leurs bâtimens étoient encore iicol
peu de chofe, mais ils faifoient déjà du
Sucre qui étoit fort beau, & qu'on fabriquoit
avec une facilité quejen'avois
point vûë autre part.
Nous eûmes un d iNOUSCUUicsuiiuivivceiLritiinf-lmem»-e!n!!t. aauuvqjuuxe^li ^^
jIe ne1 m'attendois pas,ce fut d'aller le foir à " /-r* 1 _ . n • _ T> 1 / I ®
M' en effet : car Je me l'étois figurée comnie
une terre toute plate & toute uniej &
cependant quand on la voit de loin, elle
neparoîtque comme unegrofTe montagne
qui en porte une plus petite fur une
de fes pointes. C e f i peut-être cette figure
qui lui a fait donner le nom de Saint
Chriflophle, aulTi-bien que parce qu'elle
fut découverte lejour delaFêtede ce
Saint, ou parce que l'Amiral Colomb
portoit ce nom. Lorfqu'on fe trouve en
mer à une diftance raifonnable de cette
Ifle, on remarque que cette groflè montagne
fe divife en plufieurs autres qui
font plufieurs têtes dans le milieu de l'ifle
lefquelles ferment de beaux valons avec
une pente douce & commode quivajufqu'au
bord de la mer} de forte que du
bord delamerjufqu'au pied des montagnes
il y a dans bien des endroits jufqu'à
deux lieiies d'un païs tout uni, à l'exceptiçn
de quelques ravines dans lefquelles
on a pratiqué des chemins fi commodes,
qu'on peut faire tout le tour de Tlfle en
carofTe.
M. Lambert Capitaine de Flibuiliers,
mon bon ami, nous vint prier lejour
fuivant d'aller pafTer un jour ou deux à
fon Habitation. Il étoit aiTocié avec un
de fes oncles, nomme le Sieur Giraudel
Confeiller au Confeil Souverain. Ils
avoient une fort belle Habitation éloi-
JW V».
la chafl'e des Singes. Pendant que les Anglois
étoient demeurez maîtres des terres
des François, dont la plus grande parric
refterent en frîche,lesSinges qui s'étoient
échapez des maifons des François pendant
a guerre, multiplièrent tellement,
que quand on reprit poiTeffîon de l 'ifle,
on les voyoit par groiTes troupes. Ils venoient
voler jufquesdans les maifons, 6c
lorfqu'on plantoit des cannes, des patates,
ou autres chofes,il falloit y faire fentinelle
jour ôc nuit, fi on vouloit que
ces animaux n'emportafTent pas tout ce
qu'on avoit mis en terre.
CM plantoit des cannes chez M. Lam-
Ben dans une terre aiTez proche de la
montagne ronde, qui étoit un des repaires
de ces animaux. Nous fûmes nous
embufquer environ une heure avant le
coucher du Soleil. Nous n'y demeurâmes
pas une heure, que nous eûmes
leplaifirde voirfortir des brouflailles un
gros Singe, qui après avoir regardé exaârement
de tous cotez, grimpa fur un
arbre , d'où il confiderà encore tous
les environs : à la fin il fit un cri auquel
plus de cent voix différentes répondirent
dans le moment, Scincontinant
après nous vîmes arriver une grande
troupe de Singes de différentes grandeurs
qui entrerent en gambadant dans
cette piece de cannes, 8c commencèrent à
les arracher & à s'en charger: quelquesuns
en prenoient quatre ou cinq morceaux
qu'ils mettoient fur une épaule,
& fe retiroient en fautant fur les deux
pieds de derriere > les autres en prenoient
«VUICIIL UUC roi L UClll- J.AilUlLaLlUll k-iui- umn iàl» l.e»u.."r! ggu,"e ulew, , & s'en alloient en faignée
d'environ cinq quarts de lieues du fant millegambades.Nous tirâmes quand
A a z nous
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