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504 NOUVEAUX VOYAGES AUX ISLES
;i7or. on lui donne telleforrrie que l'on veut, noeuds.
Elle perd de fa blancheur à mefure qu'elle
vieillit, elle durcit même alTcz avec
le rems pour devenir friable.
L'aubier deceboisell blanchâtre, le
m,
coeur efl: plus chargé, l'un Se l'autre font
également bons. Cet arbre eft de deux
eipeces. Le mâle eft plus roDge que la
femelle. L ePe r e du Tertre s'eft t rompé,
AuPert quand il a di t , que le rouge étoit inutiduTer
leàtout. Il faut qu'il ait pris pouT Gommier
rouge un arbre que nous appelions
" l e s
Erreur
ire
Pommier à la Martinique , ui a
feuilles aflez femblables à celle de l'Acajou
à fruit, qui efïeaivement dure infiniment
moins que le Gommi e r , & qui
jette une gomme rouffûcre. Onnelaiffe
pas d'en faire des Canots. Je m'en fuis
lei vi faute d'autres, & j'en ay fait débiter
en planches, quiétoient d'un bon
ufage du moins à couvert.
Le bois du Gommier eft ferme. Ses
fibres font allez, mêlez pour lui donner
de la) for c e , & l'empêcher de s'éclater
aifément: il eftroide, fansyeux&fans
noeuds. Il eft pefant quand il eft
verd, parce que pour lors il eft rempli
d'humidité. I. eft aiTez leger quand il
eft fee. Son humidité gommeufe 6c
amere lepreferve des vers 5c de la pourriture,
pour peu qu'on en ait foin.
C e l t cette même humidité gommeufe
qui le rend difficile à fcier. Se qui l'avoit
fait rejetter par nos Ouvriers faineans,
Scignorans, parce que la fciure
s'attache aux dents de la fcie, & remplit
la voie. Il eft facile de remedier à
cet inconvenient. On le trouve dans le
Sapin, 8c on ne kiiTe pas de le fcier.
J'en ay fait débiter en planches, & en
madriers. On ne pouvoir rien Voir de
plus beau, les planches étoient unies,
faciles à blanchir, & elles avoient cet
avantage fur le Sapin , qu'elles n'étoient
pointfùjettesàs'éclater, n'y remplie-sde
Je m'informai du Negre de M. Vam
bel dès que je fus arrivé à la Guadeloupe,
Se que les affaires que je trouvai
me donnèrent le tems de refpirer ; je fçûs
certainement qu'il étoit entre ks mains
duPere Lucien Religieux G a r t ^ , Curé
des Saintes, Sc qu'il lui ay oit été donné
par le Capitaine Dani-el àl'oceafionq,ue
je vais dire.
Ce Forban fetrouvant entre les Saintes
Sc la Dominique , voulut acheter des
volailles, dont il fçavoit qu'il y avoit
toûjours bonne quantité à vendre aux
Saintes. ïly mouilla la nuit, Scconime
on étoit en pleine Paix, on ne faifoit ni
Guet ni Garde. Il fut facile à fes gens
de mettre pied à terre, 6ç de s'emparer
de la mai fondu Curé, Se de quelques autres
aux environs. Ils conduiiîrent le
Curés Se ces Habitans dans leur Barque
, fans leur faire la moindre violence,
Se mirent de leurs gens, pour garder
l'embarquadere Se l'Eglife. Ils firent
mille amitiez à ceuxqu'ils avoient prisj
& leur dirent, qu'ils ne fouhaitoient
autre chofe que d'acheter du vin, de
l'eau-de-vie, des volailles. Se autres
provifions qui leurs manquoient. Pendant
qu'on aiTembloit ces provifions, ils
prièrent le Curé de dire la Mefle dans
leur Barque, ce qu'iln'eutgardedeleur
refufer. On envoya chercher le"s orne- naml
mens, Se on fit une tentefur le gaillard
avec un Autel, pourcelebrer la MeiTe
qu'ils chantèrent de leur mieux avec les
Habitans qui étoient à bord. Elle fut
commencée par une décharge de mouiqueterie,
& de huit pieces de Canon,
dont la Barque étoit armée. On fit une
fécondé décharge au toSai, une troifiéme
à VElevation, une quatrième à la
Benedmion , Sc enfin une cinquième
après X'Exaudiat, Sc la priere pour le
R o i , qui fut fuivic d'un vi^ve le Roiàzs
plus
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F R A N C O I S E S D
plus éclatans. Il n'y eut qu'un petit incident
, qui troubla un peu la devotion :
un de ces Forbans, fe tenant dans une
pofture indécente pendant l'Elévation :
fut repris par le Capitaine Daniel. Aulieu
de fe corriger, il répondit une impertinence
accompagnée d'un jurementexecrable,
qui fut payé fur le champ d'un
coup depiftolet, que le Capitaine lui
tira dans la tête, en jurant Dieu, qu'il
en feroit autantau premier qui nianqueroitderefpeétaufaint
Sacrifice. L e Prêtre
fe retourna un peu émû : car cela
s'étoit paiTé fort proche de lui. Mais
Daniel lui dit, ne vous troublez point,
mon Pere, c'eft un coquin, qui étoit
hors de Ion de voir, que j'ai châtié, pour
le lui apprendre. Maniéré très-efficace,
comme on voi t , pour l'empêcher de retomber
dans une femblable faute. Après
laMeile, on jetta le corps à la mer. Le
Pere Carme fut très-bien recompenfé de
la peine qu'il avoit prife, de leur dire la
MeiTe, Se de la peur qu'il avoit eue. Ils
lui donnèrent plufieurs nippes de prixi
Se comme ilsfçûrentqu'i n'avoit point
de Negre pour le fervir, ils lui firent
pi efent de celui que j'avois ordre de reclamer.
.
J e prefentai ma Procuration à M. le
Gouverneur, qui donna ordre au Commandant
des Saintes , defefaiiirdu Negre,
Se de l'envoyer à la Guadeloupe.
Il fut reconnu pour celui que je reclamois.
Les Carmes me témoignèrent, que
je leur ferois plaifîr, de faire en forte,
que M. Vambel le leur vendît, ilyconientit,
Se j'en accommodai ces Peres,
d'urne manta'e dont ils eurent fujet d'être
coratens. :
• Pendant, que j'avois des Negres à
r i f l e t a Goyaves, à pefcher de la roche
à chaux, je crus queje ne ferais pas
tiial, de faire couper unepartiedes arbres
E L'AMERICLUE. ^of
de la plaine. Ç'étoit des Gourbaiis, 6c tvo:.
des Savonnettes.
Ces derniers font ainfi appeliez, parce
que leur fruit, qui eft de h grofleur
d'une noix ver te, étant écrafée, & paffée
fur le linge, y fait le même effet que le
favon, il fait une raouffe blanche Se s^w»-
épaiifle, qui décraffe à merveille. Ce
qu'il a d'incommode,eft qu'en nettoyant vetnettn
le linge, il l'ufe à k fin , & le brûle.
que nous avions achetez au Quartier
Les feuilles de cet arbre font longues
pourl'ordi-naire de trois pouces, Scd'ua
pouce de large, d'un verd foncé Sc luifanr,
ellesfonttoûjoursdeuxàdeux, Sc
affez preiTées le long des branches, elles
font dures à fecher , & recourbées, de
maniere à laiiTer un petit creux dans le
milieu. Comme elles font en très-grande
quantité, elles font un ombrage des
plus beaux. Se desplusfrais. Les fleurs
viennent par bouquets, longs de plus
d'un pied, fe tournant en pointe comme
une piramide. On remarque d'abord de Feuilles,
petits boutons blanchâtres, qui ens'éclofant
font une petite fleur, compofée sade
fept ou huit feiiilles, qui renferme vonnur.
un petit piftis rouge. L'odeur de cette
fleur approche de celle de la vigne. A
ces fleurs fuccedent des fruits ronds, de
la grofleur pour l'ordinaire des petites
noix vertes, revêtues de leurs coques.
La peau de l'enveloppe eft aifez liiîè &
f o r t e , verte au commencement, elle
jaunit enfuite, Se enfin devient brune,
quand le fruit eft tout-à-fait meur. Elle
renferme une matiere épaifle, molaiTe,
vifqueufe, fort amere. C'eft cette matiere
dont on fe fert pour blanchir le
linge. Se qui a fait donner le nom de
Savonnier ou d'arbre à Savonettes, ou
Amplement de Savonette à l'arbre qui- la
porte. L e milieu de cette noix eft occupé
par un noyau rond , ou prefque rond,
rempli d'une matiere blanche, ferme, 8c
d'un goût approcjiaatde celui des noifet-
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