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190 NOUVEAUX VOY
I7C0. Quartier de la Cabefterr«. Les appels
des Sentences écoieût jugez au Confeil
Supérieur, qui s'aiTembloit tous les deux
Ccnfiii mois au Bôurgdela Bafleterrc. Il ctoit
compofé de dix Confeillers Habitans,lcs
plus lettrez, 6c les plus honnêtes gens
qu'on avoitpu trouver. L e Gouverneur
ou le Commandant & les Lieutenans de
Roi y ont entrée & voix déliberative.
L e Gouverneur v prefide; maisc'eftle
Souvéra
'm en
Superleur.
y ,
plus ancien Confei 1er qui va aux opinions,
qui prononce, ôc qui fîgne les
Arrêts. Ces Confeillers comme ceux des
autres lflesfontd'épée,6cdccappe, ou
fi on veut, i Is font au poil 6c à la plume.
A l'égard du gouvernement politique,
il étoit entre les mains de M. le
Comte de Gennes comme Commandant
en l'abfence du Commandeur de Guitaut
quien étoit Gouverneur en titre,
Ftat qui refidoil alors à la Martinique
Major, en qualité de Lieutenant au Gouvernement
general des Mes & Terre ferme
de l'Ameriqiie Françoife. II y avoit encore
deux Lieutenans de R o i , un Major,
6c un Aide-Major. Le plus ancien
de ces deux Lieutenans de R o i , étoit un
vieux gentilhomme Provençal, appellé
Château-vieux , qui avoit étélong-tems
Capitaine de Grenadiers en France, 6c
qui avoit du fervice. L'autre, étoit le
lieur de Courpon ancien Habitant de
r i f l e . CapitainedeMilice, ScConfeil-
"ler au Confeil Souverain. Il s'étoit trouvé
à Verfailles dans le tems de la coneluiîon
de la Paix de Ri fwick j ôc lorfqu'on
avoitbefoin d'un homme qui connût
bien le païs, £c qui fût en état de
donner les lumieres dont on avoit befoin
alors il ie produifit au Bureau de
M. dePontchartrain, 6c en obtint cette
Charge avec le Commandement en particulier
du Quartier de la pointe de Sable
où étoit fon bien.
Les Ifles de Same Martin & de Saint
A G E S , A U X ISLES
Barthelemi dépendent du Gouvcraeuï
de Saint Chriftophle. Èïlesitoientigouvernées
par M . de Va,laieniere Creolle
de la Martinique i £c Lieutenant de
Roi.
La Garnifon de Saint Chriiîophic
confiftoit en quatre Compag-nies détachées
de la Marine i une deiquelles étoit
au Fort de la pointe de Sable, les tirois
autres étoient dans un Parc, qu'ofiappelait
le Champ, attenant le Bourg. Là
Colonie qui faiibit autrefois plus de qua»
tremille hommes portansles armes,n'cà
faifoit pas alors trois cent cinquante,,
parce que depuis la déroute de l'Ifleen
1690. les familles qui avoientété tranf-«
portées à Saint Domingue, la Martinique,
la Guadeloupe, & autres Mes , s'y
étoient établies, 6c ne jageoient ¡pas à
propos de revenir dans un lieu oè i s èe
pourroient pas demeurer, dès qu'il y
auroit la moindre Guerre cnEuropeentreles
deux Nations.
Comme les Anglois avoient eu tout le
tems neceiTaire pour reparer les dom mages
que le commenccmentde la Guerre
de 1688.avoit caufez à leurs Habitations,
quand les François s'en rendirent maîtres
i aufli les trouvâmes-nous dans un
trés-bon état. Ils ont peu de maifons de
maçonnerie j elles font prefque toutes de j
bois peintes en dehors, & lambriiTées J
frot proprement en dedans. Quand je dis à
qu'elles font peintes, il ne faut pass'ima- f
giner que ces peintures foient des perfon- Z
nages, ou des ornemens} ce n'eft qu'une
fimple couche de couleur à huile pour
conferver le bois, 6c le défendre de l'eau,
6c de la pourriture, qui eft une fuite neceiTaire
de la chaleur 6c de l'humidité du
climat. Cela ne laifle pas d'être agréable.
La diftribution des pieces eftingenieufe
6c bien entendûë, la propreté y
eft très-grande, & les meubles magnifiques.
Les
F R A N C O I S E S DE L'AMERIQ_UE. ipi
jj^ jjw/ Les Habitans chez leiquels j'ai mangé gion, ou lîc'eft la conduite des Miniftres 1709.
tant en ce voïage, qu'à mon retour de qui leur attire ce mépris.
Saint Domiflgue,avoientbeaucoupd'ar- Les femmes Angloifes font habillées à Batitt
genterie, 6c fur tout de ces cuvettes ou la Françoife, du moins leurs habillemens
jattes, où ils font la ponche, le fang en approchent beaucoup. Ils font riches
gris, 6c autres boifloos. Ils ont un ta- 6c magnifiques, 6c feroient d'un très-bon
lent merveilleux pour accommoder le goût, fiellesn'y mettoientrienduleuri
Rjtfs boeuf falé. Une poitrine de boeuf d'Ir- mais comme elles veulent toûjours enhjn
lande eft toûjours la piece de refiftance chérir fur les modes qui viennent de
ï"rm- » ^ ^^ France, ces hors-d'oeuvres gâtent toute
tj, trouvé de meilleur chez eux, quoiqu'il la fimetrie 6c le bon. goût qui s'y trouy
ait une très-grande abondance de tou- veroit fans cela. Je n'ai jamais vû tant
te5 fortesdeviandes 6c de gibier. Ondit de franges d'or, d'argent, & de foye,
qu'ils entendent bien les ragoûts j mais qu'il y en avoit fur ces Dames j elles en
ppoouurr le rôt i , ils le font d'une maniéré paroi flbient couvertes depuis la tête jufqui
ne plaît pas aux François, parce
qu'ils l'arrofent de tant de beurre, qu'il
en eft tout imbibé, fans compter celui
qu'aux pieds. Elles ont de fort beau Imge,
6c des dentelles très-fines.
— ,r I-a coûtume des Anglois eft de tirer MaaUrt
dont ils rempliffent les plats où ils met- tous leurs vins de quelque païs qu'ils puif. 'i"
tent la viande. • fent être dans de petites bouteilles d'un
C'eft la Maîtrefîe dû logis, qui coupe verre épais, à col court, 6c qui font plus
les viandes, & qui fertj ou la fille aînée larges que hautes. Elles tiennentunpeu -uerleun
quand la merejuge qu'elle peut s'en bien plus des trois quarts de la pinte de Paris.
acquitter.Elleslefont avec beaucoup de Ils les bouchent foigneufement avecdes
propreté, 6c de bonne grace. Elles boi- bouchons de liege, 6c de cette maniere
vent à merveille, pour exciter la Com- Ils confervent leurs vins,6c leurs autres
pagnie d'en faire autant. Les Anglois liqueurs fans craindre de les voir fegâfont
toûjours pourvûs de quantité de ter. Il faut qu'ils faflent une grande condifferens
vins, & de toutes fortes de H- fommation de ces bouchons, puifquc
queurs des païs les plus éloignez : com- je n'ai jamais vû de prife Angloife dans
me ils font riches pour la plûpart, iisfe laquelle il n'y eût de groiTes futailles
font honneur de leur bien,6c n'épargnent remplies de bouchons. On les fait pour
rien pour donner à ceux qu'ils traitent l'ordinaire beaucoup plus gros qu'il
une haute idée de leur opulence 6c de n'eft neceiTaire pour remplir le trou du
leur generofité. goulot. Pour les y faire entrer fans les
Il y avoit chez le Major Cripts un couper, il n'y a qu'à les faire boiiillir
jeune Miniftre, qui avoit déjà perdu dans l'eau, ils fe reflèrrent par ce moyen
Mmf, deux femmes depuis,environ trois ans tant qu'on veut, & quand on les amis
"•«pe«, qu'il étoit dans l'ifle. Il paroiflbit fort dans l'ouverture de la bouteille. Ils re-
^Jiimez. empreiTé pour en recouvrer une troifié- prennent enfechant leur volume Scieur
me. On le railla beaucoup fur le peu de premiere grofleur, 6c bouchent parfaifoin
qu'il prenoit de les conferver. Je tement le trou fans crainte qu'ils en forremarquai
pendent ce repas, 6c en plur tent, parce qu'ils font un petit boulet en
fieurs autres occafions, que ces Meffieurs dedans en s'élargifliint plus que le col de
avoient peu de confidèration pour leurs la bouteille, qui eft toûjours un peu plus
Miniftres. Je ne fçai fi c'eft par irreli- large au-deiTbus du bourlet del'entrée,
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