N O U V E A U X V O Y A G E S AUX ISLES
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i"oi. Cartagene. Lc if.leSieurduCaflèmk
à terre avecun Parti de FlibuiHers,pour
rcconnoître le lieu ou l'Armée pouvoit
débarquer plus facilement, & plus fûrement,
6c pour découvrir s'il n'y avoic
point d'embufcades, dont pour l'ordinaire
lesEfpagnpls ne font point avares.
Les Troupes queleSieurdePointis avoit
amenées au nombre d'environ trois mille
fept cent hommes Volontaires, Soldats,
& Matelots, firent leur defcente fort
tranquillement, 6c précédez par le Sieur
du Caile, 6c les Flibuftiers, elles s'approcherentdu
Fort de Bocachica, qui
défend l'entrée du Port d'une maniéré fi
avantageufe, qu'il n'eil pas poflible d'y
entrer, 6c par une fuite neceflaire, d'attaquer
la Ville fans être maîtres de ce
;Part.
iofâfhi- Flibuftiers & les Negres sÎlerent
sapa'rU d'abord fe poftcr prefque fur le bord du
sieur di* Fofle, d'ou ils firent un fi grand feu, que
cajfea- de trois Barques chargées de Troupes,
que le Gouverneur de Cartagene en-
. voyoit pour renforcer la Garnifon du
Fort, une fut obligée de s'en retourner,
& les deux autres aïant débarqué leurs
Troupes à la faveur d'une fortie, qu'une
partie de la Garuifôn du Fort fit pour les
y introduire, les Flibuftiers les couperent,
les taillerent en pieces, 8c donnèrent
un alTaut à la place fi vif ôc fi opiniâtre,
que le Gouverneur craignant d'être
emporté,, s'ils y revenoient une fécondé
fois, battit la chamade, 6c fe rendit
à difcretioa le fécond jour de l'attaque.
Les Vaifleaux eurentainfil'entrée du
Port libre le 17 Avril. On s'approcha
cnfuite des Forts de Sainte Croix, de
Saint Laî^are & des Anglois,. on les
canonna, &on y jetta des bombes, qui
obligèrent les Efpagnols de les abandonner
, Se la tranchée fut ouverte devant la
Haute-Ville le du même mois, Le
Sieur du CalTe 6c fes gens étant à la traii- ,,5
chée le 50. n'eurent pas la patience d'attendre
que la breche fût plus grande, 6c Pri[,
plus praticable: quoiqu'elle n'eût qu'enÌioi
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F R A N C O I S E S DE
vcjloit au fécoursdes Efpagnols, 6i àla-
L ' A M E R i a U E . Z17
momens, il les contraignit d'abandon- .noi."
nerlaplus grande partie de leur pillage,
Us F/iinÂhrs.
viron quatre toifes de large, 6c que fa [fji
montée fut très-difEcile, & très-efcar- ¿«j!,'
pée, ils y donnèrent un aiTaut fi furieux
qu'ils emportèrent la Ville-Haute l'épéc
à la main, ce qui obligea le Gouverneur
de capituler, 6c de fortir le 4 de Mai
de la Ville-Bafie avec fa Garnifon, qui
étoit encore de dix-huit cent hommes, &
toutes les marques d'honneur qu'il pût
defirer.
Il n'eft pas neceflaire que je dife ici
qu'on trouva des richefles infinies dans
cette Ville, tout le monde le fçai t j mais
ce qui n'ell pas venu à la con'noiiTance
de toutlemonde, 6cdon.tjedois informer
la pofterité, c'eil que le Sieur de
Pointis, qui devoit cette importante
conquête à la valeur des Flibuftiers, oublia
ce qu'il leur avoit promis par la
chaflepartie qui avoit été faite avec eux
au Cap Tiburón, 6c au lieu de leur donner
la part qui leur devoit revenir fi juftement
du butin, il voulut les payer comme
des Matelots, à raifon de cinq écos
par mois. Cette injuftice criante les irrita
fi fort, qu'ils alloient fe rendre juftice
à eux-mêmes, 6c ils etoient en état de
le faire, fans le crédit 6c l'autorité que M.
du CaiTe avoit fur eux -, il les empêcha
d'en venir aux voies défait, 6c leur promit
que le Roi leur feroit donner ce qui
leur étoit dû. Celaenappaifa quelquesuns
qui s'en retournèrent avec le Sienr
du Cafle à S. Domingue j mais les autres
rentrerent dans la Ville,, la pillerent de
nouveau, 6c trouvèrent encore, à ce
qu'on prétend plus de quatre millions.
Ils fe rembarquerent a.vec ce butin, 6c fe
feroient confolez du tort que leur avoit
fait le Sieur de Pointis, s'ils n'euflent
point rencontré la Flotte Angloife qui
vcq
u e l l e l e Sieur dePointisetoitechape par . ^ .
un bonheur extraordinaire. Cette Flot- avec une cmquantame de morts Se de
te qui étoit de 17 Vaifleaux de Guerre blelTez, 6c quelques prifonniers. Ils mrrencontra
ceux des Flibuftiers au nom- rent le feu à deux ou trois maifons, lorf-
^ ' qu'ils fe virent preiTtZi ce fut ce qui les
fauva, parce qu'on jugea qu'il falloir
courir au plus prefle, 8c fonger plûtôt à
arrêter l'incendie, qu'à les empêcher de
fe rembarquer, comme il auroitétéaifé
de faire.
• M. du Cafle pafl"a en France en 1700.
il fut fait Chef d'Efcadre des Armées du
Roi, 8c le Sieur Auger Gouverneur de 1*
Guadeloupe fut nommé en fa placeGouvcrneur
delaTortuë 8c Côte S. Domingue.
Pendant l'abfence du Sieur du Cafle,
ce fut le Sieur de Boifli R amé , qui eut
le Commandement de toute la Colonie ,
en qualité de Gouverneur du Cap, dont
brede dix, tousaffezpetits, très-chargez,
8cfort mal équipez, comme c'eft
leur ordinaire.
Malgré l'inégalité prodigieufe qu'il y
avoit entr'eux 8c les Anglois, ils fe battirent
pendant un jour comme des défefpcrez
j à la fin fix aïant été entièrement
démâtez, 6c étant prêts à couler
bas furent pris, 8c les quatre autres fe
fauverent, Se arrivèrent au petit Goave
fort délabrez à la vérité, mais riches 8c
bien chargez de butin. Cependant il s'en
fallut peu que les Anglois nes'emparaffent
d'une partie du butin que nous avions
fait à Cartagene- Ils avoientfçû, |e ne
fçai par qu'elle voie, que M. du Cafle il a eu le premier la qualité, 6c étant
mort aflezpeu de tems après fa nomination
, le Sieur de Galifet fut nommé en
fa place.
Les Provifions du Sieur Auger font du
mois de Mai 170J. Il prit pofleflion de
fa Charge au mois d'Oâobrede la même
année, 8c mourut au commencement de
l'année 1706 ilnefe paflarien deconfiderable
danslaColonie pendant le tems
de fon Gouvernement. Quant à la perfonne
du Sieur Auger, jemereferve d'en
parler, lorfque je ferai le détail de l'irruption
que les Anglois firent dans l'Ifle
de la Guadeloupe en 1703. dont le Sieur
Auger étoit alors Gouverneur.
Le Comte deChoifeiiil, l'undesplus
^braves, 8c des plus anciens Capitaines
des Vaifleaux du Roi , luifucceda: ii
Cafle fe mit à la tête du premier Pdoton prit pofleflion de fon Gouvernement en
qui fe forma, 8c aïant chargé les Enne- J707.fonmerkepcrfonnellediftinguoit
mis, qui étoient pour laplûpart occu- encore plus que fa naiflâtice, quinepoupez
à piller les maifons à mefure qu'ils voit être plusilluftre, ôc plus éclatante,
s'en rendoient maîtres, il les repouflù Cétoit un homme fage, liberal, bici^
vivement, Se faTroupegroffilliintàtous faifant, doux > ôc extrêmement poli-,
E e 3 dons
avec les Flibuftiers étoit au petit Goave,
où ils fe recompenfoient des fatigues de
leur expedition, avec autant de fecurité
que s'i n'y avoit point eu d'ennemis
dans le monde. Ils vinrent moiiiller au
Cap Tiburón au nombre de 24 Vaiffeaux
Anglois Se Hollandois, 8c détachèrent
24 Chaloupes avec douze cent
hommes dedébarquemeftt, qui vinrent
furprendre le Bourg du petit Goave la
nuit du 21 de Juillet. Leur entreprife
avoit été fi bien conduite qu'ils penferent
enlever M. du Cafle, qui eut le bonheur
de fe fauver par une porte de derrierede
fa maifon, pendant qu'on forçoit celle
qui [donnoit fur la rue. Quelques coups
de fufil aïant éveillé nos Flibuftiers, 8c
leur aïant fait prendre les armes, M. du