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480 NOUVEAUX VOY
1705, fi grandes, Se ont befoin d'un fi grand
efpace pour lui donner le mouvement
neceflaire pour s'élever, qu'il ne feroit
que battre l'eau, fe mouiller, fe fatiguer,
6c fe mettre hors d'état defortir
jamais de la mer, où il ne manqueroit
pas d'être bien-tôt la proye de quelque
poiiTon : d'où il faut conclure, que quand
on le trouve à trois ou quatre cens lieiies
des terres, il faut qu'ilfafle fept ou huit
cens lieiies avant de pouvoir le repofer.
I l efl: vrai qu'il vole d'uneimaniere tout
à fait aifée; fes aîles étendues, & ftns
aucun mouvement fenfible, le foûtiennent
fuffifamment, fans qu'il foit obligé
débattre l'air, ce qu'il ne pourroit pas
faire fans fe fatiguer beaucoup, £c fans
avoir befoin de venir prendre de tems
en tems du repos à terre. Le grand éloignement
où on le trouve de toute terre,
fait voir que ce foulagementlui efl: peu
neceflaire, Se qu'il peut fe foûtenir plufieurs
jours dans l'air. Ils'yéleve quelquefois
à une telle hauteur, qu'on le
perd abfolument de vûë. Le Pere du
Tertre à penfé que c'étoit pour fe garentirdela
pluie. Si fa peniee efl: juf t e ,
ilfautqu'ils'éleveaudefllasde la moïenne
Religion de l'air, danscetefpace où
Von prétend que les pluies, les orages,
les vents , Scies neiges font inconnuesi
mais cet auteur a-t-il prisgarde, que pour
empêcher cet oifeau d'être un peu moùi^
Jé, il le met dans un lieu où l'air efl: fi
fubtii} qu'il n'eftpas propre pour la refpiracion,
Se f^ar confequent beaucoup
moins pour foûtenir un corps. Je me garderai
bien de faire faire de femblables
voïages aux Fregates , il faudroit trop
de temspour les faire revenir. Se qui les
nourriroit dans ces paisinhabicez, elles
qui ne vivent que de poiflbn que l'on ne
trouve point dans l'air. Il faut convenir
que ces oifeaux volent très-haut, Sc que
fouvent on les perd de vûë j mais il n'eft
A G E S AUX ISLES
pas neceflaire pour cela qu'ils aillent fe ijoj.
perdre au delà de la moïenne Region de
l'air. ^ ^ .
Cet oifeau n'efl: guércs plus gros qu'une
poule} fon col Se fa tête font proportion- ¡^prenez
à fa grofleurj il a les yeux noirs i«««.
Se grands, le regard afluré, la vûë extrêmement
perçante; fon bec efl: fort Se
aflezgros} la partie inférieure efl: droite,
la fuperieure efl: un peu arcquée, crochue
par le bout, Se pointue; fes jambes
font courtes, aflïz grofl'es Se ramaffées.
Se fes pieds font armez de griffues
crochues, longues, fortes. Se aiguës j il
s'en fert pour prendre les poiflbns volans.
Se autres poiflbns qui font pourfuivis
par les Dorades, dont il femble
qu'il fe fert comme de chiens courans
pour faire lever le gibier , fur lequel
il fond, Se qu'il enleve en rafant la
fuperficie de lameravecune adrefle admirable,
fans prefque jamais manquer
fon coup. Les aîles de cet oifeau font
d'une grandeur prodigieufe, par rapport
àfoncorps; ilefl:ordinaire d'en voir de
fept, huit Se neuf pieds d'envergure.
O n me pardonnera ce terme de marine,
auflî-bien aurois-je trop de peine à en
trouver un autre pour exprimer la diftance
qu'il y a d'un bout d'une aile jufqu'auboutde
l'autre, quand l'oifeau les
tient ouvertes, Se toutes étendues. G'efl:
à la grandeur de ces aîles qu'il doit la
facilité qu'il a de fe foûtenir fi longtems
en l'air; mais auflî elles l'empêchent
de s'élever facilement de terre, à
caufe de l'efpace qu'il lui faut, pour les
mettre en mouvement.C'efl: apparamenc
pour remedier à cet inconvenient qu'il
perche. Se qu'il defcend rarement à
terre. Ses plumes du dos Sc des aîles
fontnoires, grofl^es Si fortes ; cellesqui
couvrent rcfl;omach Se les cuifl'es, font
plus delicates, Sc moins noires. On en
voit dont toutes les plumes font brunes
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