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ii8 NOUVEAUX VOYAGES AUX ISLES
l7®o« avoitôtélavieàfonfils. C'eû pourquoi
il promit une bonne recompenfe au Caraïbe
, s'il pouvoir lui donner cette fatisfaftion.
Ctmiat Le Sauvage s'arma de deux bayondua
nettes bonnes 8c bien aiguifées, 8c après
caraée s'étrc appuyé le coeur de deux verres
«r/L- d'Eau-de-Vie , il fe jetta à la mer. Le
touffl'ur. Pantoufflier qui étoit en goût de manger
de la chair, depuis la cuiiTe de l'enfant
qu'il avoit crouftillée, ne manqua
pas de venir à lui dès qu'il le vit dans
l'eau. L e Sauvage le laifla approcher jufqu'à
ce qu'il jugeât qu'il étoit à portée
de pouvoir s'élancer fur lui} 8c dans le
moment que le poiflbn fit ce mouvement,
il plongea fous le poiflbn, 8c lui
jlantaenpaiTaiîtièsdeux couteaux dans
e ventre. O n en vit les effets auifi-rôt
par le fang qui rougit la mer aux environs
du lieu où le poiifon fe trouvoit. Ils
recommencerentce manege fept ou huit
fois -, car le poiifon retournoit chercher
le Caraïbe autant de fois qu'il le raanquoit
; 8c à chaque fois le Caraïbe ne
manquoit de plonger, & de le frapper
à coups de couteau partout ou il le pouvoir
attraper. Enfin, au bout d'une demie
heure le poiifon ayant perdu fon fang
& fes forces, fe tourna le ventre en haut
ôc expira. Le Caraïbe étant revenu à
terre, on envoya un canot avec des gens
qui attachèrent une corde à la queiiede
ce monftre, & le tirerent à terre. Il avoit
plus de vingt pieds de long, 8c il étoit
de la groflèur d'un Cheval. On trouva
dans Ion ventre la cuifle de l'enfant toute
entiere.
. Il eft bonde fçavoir, que plus ces
poiflbns carnaiîlers font grands,8c moins
les Sauvages ont de peine à les tuerj
parce qu'ils fe remuent alors bien plus
difficilement, & qu'en achevant la carrière
que le mouvement qu'ils fe font
imprimé, les oblige de courir, ils donnent
le tems à l'homme de revenir fur 1700,
l'eau prendre haleine, & fe difpofer de
nouveau à les attaquer. Car quoiqu'ils
foient dans leur élément, la maffe de
leur corps les empêche de fe remuer avec
autant de viteifequ'un autre poiflbn plus
petit, 8c même qu'un homme.
LeRequien, dont j'ai fait la deicriptiondans
ma premiere partie, efl: un foible
ennemi pour nos Sauvages, ils le
tuent aiiément, parce que la fituation de
fa gueule, 8c la pofture contrainte où
il ell obligé de fe mettre pour mordre,
les favoriient infiniment, 8c leur donnent
le tems de le frapper où ils veulent
lorfqu'il fe met fur le côté. Mais je doute
qu'i s vinflènt fi heureufement a bout
d'une Becune, ou d'un Efpadon. On a
vû ce que c'eft qu'uneBecune par le portrait
que j'en ai fait au commencement
de ces Mémoires. Il faut dire ici deux
mots de l'Efpadon.
Les Italiens appellent Pefce-Spada, pefo
c'eft-à-dire, poiflbn à épée, ce que nous spak
appelions Efpadon, qui eft une efpece
d'epée large dont onfefervoic autrefois, '
8c qu'on tenoit avec les deux mains. Il
y a encore des Allemans 8c des Suifles
qui s'en fervent. On prend quantité de
ces poiflbns dans le Fare deMefline.Les
Pêcheurs ont un homme en vigie ou
ièntinelle au mât de leur Felouque pour
découvrir k poiflbn au fond de l'eau ,
8c y faire aller le Bâtiment. Loriqu'on
eft deflus,on jette quelque appât au poiffon
pour l'attirer à la furface, 8c on le
darde ou harponne aufli-tôt qu'il eft à
portée du maître Pêcheur. C'eft un
très-bon poiflbn, la chair en eft blanche, i^J'^
grafle, 8cdélicate. La corne qu'il a fur
l'extrémité du mufeau n'a point de dents,
comme celles des Efpadons dont je vais
parler, qui font ceux que nous avons en
Amérique. L'Efpadon que quelques- uns
apellent fort raifonnablement poiflbn à
fcie.
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1700.
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pour toute défenfe} elle tâche d'enfrar
per fon ennemi, & il eft fur qu'un feul
coup fuflrroit pour l'écrafer, mais il le
pare aifément, parce qu'il fe remue bien
plus facilement qu'elle, 8c bondiflTant
en l'air il retombe fur elle, 8c tâche noa
de la percer avec fon avant-bec, mais de ,
la couper ou ¿e la fcier avec les dents
dont il eft garni. Lorfqu'il ne manque
pas fon coup, on voit l'a mer rougir du
fang, qui fort des bleflures que la balaine
a reçues; 8c on voitla fureur où elle
entre par les coups de queiie qu'elle don- ;
ne fur l'eau , qui font prefqu'autant de
bruit qu'un coup de canon;
Les baleines qu'on voit aux Ifles font Renctn^
petites en comparailbn d , 1 -KT j Te» c elles qui iê Ba~
trouvent dans le Nord. J enai vu plufleurs.
La plus grande étoit fous la Dominique.
J'étois pour lors dans une barque
qui avoit bien quarante pieds de
quille; cependant cette baleine,qu'on
difoit n'être qu'une demie baleine, nous
dépaflbitdeplusdedrxpieds à l'avant8c
à l'arriéré. Quoiqu'elle ne nous fit point
de mal , elle ne laifla pas de nous donner
de l'inquietude ; car elle demeura bord à
bord de nous pendant plus d'une heure ,
femblant regier fa marche fur nôtre fillage;
elle fe mit enfuite fous nôtre quille,
faifant toûjours la même route que nous.
Nous amenâmes nos voiles pour la laifler
pafler devant nous, elle s'arrêta en-même
tems} nous les éventâmes pour courir de
l'avant , elle recommença au^fli-tôt à
îlaba- marcher , 8c fut ainfi près de quatre
i trou- heures à nous honorer de fa compagnie j
le voir à la fin elle s'enfonça dans l 'eau, 8c nous
queue k perdîmes de vue.
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