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I4Z NOUVEAUX VOY
1700. fui dans les bois ne pûrent fe fauver dans
les autres Tfles, 8c tombèrent ainfi entre
fes mains. Cette derniere viftoire acheva
de punir la perfidie des Sauvages, 8c nous^
aiTûra la poiTelTion de toute l'Ifle. Il eft
vrai que la joie de cette conquête fut
troub ée par la mort du Sieur le Comte,
qui fut noyé en revenant de cette expedition.
M. du Parquet aïant été informé de
la mort du Sieur le Comte nomma pour
lui fucceder Louis deCacquerai, Efcuyer
Sieur de Valmeniere, Capitaine de Cavalerie
à la Martinique. Il eut dans les commencemens
beaucoup de peine à être reçû
8c reconnu pour Gouverneur, par
l'oppofition qu'y firent quelques Officiers
qui prétendoient que ce pofteleur
ctoicdû. Us prirent les armes, 8c]a Colonie
fe divifa en deux partis ; mais celui
des Rebelles aïant été défait, les Chefs
furent pris 8c condamnez à mort. Le
principal Auteur de cefoûlevetnent nommé
le F o r t , qui étoit Major de l'Ifle,
s'empoifonna, pour ne pas mourir par la
main du Boureau. M. du Parquet fe contenta
de bannir les autres, fans confifquer
leurs biens.
Après cela leSieur deValmeniere gouvernacette
Colonie naiiTante avec beaucoup
de figefle, de prudence & de bonheur.
Elles'augmenta beaucoup, parce
qu'outre la fertilité du pais, & l'abondance
de la chafle & de a pêche, le tabac
qui y croiffoit, étoit fi parfait, qti'on
le vendoit toujours le double 8c le triple
de ce qu'on vendoit celui des autres Iflesj
de forte qu'on avoit lieu d'efperer que
cette Colonie feroit devenue la plus riche^
la plus floriiTantedes liles, fi elle
n'eût point changé de maître, oii qu'elle
eût toujours été gouvernée par des perfonnes
du caraftere du Sieur de Valmeniere.
Mais M. du Parquet aïant vendu la
AGES AUX ISLES
Grenade au Comte deCerillac en 16^7.
pour la fommcde quatre-vingt dix mille
livres. Ce nouveau Seigneur y envoya
un Certain Officier pour en prendre poffeffion
enfon nom. Se pour y commander
en ion abfence. Le caraftere de cet
homme étant tout oppofé à celui duSieur
de Valmeniere qui avoit gouverné ces
Peuples avec une douceur 8c une prudence
admirable, fit qu'il y eut un grand
nombre d'Habitans qui abandonnèrent
l'Ifle, 8c fe retirerent à la Martinique}
ce qui au lieu de le faire rentrer en luimême,
aïant augmenté famauvaife humeur,
il devint tellementinfupportable
à ces Peuples par fatirannie, fes violences
8c fa brutalité, qu'ils fe faifirent
de lui, lui firent fon procès, 8c le condamnèrent
à être pendu. Ce pauvreGouverneur
leur aïant reprefenté qu'il étoit
gentilhomme , ils voulurent lui faire
couper le coi} mais le Boureau n'aïant
pas aifez d'adreiîé pour entreprendre une
pareille execution, ilslepaflérentparles
armes. On doit croire qu'il n'y eût que
le menu peuple, 8c pour ainfi dire la canaille
de rifle qui trempa dans ce crimej
déjà les plus riches Se les plus honnêtes
gens s'étoient retirez à la Martinique, 8c
ce qui reiloit d'Offieiers s'étoit iauvé,
8c caché à la Bafl^eterre} tellement que
de toute la Cour de Juilice qui fit le
procès à cet infortuné Gouverneur, il
n'y avoit que le nommé Archangeli qui
fçût écrire. Celui qui fit les informations,
8c qui inftruifit le procès, étoit
un Maréchal fei •rant, dont on voit encore
la marque dans IcRegiilredu Greffe,
qui eft un fer à cheval, autourduquel
leGreffier Archangeli a écrit: Marque
de Monfieur la Brie Confeilkr Rapporteur.
La Cour aïant été informée de cet
attentat, envoya un Vaiiîtau de guerre
avec un CommiiTaire, pour connoître
de
1700,
F R A N C O I S E S
: i;oo. de cette affiiire, 8c quelques Troupes
pour faire executer ce qui feroit ordonné,
8c punir les coupab es. Cet Officier
fit des informations, 8c aïant reconnii
que ce n'écoient que des miferables qui
y avoienteupart, 8c qui s'étoient fauvez
pour la plûpart, on ne poufia pas
plus loin les recherches} de forte que
perfonne ne fut puni, pas riiêmele Greffier
Archangeli, que la voix publique
faifoit l'Auteur de ce tumulte} il fut
feulement chafle de l'Ifle: il fe retira à
Marie Galande oii il demeura jufqu'en
1691. que les Anglois y aïant fait une
irruption, ce miferable fe rendit à eux,
& pour gagner leurs bonnes graces, il
leur déclara le lieu 011 M. Auger Gouverneur
de l'Ifle s'étoit retiré avec les
meilleurs Habitans. Le Major Holm
qui commandoit en l'abfence de M. de
Codrington General des Anglois, ne
laiffa pas de le faire pendre avec fes deux
enfans à la porte de l'Eglife, contre le
. droit des gens à la vérité, mais par un
fecret jugement de Dieu qui vouloit le
punir du crime qu'il avoit commis à la
Grenade.
• Le Comte de Cerillac fut obligé de
vendre fon Ifle à la Compagnie de 1664.
êc la Compagnie de la rendre au Roi
en 1674. ces differens changemens n'ont
1 apporté que du trouble 8c du défordre
dans cette Colonie, qui bien loin de
s'augmenter comme elle devoit faire naturellement,
étoit encore fort peu de
chofe en 1705-. Je foûhaitequ'elle ait eu
plus de bonheur depuis ce tems-là.
Nous aimâmes mieux courir le long
de la Cabefterre que de paiTerau travers
des Grenadins pour aller chercher leCulde
Sac de la Grenade. La côte eft faine,
Se la terre dont nous étions à unediftance
raifonnable, me parut belle, entrecoupée
d'un grand nombre de rivieres,
& unie en beaucoup d'endroits. Si on
I70'5.
D E L'AMERICLUE. 145
juge delà bonté du terrain par les arbres
qu'il produit, celui-là doit être des meilleurs.
Le Dimanche 18 Septembre nous
moiiillâmes dans le Baffin, ou au fond
de Lacul fous la Forterefle fur les fix
heuresdu matin. Dès que j'eûs mis pied
à terre, j'allaifaluerle Gouverneur} c'étoit
le Sieur de Bellair Capitaine- de uirGoti-
Vaifleau, homme de fortune, né à Blaye •vermur
d'une famille obfcure, vif, prompt , 6c
entreprenant beaucoup plus encore que
ne le font les Peuples de la Garonne,
c'eft beaucoup dire. Il étoit entré, je ne
fçai comment, au fervice du Prince
d'Orange depuis Roi d'Angleterre, 8c
avoit fi bien gagné les bonnes graces de
ce Prince, qu'il l'avoit fait Commandant
ou Gouverneur de Bergopfoom ,
dont il s'étoit emparé en reprefaillesde
la Prkicipauté d'Orange, dont le Roi
s'étoit misenpofleffion pendant la guerrede
1688. felon les apparences le Sieur
de Bellair étoit entré dtas quelqueTraité
avec nos Généraux ou nos Miniftres,
qui ne put avoir d'execution, ce qui
l'obligea de s'enfuïr, 8c de fe fauver en
France, où il fut fait d'un plein faut Capitaine
de Vaifl'eau. Il fervit en cette
qualité dans l'armée Navale qui prit la
Flotte de Smirne au mois de Juin 1693.
il étoit de l'Avantgarde commandée par
le Sieur de Gabaret, 8c voyant que ce
Chef faifoit une contre-marche qui l'éloignoit
des ennemis au lieu de l'en approcher,
il porta fur e u x , pritunVaiffeau
de quarante canons, qui étoit trèsriche
, 8c n'oublia pas de prendre fa part
du butin, fant attendre qu'on en fît le
partage. Il eft vrai qu'il en ufa bien avec
fes Officiers, Se que fon Equipage eut
fujet d'être content de lui, mais la Cour
ne le fut point du tout : on approuva la
prifc du Vaifleau, mais on n'eut garde
d'approuver k pillage y de forte qu'il
fut
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