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104 NOUVEAUX VOYA'GES -Au x ISLES
Í700. niere de vie obfcarc ne le fît pas trop
croire. Son Habitation qui etoit à la
Martinique au Morne Saint Martin entre
la pointe du Prêcheur8clePotiche,
lui donnoit la commodité de faire d'affez
frequens voyages à la Dominique,
où il avoit beaucoup de liaifon avec les
Caraïbes, de qui felon les apparences il
avoit eu cet o r , & peut-être le fecret du
lieu d'où ils l'avoient tiré. Cet or n' étoi c
point encore purifié. Un autre plus habile
quelefieur Dubois feferviroit plus
avantageufement qu'il ne fait de cette
découverte j peut-être a-t-il desTaifons
pour en uier comme il fait, letemsen
pourra découvrir davantage.
L a Baffeterre de la Dominique eft encore
plus hacîiée que la Cabefterre.Iln'y
a que deux ou trois endroits de plat païs.
qui foient un peu raifonnablcs. Le plus
cônfiderable s'appelle la grande Savanne,
qui fait environ le milieu de la Bafleterre,
c'eft-à-dire, de l'efpace qui eft
contenu entre la pointe <jui regarde le"
Prêcheur & celle qui eft vis-à-vis des
Saintes.
a à l 'Ef t & Oueft de la grande Samd'A
V'anne à cinquante lieues fous le vent une
MS, nH Me qu'on appelle la petite Ifle d'Anes
Ses Oi-
¿laait.
ou des Oifeaux pour la diftinguer d'une
autre plus grande de même nom, qui eft
au vent de Coroflbl, ou périt l'Armée
navale du Comted'Eftrées en ifSjS.Je
fais cette remarque, qui eft un peu hors
d'oeuvre à la vérité, parce que bien des
gens croyentque c'eftunelile imaginaire.
Cependant j'ai vû beaucoup de nos
Corfaires qui ont été deflus : & moi-même
je l'ai vûë y ayant été dans un autre
voyage.Ceque j'en puis dire,eft que cette
Ifle eft fort bafle, & prefque toute de
fable avec quelques buiirons,& peu d'autres
arbres. On la peut nommer à bon
¿àroitl'Iiïe dçs Oifeaux: car il y en a une
quantité fi prodigieufe, qu'on les peut 170»,
' tuer à coups de bâton. Cela pourtant
doit s'entendre des oifeaux de mer. On
y trouve suffi quantité de tortues, fur
tout dans le tems qu'elles pondent. Cependant
comme cette Ifle manque abfolument
d'eau douce, elle n'eft fréquentée
de perfonne, qaedeceuxque lehazard
y conduit. -
L'Encrage eft bon par tóatela Côte
de la Dominique , mais il n'y a aucun
P o r t , ni Cul-de-Sac pour te retirer,
& on ne trouve par tout que des rades
foraines. Il y a à la vérité quelques pointes
derriere lefquelles on peut fe mettre
àcouvertdecertainsvents, c'efl-làtout
l'avantage quejl'onîen peut tirer.
Quoique cela foit peu de chofe, les
Aiiglois n'ont pas laifle de faire bien des
tentatives pour s'y établir, fondez fur
certaines prétentions aufquelles les François
ie font toujours oppofez, non-iêulement
parce qu'elles n'ont aucun fondement
tant foit peu raifonnable, mais EtéHf,
encore parce que fi cette Me étoit lentre
leurs m1a in. s, ils s'e• n ferviroientt pouril oisa
coupei- la communication entre la Mar- /aD«.
tinique & la Guadeloupe dans un tems mnif
de guerre, & les reduiroient bientôt""»'
aux dernières extrêmitez.
Ils fefervirent de la Paix de R i fwi c k , ioit.
& d'un accommodement particulier
qu'ils firent avec les Sauvages de la Dominique
, pour y venir faire du bois de
charpente. Ils firent enfuite un ajoupa
au bord de la mer pour mettrece boisa
couvert, en attendant les Barques qui
le devoient tranfporter. Cet ajoupa fe
changea en une maifori,autour de laquel-"
le ils firent une paliflade , où ils mirent
quelques petites pieces de Canon fous
prétexte de faluer les fantez de leurs
comperes les Caraïbes quand ils les faifoient
boire.
: Dès
irvDo.
F R A N C O I S E S DE L'AMERIQ^UE. i^j-
Dès que le Gouverneur general de nos & fort avantageufe, & telle qu'on la 1700.
Ifles en eût avis, il envoya un Officier pouvoit fouhaîter pour y faire un Fort
pour s'en plaindre au General des An- dont il n'auroit pas été facile de les déglois,
& dans le même-tems il envoya nicher, fi on leur avoit donné le loifir
deux Bâtimens à la Dominique,qui obli- de s'y fortifier davantage. On trouvera
gerent les Anglois à rembarquer leursCa- peut-etre cette maniéré d'agir un peu
nons, Scieur bagage, après quoi on mit le brufque, mais outre qu'elle eft plus exfeu
à la maifon & aux paliflades. Je fus peditive,c]Ieeftencoreplusproportionvoir
l'endroit ou avoit été cette maifon. née au génie de ceux avec qui on avoit
J'en trouvai la fituation fort commode, à faire.
C H A P I T R E X V.
Diverfes Coutumes des Sauvages. Préjugez fur leur origine. Leurs diffenns
langages y & leur maniéré de fe battre.
Il temi deliur
liver, cj*
leur proÎrtlé.
¡Eféjourqueje fis dansleCarbet
de Madame Ouvernard,
& de quelques autresCaraïbes
m'a donné lieu de voir de près,
& d'examiner à loifir leurs moeurs &
leurs maniérés d'agir. J'en vais faire part à
ceux qui liront ces Mémoires, fans m'affujettir
à garderid'ordre, mais comme je
les trouve écrites dans mon Journal.
Ils fe levent tous de grand matin,
c'eft-à-dire, un peu avant le lever du
Soleil, & fortent auffi-tôt du Carbet
pour leurs neceffitez: ils ne les font jamais
auprès de leurs maifons, mais dans
quelque lieu un peu éloigné, oii ils font
un trou qu'ils recouvrent enfuite avec
delà terre. Ils vont auffi-tôt fe baigner,
àia mer, quandiln'ya point de riviere
à leur commodité , car lorfqu'il s'en
trouve , ils ne vont point à la mer.
Lorfqu'ils font de retour, ils s'alToyent
au milieu du Carbet fur une petite felle
de bois tout d'une piece, faire à peu
près comme un picore à chocolat. Ils
attendent là que l'air & le vent les fe-'
chent} après quoi une de leurs femmes,:
ou quelqu'autre , vient avec un petit
coui rempli de Rocou détrempé dans'
l'huile de carapat ou Palma Chrifti,
afin de les rocoiier. Elle commence
^om. IL
par peigner, ou au moins par démêler
leurs cheveux, & après les avoir
frottez d'un peu d'huile dqcarapat, elle
les lie avec un cordon de cotton, ôc
en fait une touffe au defliis de la tête j
puis tenant le coûi avec la peinture de
la main gauche, & un Pinceau, comme ManUn
un petit balet de plumes, de la droite, defer»-
elle le barboiiille par tout le corps en
commençant par le vifage. Quand tout
le haut du corps eft peint, le Caraïbe
fe leve afin qu'on lui peigne les cuiiTes
& les jambes j & lorfque cela eft achevé,
il fe remet fur fon fiege, & fe barboiiille
lui-même les parties aufquelles
la pudeur n'a pas permis à fa femme de
toucher. 'î
" Selon fa fantaifie il fe fait lier les cheveux
derriere la tête, ou les laiil'e pendre,
& felon le temps & i'occafion, il
fe fait faire quelques mouftaches , ouantres
marques noires au vifage & fur
le corps, avec du jUs de ganipa.
• Lorfqu'en ie peignant ou fe gratant, lUmmils
trouvent des poux , ils les croquent ¿e«
fous leurs dents pour leur rendre la pareiile,
& fe venger de leurs morfures.
1! n'y a que les Caraïbes & les Nègres
qui ayent droit d'avoir des poux dans
les Ifles : ces animaux meurent pour
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