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pS NOtrVÊAU^C VOY AGE S AÜX Í9EÉS
On attâqua l'aóftéè f 1699. cé cet article, avoit fervi dans la Com- uiVatlte'îêS'Àlii
pagnie Colonelle de Saint Chriftophle
dès fes plus tendres années. Il avoitfuccedé
à fes frères dans les Charges d'Enfeigne,
6c dé Lieutenant de la niême
Compagnie. Il eut en ifîS 8. le commandement
de cent ieunes Volontaires dés
el
gloisqui polTêdôiefle Une pàitie de l'Ifle
de S. Chriftophle. Lé Fort Charles
fut affiegé 6t pris malgré la vigoureufe
refiftânce de ceux qui l&défendoietit, qui
donnèrent en cèttèôccafion des preuves
éclatantes de leur bravoure. Le Sieurde
plus qualifiez de la Colonie, quiaccom- Survilliéeyfaifoit fes fondions deLieupagnerent
le Comte de Blenac Gouverneur
General désilles, à la conquête de
l'Ifle de S. Euftache, qui appartenoit
auxHollandois. Cette Ifle quoique petite,
étoitpourvûë d'une bonncGarnifon,
elle avoit une Forterefle confiderable}
lès Habitans étoient bien armez, braves,
6c bien refolUs de fe défendre, ce qui
leur étoit d'autant plus facile, qu'elle
èft prefque partout
un accès fortdiffifîr
cilè.
de la Cour , ceqilin'aurbitfxis rnan-
LeSiéur deSurvilliée & fa troupe join- qué delui être confirmé, fi lés François
té à celle des Sieurs de la Touche Se
Caftihg, eureht pour leur part l'attaque
du côté dé la Cabefterre, plus difficile
Îans comparaifon , Sc plus hazardeufe
que celle de la Bafleterre que l'on fit à
l'Ance des Interloppes. Ils forcèrent cependant
.tout ce que l'art & la nature
oppofoient à leur defcente, 6c a leur paffage,
ils renverferent ceux qui défendoient
le retranchement qui couvroit le
chemin étoit Se efcarpez, qui conduifoit
dtibord de la bner fur le plat païis, & furent
à la vûe de la Forterefle bien plûtôt
ue ceux qui étoient defcendus à aBaf- donnoit un très-juftê fujet de craindre
«terre.
Cette aftion d^unê valeur extraordifcaii
e ctônnales tïabitans 6c la Garnifon,
& comrne elle fut foûtenuë par beaucoup
d'autres de même nature, elle faeilità
infiniment la conquête de cette Ifle. Le
Sieùr de Survilliée reçût de gVandes
louanges du Comte de Blenac, cé qui
F R A N C O I S E S
160^ - iv^i»' -Aagloifeill eut le bonheur d'y arriver
alTez à ternis pour fe trouycr à ladcfcentc
-que les Anglois y firent.
; Comme fa qualité de Volontaire ne l'at-
-tachoit à aucun poite en particulier, il
çuE le moyen de fe trouycr à toutes les oc-
® caiions où il y avoit des coups 6c de la
tenant de Ja Colonelle avec tant de valeur
6c de conduite, quë le Sieuir de Salènave
Lieutenant de Roi aïant été tué j
&| le Sieur dé Beaumanoir Major aïant
été nommé par le Comte de Blenac pour
remplacer le défunt, ce même Général
qui fe fouvenoit de ce qu'il avoit vû
faire au Sieur de Siarvilliée l'année precedenté
à la prife de S. Euftaché, lui dotina
la Majorité dé l'Ifle fous lé bon plaiènt
demeurez plus long-tems maî-^
très du païs, mais en aiaiit été chafleX
Tannée fuivante i6po. comme je l'ai dit
ci-devant, le Sieur de Survilliée fut
tranfporté à la Martinique avec le reitè
de fa famille.
Les Anglois s'etant alors trouvez les
plus forts dans l'Amerique, prirent l'Iflô
de Marie galante au commencement de
i6pi. On vit bien qu'ils fe difpofoient
par cette conquête à l'attaque de la Guadeloupe
qui en eil Voififie, qui étani
d'une grande étendue, 6c peu peuplée,
donnoit un très-jufté fujet de craindre
qu'elle ne fût emportée. L e Sieur de Survilliée
demanda permiflîon au Marquis
de Ragni qui avoit fuccédé au Comte de
Blenac dans le Gouvernement General
des Ifles,' de pafler, à la Guadeloupe
avec un de fes freres, pour offrir lëurs
fervices au Sieur Hincelin Gouverneur
,^ de cette Ifle. Il l'obtint aifément 8c
lui fui d'autant plus glorieux , qu'on agréablement j, 6c quoiqu'il y eût un
fçavoit que ce General étoit fort rcfcrvé danger extrême d'aborder cette Ifle qui
fiir cet article. étoit étroitement bloquée par k Flotte
Àn-
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faites, le Commandeur de Guitaut Lieutenant
au GouvernementGeneral trouvai
laminutte de la Lettre que le Marquis de
Ragni avoit écrite en Cour en faveur
du Sieur de Survilliée, i8c conjme il le
connoifl'oit 6c Tçilimoit depuis longtems,
il fut bienaife de trouver l'occafurent
gloire à gagner. Il n'en manqua pas une, fion d'executer ce que le General défunt
fc diftingua en toutes d'une façon parti- avoit eu deffein de faire -, de forte qu'une
culiere, & eut cependant le bonheur do Lieuten^nce d'une Compagnie détachée
»'être point bleiTe, quoique fon gargouf- de la Marine, étant venue à vacquer,
liereût été emporté le jourde la defcen- il la lui donna fous le bon plaifir de la
te, l'affût de fon fufil brifé dans une au- cour en i (ip i . Le Miniftre déjà prévenu
•tre occafion, 6c qu'il eût fes habits 6c en faveur du Sieur de Survilliée par les
fon chapeau percez de balles en plufieurs Lettres du feu Marquis de Ragni, conendroits.
firma ce choix, 6c lui en envoya le Bre-
Les Anglois après avoir battu pendant vet en i ôp 3. avec ordre à l'Intendant de
vingt-deux jours le Fort de la Bafleterre, lui faire payer tous fes appointemens deÍ'
enfin forcez de lever le Siege,6c
de fe rembarquer, ¡ce qu'ils firent avec
tant de précipitation, qu'ils abandonnèrent
leurs Canons, avec un Mortier,
quantité de Bombes ôc de Munitions,
de Bagages, d'Armes 6c d'Attirails de
leur Armée, & même plufieurs bleiTez
qu'ils laifl!erent à ladifcretion des François.
puis qu'il rempliflbit cette Charge.
Il fut fait Capitaine en i<îp<i. Major
de la Martinique en 1701. fans perdre
pour cela fa Compagnie, ce qui étoit
une grace, 6c une diftinftion toute particulière,
6c enfin Colonel des Milices
de la Cabefl:erre de la Martinique ea
1705-.
On voit aiTez par cette fuite d'em-
N'y aïant plus rien à faire pour les plois êc de graces combien la Cour étoit
Volontaires après cette retraite, le Sieur fatisfaite du Sieur de Survilliée. Ce que
de Survilliée retourna à la Martinique j'ai dit de lui dans laPreface de ma predans
la refolution de pafl'er en France, miere Partie, au fujet des mouvemens
•pour fervir dans la Marine. Il en deman- qu'il y a eu à la Martinique au commencement
de 1717. doit l'avoir fait connoître
pour un Officier d'une fidélité à
toute épreuve, d'une valeur peu commune,
6c d'une prudence dont on a vû les
heureufes fuites dans cette affaire,auiïï
da lapermiffion au Marquis deRagni qui
aiant appris par les Lettres du SieurHincelin,
ôc par le rapport de quantité de
perfonnes, la valeur 6c la conduite qu'il
avoit fait paroître dans toute l'afFiiire de ^ ,
la Guadeloupe, n'eut garde de la lui ac- délicate qu'elle étoit dangereufe,6c d'une
corder. Il lui dit, qu'il vouloit l'arrêter confequence infinie. Je dois feulement
aux Mes, 6c l'y employer, 6c qu'il alloit
r i e
ajouter ici, qu'il eft également honnête
homme 8c bori Chrétien; qu'il fe fuit
honneur de fon bien fans oftentation j
qu'il eft charitable, bon ami, toujoure
^ prêt ^ rendrç fervice, 6c à foûtenir les
Ce General étant mort fur ces entre- intérêts de ceux qui s'gddreflbnt à lui, S:
N i - • que
écrire enCour les raifons qui l'obligeoient
de lui refufer fon congé, afinque le Miniftre
y eût égard quand l'occafion fe
préfenteroit.
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