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264- NOUVEAUX VOY
17Ò1. cinq cent pas de large, parce qu'on trou
PMagts ve prefque toute cette plaine partagée
disHaèi- de cette maniere, par des épaifleurs de
dZ'ma- haute futaye, qu'on nomme dans
Xw/f. le país des Racques de bois, qui paroiffent
très-anciens j & tels que font ceux
qu'on trouve dans le milieu des forêts
& dans les montagnes, où il eft probable,
queperfonne n'a jamais fait de défriché
Les Efpagnols en ufoient apparemment
ainfi, pour feparer leurs Habitations,
& pour avoir de quoi retirer leurs
beftiaux à l'ombre pendant la grande
chaleur, & pour conferver des bois de
charpente à leur difpofition, quand ils en
avoient befoin. Il y a de ces Racques de
bois qui ont autant d'épaiiTeur, ou de
largeur, que les terrains qui ont été défrichez
} d'autres en ont moins. Cette
methode n'étoit pas mauvaiie d'un côté,
mais il me fcmble qu'elle avoit aufli fes
inconveniens, & qu'elle étoit contraire à
lafanté, en ce que ces Racques de grands
arbres empêchoient le mouvement de
l ' a i r , & contribuoient ainli à fa corruption.
" •
On me fit voir quantité de fers à
eheval à TEfpagnole , & autre ferreroens
de leur façon, qu'on trouve tous
les jours dans la terre à mefure qu'on la
défriche, ce qui eil une preuve évidente
qu'elle a été habitée autrefois par les E f j
pagnols.
On trouve auffi des meubles des anciens
Indiens, comme de leurs pots &
marmittes de terre, & certains cailloux
couleur de fer, d'un grain fin & compaét,
dont quelques bords de la mer
font tous remplis. Ils ont pour l'ordinaire
deux pieds à deux pieds & demi de
longueur, quinze à dix-huit pouces de
large, Se environ neuf pouces d'épaiffeur,
arrondis par les extrémitez. Ils
avoient l'indultrie de les fendre par le
milieu de leur longueur & de leur épaif-
A G E S AUXMSLES
feur, & de creufer le dedans, de ma- >^«1
niere qu'ils en faifoient des efpeces de
tourtieresovalles, ou de lechefrittes d'un '"»h
peu plus d'un pouce d'épaifleur, qui re- f f '
fiftoient au feu. ; O n m'en, fit prefent ""
d'une très-entiere, 6c parfaitement bien
faite, avecdcux outrois petites figures
de terre cuite, aiTez mal fkites, qu'on
avoit trouvées dans la terre, & dans des
grottes qui font dans les Falaifes, qu'on ¿J*
fuppofoit être des Idoles des Indiens.
Des Habitans du Quartier m'aiTûrerent
qu'ils avoient trouvé dans les fflontagnes
des grottes,, comme de profondes cavernes
, toutes remplies d'oiTemens humains.
C'étoit apparemment dans ces
endroits-là qu'ils confervoient les os de
leursmorts. IleHàcroire qu'ilsy met- "
toient auiïï leurs richelTes : car nous
voyons des veftiges de cette coûtume
dans tous les endroits du monde j maison
perdroit fon tems à remuer ces os pour y
trouver quelque chofe, parce que les
Efpagnols qui ont été long-.tems maîtres
decepaïs-là, n'ont pas manqué de vifîter
exaétement tous ces endrois, & d'en
enlever tout ce qui pouvoit êtredequelque
valeur.
On voit à la Defirade, qui eft uneC««
petite lile au vent de la Grande Terre S"
delaGuadeloupe, une caverne fort grande,
& fort profonde, qui eft prefque
toute remplie d'oiTemens, avec des relies
d'arcs, deboutous, & autres aimes des
anciens Indiens. C'étoit apparemment
un cimetière. Cartousces peuples, du
moins les anciens, & tous les indiens du
Canada, ôi de la Floride, ont une extrême
veneration pour les os de leurs
morts i & s'ils ne les logent pas avec
autant de magnificence que les Egy
ptiens, du moins n'épargnent-ils rien
pour les conferver avec refpeét & reverence.
On trouve en beaucoup d'endroits du
Fond
D E L'AMERIQ_UE.
1701;
jfjei.
F R A N C O I S E S
de l'Ifle à Vache des cuves de ma- foncent dans la chair au travers de la
f o n a u c i i u i . ^ , — t a n t que fa longueur
, jC quand ils ont une fois
ils fuccent le fang par leur
mes ic'n'endéplaiieau'xignorans,ce. aiguillon, comnie par une petite trom-
Fui que l'on y fabrique avec foin ; ne le pe, fans fe détacher qu ils ne foient enrede
nià celui des grandes Indes, c'eft- tierement pleins, & fans que la ^meç
à l r é , d^sIndesOnentales, nià celui les puilTe chaiTer Ileft vrai qu'il eftb,en
dp Guatimala rare qu'on leur donne le tems de fe raf-
S p a ï s n ' e i i pas encore bien peuplé, fafier, il faudroit être bien endormi,
ils'enfautbeaucoup, mais il le fera aiTÛ- pour ne pas fentir leur piqueure, qui
r/ment & très-bien, fur tout , fi on peut certainement eft auffi vive qu'un coup
S u n pu de'Ià prévention infufte delancette. C'eft le feul endroit del'AÎ
u ' o n a contre la Compagnie. Au refte, merique ou j'ay vu les Maîtres obligez
¿'eftlepaïs des mouftic,ues,maringoins, de chauffer leursNegres. Cette mcom^
vareurs. Se autres bigaillesi touteneft modité diminueraa mefurequeleterram
plein La Caye S. Loui s quoiqu'envi- fe défrichera, & que les bords de la mer
ionnée de la mer, fans arbres, ni hal- feront découverts,
liers ni eaux croupiffantes en entretient Les Habitans de S. Domingue & de
-, cies millions. Ils fe nichent dans les trous l'Iile àVache, marquent leurs Nègres
f l d , des crabes, des roches, fous les couver- quand ils les achètent. Ils fe fervent pour
tures des ¿aifons, & dès que le Soleil cda d'une lame d'argent mmce, tour-^|.»
eft couché, ils rempliflent l'air, & pi- née de façon qu'elle forme leur ch.ffre,
quent empitoyablement tous ceux qu'ils elle eft jointe a un petit manche, pour
peuvent approcher.
Cette incommodité fe fait fentir meme
en plein jour dans les nouvelles Habitations
du Fond de l'iile à Vache, & on
peut juger combien elle eft grande, puif-
Que \es Maîtres d ^ t e 1c es H_ailb it-aJtiito ns foT7n Ct
la pouvoir tenir, & comme ces chiffres
ou lettres fe pourroient rencontrer les
mêmes en plufieurs Habitans, ils les
appliquent en difFcrens endroits. Les
uns au-delTus de l'eftomach, d'autres
que au-deffousi les uns à d r o i t , lesautresà
obligczdedonnerdesgueftres à leursEf- gauchei les uns aux bras, les autres en
clavts, & àleursEngagez,pourleurcou- d'autres endroits. Quand on veut etamvrirles
jambes S c i e s pieds,à faute de quoi perun Ncgre, on fait chauffer r e t amp e , j iW«
il leur feroit impoffible de travailler > 6c fans la laiflér rougi r , on frotte l'endroit
ihferoient dans l'obligation de ne penfer où on la veut appliquer avec un peu de
à autre chofe qu'à fe défendre de ces in- fuif, ou de grailTe, 6c on met deflus
feacs, pour s'empêcher d'être mangez un papier huilé, ou cire, 6c on applitous
vifs . que l'éftampe deiTus, le plus legerement
On eft obligé de s'enfermer la mut qu'il eft poflible. La chair s enfle auiT^
dans des pavillons de grofle toile, & tôt, & quand l'effet de la brulure eft
d'avoir la précaution de fe tenir au mi- pafTé, la marque refte impnmee fur la
lieu fans toucher aux bords. Car fi la peau, fans qu'il foitpoinbe de la jamais
bieaille fent qu'on foit à portée de fon effacer. De forte qu'un Lfclave qui auaisLiillon,
lesavareurs, quifontdecer- roit été vendu, 6c revendu plufieurs
tains gros coufins à long aiguillon, l'en- fois, paroîtroit à la fin auih charge de
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