2^0 NOUVEAUX VOYAGES AUX ISLES
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M. dé
Encourt
Dirtcunr.
non ébranlant le terrain fur lequel il eft
bâti, les citernes fe feixioieniauiS-iPt,
& devenoient inutiles ; de forte qu'Us
étaient obJigez defefervir deBwiqges
pour conierver leur eau, eo attendant
qu'ils fiiTcnt doubler lears eîteroes avee
du plomb, ce qui eft d'une dépejtfe coniiderable
8c d'un entretien c.ontieu.el>
Les logemens que aous trouvâmes
fiir la Cay€ Saint Lojâjs, étoient de
fourches en terre, couverts de taches ^
palilTadez de Palmiftes refendus. Il n'y
aroitque kmaifon du Direékurr celle
du Gouverneur &jun Magafin qui fuffent
palifladez de plaijchçs & couverts
d'eflenres. Ce Magafin &l a Maifon du
Directeur faifoient un côt« d'une pttite
place oblonguc, dont le reile étoit formé
par les logemens des C0Sirois & autFCs
Officiers de laCompagnie. La Cbapelie,
la Maifon du Gauverneur & quelques
auwes bâtiinens étoient répandus
fans (Midre fur la Caye, avec des Cazcpnés
qui avoient jèrvi à la Garnifon.
Jamais je n'avois vû un fi grand nombre
déC©mmjs6Cjd-'Officiers,'pourunfi
petit lieu & un fi petit Commerce. Je
d ôuteqa'ily en ait autant à Batavia. Ils
avoient tous des appcmtemens confiderables
8c bouche en cour à la table du Direiteur,.
qui étoit bien fervie & fort
abondamment. On entretenoirpourcela
des ChaSèars avec une grande meute
de Chiens. Il y avoit auffides Pécheurs,.
& on élevoit quantité de Volailles & de
Moutons dans l'Habitation particulière
de la Compagnie-
Un Maloiiinnommé M. de Bricourt
étoit Direâeur de la Compagnie. C'étoit
.un hom,me fort civil, & fort hon^
néte, parfaitement au fait du Commerce.
Il me ifif donner un logement, 6c
m'obligea de prendre fa table pendante
tout le tems que je demeurerois à la^
Caye» Il étoit for,t brouillé avec le Gouverneur
nommé M. de Bouloe Gentil- i,^,,
homme des environs de Touloufe, qui
avoiiÉ été Lieutenant Colonel en France. SouC
C'étoit.un hofflime fojt poM, qui avoit '^''«w.
beaucoup de feirvice : il avoit beaucoup
de leiSture, il avoit vû le aaoade, id; parloit
juiie, étoit fort obligeant. Maia
il ne s'étoit pas encore corrigé du vice
ordinaire de fon pais, il étoit pmmpc
Se vif^ quelquefois jiuiqu'à l'eî^ces. G'é,-
toitce quifaiifoit na&retous lesjoursdesdifiçukez
entre lui & le Direâ^eur.
L a Compagnie avoit eatietenu .u|ie
CoiDpagaie d'Infanterie, pour fervtr de
Garnifon. Elle étoit fous les ordres du
Gouverneur., qui étoit par ect endroit
en état de fe faire obéir. LcPireéteui'
venoit de caiTer eetfe Compagnie,afiaque
le Gouverneur nfeûtplus à qui çom^
ra.ander , & que cela jle rendît plus a c
com^modant. Je me trouvai affez emba^
rafle entre ces deux Melîieurs : ear
qwand le Direâi-eur me voyoit avec k
Gouvej-rneur, ©u .que je iraapgeois avec
lui,, il m'ejifaiibit de peitits repr-ochesj.
le Gouverneur fe plaignoit de fonepté.,
que je tétnoignois plus d'inclina^
tion pour un Marchand que pour lui;
Je voulus travailler à leur reconciliation,,
je parlai en particulier à Pun & l'autre,,
mais je vis bien-tôt qu'il n'y avoit rien^
à faii-e. Le Dircéteur obfedé par fes-
Commis, qui pour lui faire leur cour
décrioient fanscefle le Gouverneur,ne
vouloit faire aucune démarche, & le
Gouverneur fàifoit fonnerbien hautfon
rang & fa qualité, & ne vouloir point
s'approcher y de forte que je pris le parti
de vivre bien avec tous les deux, .&}e
me confirmai dans une maxime qui me
parut toujours très-vraïe,quela multitude
des chofes nuit bien plus aux affaires
qu'elle ne leur ell avantageufe. L a Compagnie
l'a reconnu depuis , & a réuni ces^
deux Charges dans une même perfonne.
On
F R A N C O I S E S DE L'AMERICLUE. i6t
I]0I.
On me propofa de demeurer à la Cayc
pour être Curé. On n'étoit pas content
d'unEcclefiaftique Irlandois, qui deiTervoit
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léià
'¡Auteur
ohfon
Oriirf,
leur Eglifeiôc lui-même voïoit avec
chagrin la défunion des Chefs, ôcvou-
•loit fe retiter. Mais on ne vouloit pas le
lui permettre, avant qu'on eût un autre
Prêtre} 5c cela n'étoit pas trop facile.
On me fit des propofitionsfortavanta-
^eufes, non-feulement pour moi, mais
pour nôtre Ordre, fi nos Supérieurs vouoient
s'engager a remplir les Eglifes,
qui feroient necefi'aires pour la Colonie,
quis'établiflbit de jour en jour. J e m'excufai
d'accepter ces offres, pour ce qui
me regardoit ; mais j'écrivis au Pere Cabaflbn
nôtre Supérieur general, l'occafion
qui.fepréfentoit d'étendre nos Misions
Se .nos PaToiifes dans ce grand
Quartier. ; . .
On nous y .offroit une terre de mille
pas de large, fur deux mille pas de hautj
& de nous donner des Negres pour la
faire valoir, aux conditions des autres
Habitans, avec quelques privileges particuliers
, 8c quatre cent écus de Penfion
pour.chaqueCuré, jufqu'à ce que le ca-;
fuel des Eglifesrfût aiTez confiderable ,
pour la pouvoir reduîre à trois cent écus,
comme font celles desCurez deLeogane.
Cmdi- Les conditions que la Compagnie faite!
foit à ceux qui vouloient s'établir fur ies
h Com. terres dg fa conceffion, étoient fi avanf'ifé
à "gÇyiès 1 qu'elles auroient dû y attirer
/«Ci- une infinité de gens, s'ils avoient été
¡m:.
ïme en
autant
foit peu laifonnables. Mais ils ne
pouvoient fouffrir qu'on les obligeât de
vendre leurs marchandifes. Scieurs denrées
à la Compagnie privativemeht à.
tout autre, 8c d'acheter d'elle ce dont
ils auroient befoin. En cela, comme en
beaucoup d'autres chofes, j'ai remarqué
que la prévention a ordinairement plus
de lieu, que la raifon. Car la Compagnie
leur donnoit les terres de la même
Tom. IL
maniere que le Roi les donne aux au- 17 f
tres lieux de fon Domaine en Amérique,
c'efl-à-dire, gratis^ fans redevances,
droits feigneuriaux, lots & ventes, ni
aucune charge. Elle leur donnoit des
Efclaves felon leurs befoins, 8c les talens
qu'on voïoit dans ceux qui en dcmandoient
à raifon de deux cent écus
pour les hommes, 8c cent cinquante écus
pour les femmes} payables dans trois ans
fans qu'ils puifent être contraints à avancer
aucune partie du payement avant le
terme expiré. Elle leur donnoit encore
le même terme pour les marchandifes
qu'elle leur foumiflbit, 8c qu'elle
leurlaiflbit au prix courant, qu'étoient
ces mêmes marchandifes à l'Efterre, ou
au petit Goave } 8c fi la Compagnie
manquoit, elle leur permettoit fans
cundélai, d'en acheter ou bon leur fembloit,
8c de vendre leurs marchandifes 8c
denrées au prorata de ce qu'ils devoient
payer pour ce qu'ils avoient acheté. Elle
s'engageoit encore à prendre generalementtout
cequi fe fabriqueroit furleurs
Habitations au même prix, que ces mêmes
chofes auroient été vendues dans les
autresQuartiers. L'interdiêtionduCommerce
avec d'autres qu'avec elle, excepté
dans les cas que je viens de dire,
étoit la pierre d'achopement. Il efl: i
croire qu'on y aura trouvé quelque temperament.
Voilà à peu près le fyftême
de cette Compagnie, dont il me femble,
que toute perfonne de bon fens fedevoit
contenter.
M. de Paty Lieutenant de Roi de
Leogane, qui avoit entrepris les fournitures
pour les Fortifications de la Caye
de S. Loiiis, y arriva deux jours après
nous. Il y étoit venu par terre. II
y avoit un chemin aifé du petit Goave
jufques-là. . On ne compte que vingtquatre
à vingt-cinq lieües. On trouve
fur cette route à huit lieües du petit
L 1 Go a v e