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¡IO NOUVEAUX VOYAGES AUX ISLES
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Experiences
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sajfârer
de la vérité
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ladés
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douce, de maniere que l'eau la furpaffoic
de fept à huit pouces. Cette malle
bien loin de fedifl'oudre, fit corps, fe
fecha, Se en moins de trois fois vingtquatre
heures, elle devint dure comme
une pierre. Je fis la même chofe dans
l'eau falée avec le même fuccès. Enfin
.unetroifiéme experience que je fis, fut
de mêler des pierres de différentes efpeces
dans ce mortier, dans faire un cube ,
& de mettre le tout dans l'eau. Elles
firent un corps très-bon, qui fecha à
merveille, Se qu'on ne pouvoir rompre
deux ou trois jours après qu*à force de
marteau.
Quoique ces trois experiences ne me
laiiTaiTent plus lieu de douter , que ce
ciment ne fût la veritable Pouflblane, je
fis encore une quatrième experience, qui
fut de faire un glacis pour unepoëfle à
farine. Mais le feu ne s'accorda pas avec
ce ciment auffi-bien que l'eau. 11 le dégrada
en peu de tems, & le reduiilt en
poufliere. Cette derniere épreuve me
convainquit, que nôtre ciment ameriquain
étoit la veritable PouiTolane, puifqu'il
en avoit toutes lesqualkez, auiîîbien
que la figure.
J e donnai part de ma découverte à M,
de Cailus Ingénieur general de l'Amerique,
qui refidoit auFor tRoyal de la
Martinique, & lui en envoyai deuxbarrils.
Il me remercia fort de ma découverte
, qui pouvoir devenir très-utile
dans le pais.
J'en ay découvert une veine aiTez con^
fiderable au moiiillage de la Martinique,
au-deiTous, & un peu à côté de la Batterie
de S-. Nicolas. La couleur étoit un
peu plus claire, Scie grain plus fini, pour
tout le refte , c'étoit la même chofe.
J'en ai employé une quantité confiderable,
après m'êtreafluré die fa qualité par
les mêmes épreuves que j'avois employés
pour connoître celle de la Gua»
deloupe.
t)i on veutqueles ouvrages conilruits Prkuavec
de la PoufTolanc faflcnt un corps
folide. Se durent long-temps, il faut
avoir foin de bien arrofer la maçonnerie Jol^.'
pendant fèpt ou huit jours. A faute de
cela, la chauxfemblefe rallumer, elle
confommelaPouiTolane, Si la réduit en
poudre.
Le hafard ma fait trouver du Plâtre
àlaGuadeloupe. Ce futdans laFalaife,
au bas de laquelle coule la riviere des
Peres ou de S. Loiiis, qui nous fepare
d'un grand terrain appellé le Parc,
qui eft de la fucceffion de feu M. Hoiiel.
J e cherchois un endroit pour faire un Püm
fentier pour aller au Parc, d'oùjevoulois
tirer des bois d'Acajou que j'y avois
fait travailler. En faifant foiiiller en
quelques endroits auprès d'un canton de
terre éboulée, je découvris des pierres de
talc aflezgrandes. Je fisfouillerplus avant.
Seje trouvai des pierres qui me parurent
de même efpece que celles qu'on
tire des Garrieres de Montmartre près
Paris. J'en fis cuire, Se elles me donnèrent
de très-bon Plâtre, Il y a une infinité
de chofes dans les Ifles, dont on tireroit
de grandes commoditez, fi on fe
donnoit la peine de les chercher,. Se de
les éprouver.
Le Pere Romanet vint de la Martinique
fur la fin du mois de Juillet, pour
s'embarquer fur un Vaifleau qui devoic
partir inceiTamment pour France. Moa
ancien Compagnon lePereMondidieivintauffipûurle
mêmefujet. Ilsm'apporterentuneLettreduSuperieurgeneral,
quimechargeoit depourvoirà leur
embarquement. Je voulus m'accommoder
avec le Capitaine du VailTeaupour
leurpaflàge. Il me dit,, qu'il fe content
o i t , pourvû que je leur donnaiTe des
provifrons. Se qu'il ne demandoit rien
autre chofe. Cela s'étoit toujours pratiqué,
F R A N C O I S E S DE L'AMERlQ_UE. 5"
tiqué ainfi. J e leur fis embarquer une amis qu'auparavant. Cette petite co^ hot,
S u e devin deBordeaux, deux da- redion fraternelle fit rire toute l'Ifle, Se
mesieannes de vinde Madere, foixante apprit à ce Capitaine, & afesfemblables
Poules, douze Coqs d'Inde, fix Mou- à ne pas faire de ces fortes de tours a
Tons, fix Cabrittes, Se quatre Cochons, leurs PaiTagers. j „ ^
avecdeuxcentlivr;debifcuit,descon. M.leComtepefnotsChefd'Efcadre
fitures, des fruits, Se des herbages tant des Armées du R o i , etoit arrive depuis
qu'on en voulut. Au bout decinqmois, peu à la Martinique, pour remplir la pla- ae-
I s me donnèrent avis qu'on leur avoit ce de Gouverneur general des Ifles, qui ntr*l.
fait payer cent franc chacun pour leur étoit vacante par le décès du Marquis
paiTase, Se même qu'on avoit arrêté d'Ambliraont. Il vint à la Guadeloupe
leurs hardes jufqu'au payement, Se ils le z j de Juillet. Je l'accompagnai dans
m'envoyerent la quittance, la vifite qu'il fit avec nôtre Gouverneur,
Je crus devoir faire fentir cette fri- d'une partie de l'Ifle. Il approuva ce
connerie au Capitaine, quand il revien- qu'on avoit propofé de faire cinq ans audroit.
Il arriva en effet quelque tems paravant, qu'onavoitmêmecommencc,
après. Se ne manqua pas, felon lacoû- Se que la paix avoit fait interrompre. Il
îume, de nous venir voir. Se de nous exhorta M. Auger de fe mettre en état
offrirfesmarchandifes. Jenelui disrien dedéfenfe,parcequ'onnedoutoitpoint
fur le fujet des deux Religieux qu'ilavoic que la Guerre ne fût prochaine, il lui
paffez en France. Je prisdefesmarchan- promit tous les fecours dont ilauroitbedifes
autant que nous en avions befoinj foin. Il me pria d'avoir foin des travaux.
Se quand ce vint au payement. Se qu'il Se me promit d'écrire au Miniftre les
m'apporta fon compte, je lui dis qu'il fervices que j'avois déjà rendus. Se ceux
oublioit de nous créditer des provifions que je continuerois de rendre, afin qu'il y
que je lui avois fournies à fon dernier eût égard. Il n'a pas été le feul qui a
voïage, dont je lui donnai le compte, écrit en Cour les peines que je nie fuis
qui fe montoit à plus de trois cent francs, données, les travaux qui j'ai fait faire, ÔC
II voulut crier ( mais fans faire de bruit, les fervices que j'ai rendus à l'Ifle de la
jelefisafljgner. Se comme il dit par fes Guadeloupe pendant plus de deux ans
défenfes, que ces provifions avoient fer- que j 'y ay fervi comme Ingenieur, fans
vi pour le palTage de nos deuxReligieux, avoir jamais reçu la moindre marque de
je prefentai la quittance de deux cent reconnoiffance, du moins jufqu'à l'imfrancs
de fes Bourgeois fpecifiée pour preifion de ces Mémoires. M. Defnots
leur paffage Se nourriture. Il fut con- nous fit l'honneur de nous venir voir, Se
damné à me pafler à compte les provi- de dîner chez nous. Comme je lui dis,
fions qu'il avoit reçûës,Se aux dépens. Je que je n'attendois que le retour du Pere
ne voulus pourtant pas joviir de tout l'a- Imbert, pour m'en aller à la Martinique,
vantage que j'avois fur lui, je lui laiffai faire travailler à la couverture de plomb
le choix de me payer mes provifions, ou de nôtre nouveau Bâtiment, il remit à ce
de me pafler à compte les deux cent francs tems-là à examiner le Mémoire que j'aportez
par la quittancej il prit ce dernier vois dreffé des chofes qui nous étoient
parti, i reçût comme argent comptant neceflaires pour mettre l'Ifle en état de
la quittance de fes Maîtres, Senousfû- défenfé, qu'il nous promit de nous faire
mes quittes, quoique un peumoins bons fournir abondamment.
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