Mj
.ï . n.^
m : . 4
i ai
I l i ;::'' ,iil
. . . f f f - 1 - ^ f
FI 't '
i l l ! , , . , ' 1 • -
Manìere
de
fUnttr
les arires.
î f ô NOUVEAUX VOY
plusexpofez aux vents Scplus difficiles
à couvrir, il eft certain qu'ils durent
très-peu , que les racines des arbres font
bien-tôt dciTcchées. La raifon en eft
evidentc, on ne doit fouffrir aucunes
herbes fous les Cacaoyeres j il eft donc
facile aux eaux qui tombent d'emporter
la terre , êc d'expofer en très-peu
,de temps les petites racines rempantes,
& enfuite la racine principale à paroî-
-rre à découvert ôc à manquer de fraîcheur,
de fuc & de nourriture.
Suppofé donc que la terre foit telle
que je viens de dire, les arbres qui la
couvroient, abbatus & brûlez avec leurs
fouches, les lizieres plantées & en état
de parer le vent , auffi bien que les bananiers
qui les doivent couvrir, on
doit labourer tout le terrain à la hoiie
le plus profondément qu'il eft poffiblc.
J e fcai que bien des gens negligent cette
préparation, mais elle m'a toujours pai
u£ neceiTaire, & ellel'eften effet. Un
terrain labouré cft plus en état de recevoir
également dans toute fon étendue
la pluie & les rofées-, on arrache en labourant
des racines & de petites fouches
•d'arbriiîeaux ou des plantes qui ne parûiftent
point, & qui venant à croître
& àgrener, donneroient bien de l'exercice
à ceux quiferoient chargez du foin
de laCacaotiere. D'ailleurs un terrain
labouré cft toujours plus uni , & par
conicquent plus aifé à divifer, & à tracer.
C'eft à quoi on ne manque jamais
de travailler aulfi-tôt que le terrain eft
en état. On fe fert pour cela d'un cordeau
de la longueur de tout le terrain,
divifé par des noeuds ou par des marques,
de huit en huit pieds, 6c on planre
en terre un piquet à chaque divifioù.
Lorfqu'un rang eft achevé , on leve le
cordeau, & on l'éccnd à huit pieds de
diftancedes premiers piquets,obfervant
qu'il foit bien paralellement, & que les
piquets foient en quinconche. J'en ai
A G E S AUX ISLES
dit la raifon dans mon Traité du Tabac;
Ceux qui en voudront fçavoir davantage,
prendront la peine, s'il leur plait,
de confulter M. de la ^ i n t i n i e dant
fon excellent Traité du Jardinage & de
la culture des arbres -, c'eft ainfi qu'on
trace & qu'onpartage le terrain que l'on
veut planter en Cacaotieres : ce qui fait
voir qu'un terrain de cent tôifes, ou
de deux cent pas en quarré peut contenir
cinq mille fix cent vingt cinq pieds
d'arbres.
Il y a des habitans qui plantent leurs
arbres à fix pieds les uns des autres,
& il s'en trouve d'autres qui les mettent
de cinq en cinq pieds. Les premiers
prétendent que cette diftance eft fuffifante,
& que le voifinage des arbres
fait que le terrain étant plutôt couvert,
les mauvaifes herbes y peuvent moins
venir, &la Cacaotierc être entretenue
dans la propreté qu'elle doit avoir avec
bien moins de travail. Ces raifons feroient
bonnes, fi la trop grande proximité
de ces arbres ne lesempéchoitpas
de croître^ & de trouver fuffifament de
la nourriture pourporter de beau fruit:
car,commeje l'ai dit ci-devant,ces arbres
veulent une terre de beaucoup de fuc,
Se produifant comme ils font deux fois
chaque année,des fruits très-gros, il cil
certain qu'il leur faut un terrain confiderable,
foit pour étendre leur branches,
foit pour y trouver de la nourriture.
Ceux qui les plantent de cinq en cinq
pieds, ont pour eux la raifon que je
viens derapporterdes premiers} en effet
les arbres étant proches les uns des autres,
couvrent bien-tôt leur terre, ÔC
empêchent les herbes d'y croître , &
quand on leur objeae que les arbres
font trop voifins , ils difent que leur
intention eft d'en couper la moitié dès
qu'ils s'appcrcevront qu'ils commenceront
à fe nuire les uns aux autres , &
de laifler ainfi dix pieds de diltancé entre
F R A N C O I S E S DE L'AMERIQ.UE, jf ;
trc les rangs, comme les Efpagnols le planter après qu'elles font tirées de la
pratiquent. Il n'y a rien à dire à cela, coiTe, l'air quiagiroit delTus, lesfechefi
on l'executoit} mais il paroît bien roit aflez pour les empêcher de lever,
dur à un habitant de couper la moitié On met ordinairement trois amandes,
de fa Cacaotiere, quand elle rapporte, ou trois graines, pour parler comme
ou de fe priver ainfi delà moitié de fon on fait aux liles, autour de chaque piprofit}
on aime mieux lailTer tous les quet, éloignées d'environ trois pouces
arbres fur pied, en fe flatant qu'ils trou- • les unes des autres. Si_ le terrain à été
veront aflez de quoi s'entretenir, & à labouré tout reccmment , on fe contente
la fin on fe trouve la duppe de fa folle de faire un trou avec un piquet de trois
efperance , & on voit tous les arbres à quatre pouces de profondeur, & d'y
périr les uns après les autres, fans être
à temps d'y apporter du remede.
Bien des expériences m'ont convaincu
quela plus jufte proportion qu'on pouvoit
donner aux arbres, étoit de huit
couler l'amande enforte qu'elle y foit
droite, Je gros bout en bas, & on la
. couvre legerement de terre. Si le terraia
n'a point été labouré, on remue la terre
autour des piquets avec un petit inftrupieds
de diftance des uns aux autres aux ment fait comme le fer d'une houlette,
Antifles; car aux grandes Ifles & à la on y fait un trou, & on y introduit
Terre-ferme où les terres font plus profondes
Se plus grafies, on doit y donner
jufqu'à dix & douze pieds, afin que les
arbres qui font pour l'ordinaire plus
grands & plus gros, aient tout le terrain
qui leur eft neceflliirc.
On fait les plans ou allées les plus
droites qu'il eft poffible, non feulement
pour l'agrément, mais encore afin de
voir avec plus de facilité le travail des
cfclaves qui peuvent moins fe dérober
delà veûe du maître, ou du commandeur
dans une Cacaotiere bien alignée,
que-fi les arbres étoient plantez au hazard,
& en conhifion. Outre que dans
les récoltes on eft moins expofé à laifler
l'amande.
La raifon qui oblige de mettre trois
amandes à chaque piquet, cft afin
d'avoir de quoi remplacer celles qui
viennent à manquer, comme il arrive affez
ordinairement. Quand cela ne fe trouve
pas, Se que les arbres ont un pied &
demi, ou deux pieds de hauteur, on
choifit celui qui eft de plus belle apparence,
pour le laifler en place, & on
leve les deux autres, pour s'en fervir à
remplir les lieux qui en manquent, ou
pour les planter en d'autres endroits.
C'eft auflî à ce deflein qu'on fait des
pepinieres.
J'ai demandé à des habitans habiles
du fruit aux arbres, parce qu'on les pourquoi ils ne plantoient pas toutes
ceiiille en fuivant les allées les unes après • leurs amandes en pepiniere pour les leles
autres. verenfuite. Scies planter à demeure dans
Le terrain étant ainfi difpofé, on at- les terres qu'ils avoient deftiné pour cetend
le dernier quartier de la lune, Sc la. Ils m'ont afluré que l'expérience leur
que le temps foit pluvieux, ou du moins avoit appris, que les arbres plantez de
fombre 6c difpofé à donner de la pluye. cette maniere ne réiiflîflbient pas bien,
Mmitrt On prend des Cofles de Çacao, qui parce que leur principale racine étant
l'/li"' ceiiillies, on les oii- très-de icate, il étoit impoflîble^ quelque
'mJite! amandes, 6c fur le foin qu'on fe donnât de la tirer de terre
champ on les met en terre. Il eft cer- fans l'endommager, ou en elle même, ou
tain que fi on differoit un peu à les dans la petite chevelure dont elle eft
^om. I L Z 2 gar-
' i y n