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40X NOUVEAUX VOYAGES AUX ISLES
I7t3' beaucoiipj car il etoit difficile dc croire
que les ennemis cuiîenc choiii ce lieu
pour faire leur defcente en aianc d'autres
plus aifezquecelui-hl. Oncrutque
ce ne feroit qu'une teinte pour nous y
attirer pendant qu'ils feroient leur veritable
attaque àlaSavanne &àrembouchuie
dc la Riviere des Peres. Ce fut
fur ce préjugé que le Gouverneur changea
encore une fois la diftribution de
Ics poiles, 8c qu'il fe trompa. Il envoia
deux Cavaliers pour faire venir
les Troupes qui étoient à l'Ance Vadelorge
& par delà, & me chargea de
les aller attendre au grand pafl'age de
la Riviere du Pleffis, afin deles porter
au haut de cette Riviere, à mefure qu'elles
arriveroient. Ces Troupes étoient la
compagnie de Thomafeau, celle des
Enfans perdus, ôc celle des Negresqui
faifoient z8f. hommes. Il me donna
deux Cavaliers pourlui donnerdesnouvelles
de ce qui fepaiTeroit, & fur tout
de l'arrivée de ces trois Compagnies.
Uiftri- J^ poftai les Troupes felon la derniere
button diftribution le long de la Riviere du
daTrQH- Pleffis en cet ordre : au petit poftequi
t J ' d e ^^ ^ l'embouchure de la Riviere, le
hu. Gabriel le R o i Enfeigne de la compagnie
de Saint Loiiis, brave hom'me
6cbon Officieravecvingt-cinqhommes
de fa compagnie, & dc celle du Sieur
Loflaujc'étoit à peu-près ce que ce polte
pouvoit contenir. Au fécond pofte en
remontant la Riviere le Sieur Loftau
avec fa compagnie. Au paflage de la
même Riviere les compagnies des Sieurs
de Bourg & des Vaux. A un autre paffage
devant la maifon du nommé Boitout,
la compagnie du Sieur TrezelSc
plus haut celle du Sieur Chevalier. Ces
cinq compagnies faifoient Z63. hommes.
Le Gouverneur s'étoit pofté au
Morne de la Magdeleinc avec fes Volontaires
6c les compagnies des Sieurs
Roulle, Defprez, Heurtaut,Rouireau
& Sain , qui faifoient 317. hommes.
L e Sieur du Chatcl avec fa compagnie
fut pofté au Baillif, & le refte des T roupes
qui faifoientencoreprèsdefix-cens,
hommes fut pofté depuis la Riviere du
Baillifjufqu'au Bourg de la Bafle-Terre.
Après que j'eus établi les Troupes le
long de la Riviere du Pleffis, je revins
au grand paiîage oti je dormis un peu
fur le bord du chemin enveloppé dans
un manteau qu'on me prêta.
C H A P I T R E I V .
Les Anglais mettent leurs Troupes à terre. Ce quift pafa depuis la defcentê
jufqu'k l'abandonnement du Bourg de la Baffe-ferre.
'Inquiétude oii j^tois dc ce C'étoit le vendredi 23. Mars. LeCavaque
les trois Compagnies
qui étoient à l 'Ance Vadelorge
ne venoient point, m'obligea
d'envoier deux Negres pour en
fçavoir des nouvelles, & de dépêcher un
des deux Cavaliers au Gouverneur pour
lui donner avis que ces Troupes ne paroiUbient
point quoiqu'il fût quatre heures
du matin, & que j'euile envoie deux
exprès pour ¡en fçavoir des uouvelies.
'in
lier revint à toutes jambes me dire de la
part du G ouverncur,que fi elles n'étoient
pas arrivées dans une heure, je le lui fiffe
fçavoir. L e Major paiîa fur les cinq heures
, il me dit qu'il n'avoit point vû les
Cavaliers que le Gouverneur lui avoit
envoié , & que les trois Compagnies SJJ
ne quitteroient point leurs poftes fans uni i [ -
ordre exprès. Il voulut bien y retour- "»""i"
nerfur le champ, à ma priere jafin de les
fiiire
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F R A N C O I S E S DE
1703. faire venir, 6c cependant je fis fçavoir
ce contre-temsau Gouverneur. Comme
il fçavoit l'importance du pofte du haut
de la Riviere, qui étant pris, donnoit
lieu aux ennemis de nous prendre par
derrière; il m'envoia fur le champ les
Compagnies de Roul l e 6c de Heurtaut
qui étoient au centre de fon pofte, afin
que je puiTe garnir celui d'en haut , me
marquant qu'à mefure que les trois compagnies
arriveroient, je les poftaiTe au
grand paflage de la Riviere du Pleffis en
lui envoiant celles qui y étoient, ou que
j e les lui envoiaife ii elles n'étoient
pas trop fatiguées.
Pendant que j e conduifois les deux
Compagnies qu'il m'avoit envoié,nous
appèrçûmes une grande fumée au quartier
des habitans, 6c un peu après une
femblableà l'Ance Vadelorgcj 6cauffitôt
l'Amiral tira un coup de canon,
quelques momcns enfuite il en tira un
fécond, 5c environ un demi quart après
un troifiéme.
hsAn- C'étoient les Anglois defcendus aux
gian Habitans pendant la nuit qui avoicnt
mettent^ tnis Ic fcu à quelques maifons pour fi-
" enal à leur Amiral q aux ¿il- Ç u'ils étoient à t•e rre, .
iitans. ^ peut-être auffi pour nous attirer de
ce côté-là 6c nous couper.
L e Major arriva enfin au lieu oii
étoient nos trois Compagnies , 6c les
fit partir pour nous joindre dans le tems
que le détachement Anglois deftiné pour
mettre à terrea l'Ance Vadelorge y débarqua
} nos gens n'avoient d'autre avantage
fur les ennemis que celui d'avoir
monté le Morne de l'Ance avant eux,
dc folte que quand les deux partis fe
trouvoient chacun furia crête d'un Morne,
le vallon entre-deux, ils fefufîlloient
ce qui retardoit beaucoup lamarchpde
nos gens. Le malheur voulut encore
qu'au lieu de prendre le chemin ordinaire
par k grand paflage,ils prirent celui du
S L'AMEIIIÇ3lUTZ.
haut de la.Riviere, parce que c'étoit le 1703-
pofte qu'ils devoient occuper félon la
premieré diftribution qui avoit été faite.
Dès que l'Amiral eut tiré le troifiéme
coup de canon, on vit déborder trentedeux
chiiloupes chargées deTroupesqui Jn?»^«
s'avanccrent en bon ordre pour defcendre
dans l'Ance du gros François. Le ^ids.
pofte de la droite 6c le canon qui étoit à "
la gauche firent un fi beau feu qu'ils les
obligèrent de fe replier fur l'embouchure
de la Riviere du Pleffis, afin de fe couvrir
d'un petit cap qui termine l'Ance:
mais l'Officier que j ' y a vois pofté avec
z j . hommes 6c environ encore autant
qui y coururent du pofte voifin, firent
un feu fi vit" 6c fi continuel, 6c leur
tuerent tant de monde, qu'elles furent
obligées derebrouflcr chemin deux ou
trois fois. A la fin il partit de l'Amiral
une chaloupe avec un
Ion , fur l'arriéré de laque
rand paville
il y avoit
un Officier le fabrc à la main, qui les
obligea d'aborder, 6cfauter à terre, 6c
qui renvoya furie champ les chaloupes
qui dans deux ou trois voyages qu'e les
firent débarquèrent quinze à feize cent
hommes.
Pendant que ces chofes fe pmflbient
j'eus avis que nos trois compagnies paroifl'oient
fur la hauteur dc l'autre côté
de laRivierej je courus à toute bride
à un paflage 6c je leur fis fignede venir
à moi , elles vinrent auffi-tôt, je parlai
aux Officiers -, mais comme elles
étoient fort iatiguées du chemin qu'elles
avoient fait en montant tant de Mornes
, je pris le devant pour m'en retourner
au grand paflage, 6c envoyer
en diUgence deux compagnies au pofte
du Gouverneur, que celles qui mefuivoient
alloient remplir. Comme chemin
failànt j'avois la vûë attachée fur
la mer, je me fentis tout d'un coup
tirer en bas de mon cheval par les Negres
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