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24 NOUVEAUX VOY A
16<JJ. que j'étois relevé par le Rafineur avec les .
fix autres Negres. ' Comme nous com- ;
mençâmes cette Garde dans un tems_où
nous ne faiiions pas du Sucre, je me fouciai
peu de cette fatigue j mais lorfque
nous commençâmes à travailler, je loiiai •
deux Ouvriers blancs de nos voifiiis qui :
yvvenoient toutesles'nuits.-' ; ' •
On vit feize jours après, que ma pré- -
caution n'étoitpas inutile. LeCorl'aire •
qui avoit fait ladefcente au Marigot revint
, ou pour avoir fa revanche, ou pour
fçavoir des nouvelles des gens qui lui -
z'Haht- manquoient. Il arriva dans nôtre Ance
taùon un peu avant minuit, & brouilla fesvoi- ;
^es ja- les. Le Negre qui étoit enfaétion m'a-
Iflâtta- auiH-tôt i je fis prendre les armes,
é,uéffar & j'envoyai un petit Negre quej'avojs
hsAn- avec moi, dire au Rafineur de venir •
: promptement avec les autres Negres, •
mais fans bruit, 8cenfuivantlebord de
]a riviere. Cependant je m^embufquai
avec mes gensderrieredegroiTes roches
au bord de ia mer. Je vis qu'il fe détacha
de la Barque un grand Canot, oîi il pouvoir
avoir vingt-cinq à trente hommes,
qui étoit fuivi d'un autre qui me parut
plus petit. Lorfque le premier fut à la
portée de la voix, je demandai d'où
etoit le Canot. Cette demande à laquel-
, le ils nes'attendoientpasjlesfurprit, on
: me répondit cependant en bon François ,
qu'ils étoient de la BaiTeterre. Je m'informmai
de quel Vaiifeau ils étoient56c
ce qu'ils cherchoient ,ils rne nommèrent
un Vaiifeau qui étoit parti depuis quelques
jours, & qu'ils cherchoient le
moiiiliagedeSainte-Marie qu'ils ne connoiflbient
pas bien:. C'en fut aflez pour
me convaincre qu'ils étoient ennemis, &
jour les payer delà même monnoye,je
eurs dis de venira terre, & que je leur
donnerois quelqu'un pour faire mouiller
leur Barque. Ils ne me répondirent plusj.
laais étant denaeiirez quclqiies momens
GËS AUX ISLES
comme à confulter ce qu'ils avoient à fai- 1^97.
rè, ils fe mirent à nager tout d'un coup
de toutes leurs forces. J'avoisun Negre
auprès de moi qui tiroic très-bien, je lui
dis de tirer fur celui qui gouvernoit, afin
de faire venir le Canot en travers dans "
lesbrifansi il tira, Scne manqua pas fon
coup : car je vis tomber l'homme qui
étoit fur l'arriéré duCanot. Noustirâmes
enfuite l'un après l'autre, & felon
les apparences avec fuccès, puifque au
lieu d'avancer, ils icierent en arriéré.
Heureufement pour eux ils n'étoient pas
encore engagez dans les groifes laines :
car s'ils avoient été quatre ou cinq toifes
plus près de terre, ils étoient perdus fans
reifource. Je fis encelaune très-grande
faute, & ma précipitation lesfauvacontre
mon intention. Mais la nuit quoiqu'aflezclaire
metrompa, & melesfai- "Î^lonfoit
paroître plus près qu'ils n'étoient en tre.
effet, quandje commençai à faire faire
feu. Nousrechargeâmes au plus vite, 8c
foit que nos coups qui avoient porté, les
euffcnt mis en defordre, foit qu'il y eût
de lacontellationentr'cux pour avancer,
ou pour reculer,nous fîmes trois décharges
avant qu'ils fe fuiFent déterminez.
Cependant le Rafineur arriva avec le refte
des Negres armez, qui furent fuivis un
moment après de tous les Negres de
l'Habitation,même des femmes tous armez
de fagayes & de bâtons. Jel'envoyai
à un bout de l'Ance, où il mefembloic
que le petit Canot avoir porté-. 11 l'y
trouva en effet, mais arrêté au-delà des
groffeslames: iltiradeffus, Sclefit retirer.
Le premierayant voulu tenterencore
une fois de venir à la charge, reçût
nôtre décharge fi à propos qu'il fut obligé
de fe retirer. Les deux Canots fe joi- Maugnirent,
& fe mirent à faire feu fur nous.
J'ordonnai aux Negres qui n'étoient
par armez de fe mettre ventre à terre , ¡aim
pendant que nous répondions de nôtre George-^
mieux
F R A N C O I S E S D
mieux àleurs coups de fufil. Après fept ou
huit décharges de part & d'autre,ils fe retirèrent
à leurBarque,& firent fervir leurs
voiles.Je n'eus qu'un de nos Negres legerement
bleffé. A l'égard du Corfaire, j'ai
fçû deux ans après,qu'il avoit cinq bleffez
ÔC trois morts 5c que cette perte l'avoit
entièrement dégoûté de faire des defcentes
fur nos Côtes, comme il avoit reiblu.
Le Lieutenant de Roi & les Officiers
nous tinrent parole, & perfonne ne vint
ànôtrefecours. J'en fus charmé; car on
voit par ce que je viens de dire, que je
n'en eus pas beioin. Je ne laiffai pourtant
pas de me plaindre; tout ce que je gagnai,
fut de n'être plus inquiété au fujet de
mon Rafineur,8c des autres Domeltiques
blancs quand j'en ay eu.
Il m'arriva quelque rems après cette
affaire, une avanture qui mit l'alarme
chez nous. Etant venu me coucher après
avoir fait mon quart au Corps de Garde,
je me misa lire dans mon ht pour m'endormir.
Lorfqueje commençois à m'affou'pir,
jefus éveillé par nos chiens qui
fe mirent à abboyer dans la cour d'une
maniere extraordinaire. Je fis lever un
ferviteur, qui couchoit dans ma chambre,
pour voir ce que c'étoit. Dans le
moment qu'il ouvrit la porte de la falle,
C H A P I
E 'L'AMERIQ^UE. ij
jel'entendisjetterungrandcris,Scj'oiiis Kitten
même-tems un trépignement dans la
falle, corame fi plufieurs perlbnnes y fuffent
Arrivée du Pere Su^erkur General de nos Mijjlons, é- de l'Archevêque de
S. Domingue. EcUpfe totale du Soleil.
Am
entrées avec impetuofité. La premiere
penfée qui me vint, fut que le
Corps-de-Gardes'étoitlaiflefurprendre,
Scqueles Anglois étoient dans la maifon. ^¡¡^^^g
Je fautai du lit, je pris mon fufil qui cau/ée
étoit à côté de moi,6c fortisde ma cham- /•«r»»
bre avec la précipitation qu'on fe peut
imaginer, pour tâcher de repoufler les
ennemis, en mejoignant à quelqu'un de
nos gens. Comme je ne vis perfonne dans
le cour, je demandai à ce ferviteur ce
qui l'avoit obligé de crier, mais il étoit
fi éfrayé, qu'il fut long-tems fans pouvoir
proferer une ièule parole. A la fin, il me
dit qu'un ferpent qui pourfuivoit nos
chiens, etoit entré après eux dans la falle,
& étoit paifé entre fes jambes. Je ne
jugeai pas à propos de rentrer dans la
falle fans bien regarder où je mettrois les
pieds; j'envoyai chercher un flambeau de
bagacesà la lumiere duquel je vis le ferpent
qui s'étoit loùvé à la porte de ma
chambre, &nos chiens qui étoient fautez
fur la table. Je regalai le ferpent d'un
coup de fufil, qui mit fin à la peur du
ferviteur, 8c de nos chiens, 6c à l'allarme
qu'il m'avoit donné.
T R E V.
lEPere Paul Supérieur General
' de nos Miffions étoit à S. Domingue,
comme je l'ai dit dans
un autre endroit, lorfque les
Angloi'j-ians le Vaiifeau qui fer s^oit d'Ho.-
pital, que fa charité l'avoit obligé de préférer
à un autre Bâtiment, où il auroit été
, — ^ plus en fûreté,maisoù iln'auroitpaseu
Flibuftiers, Volontaires Se Negres c^ue 'occafiondefecourirlesbleifez&lesmal'onarma,
fejoignirentauSieurdePoin- lades, qui étoit le but defonvoyage. Sa
tis pour l'expédition deCartagene.il crut prife ne lui caufa aucun dommage, il ne
devoir les accompagner, parce qu'ils n'a- perdit rien,parce qu'il n'avoit rien ,& les
voient perfonne pour leurs adminiftrer Anglois eurent plus de refped pour fa
teSacremens.il fut pris au retour par les vertu,que leSieur dePointis qui en a par