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laCroix.
les déliiirc
du ^
Demon.
114 NOUVEAUX VOYAGES AUX ISLES
maifon. Ils font fürs, & l'ont éprouvé
une infinité de fois, que pendant quecc
figne facré de nôtre falut demeure chez
eux ' — ' '
Comment
on
efKpêche
te Demon
de
lourmenter
ceux (¡:n
ne font
pas encore
ifiipifex..
La (Olir
•verß-on.
àes'Caraïbes
a
ité impofible
.jufijiiapreftns.
, le Diablen'ofe pas en approcher,
ni leur faire le moindre mauvais traitement
j mais comme ils font fort fuper^-
flitietrx, s'il arrive qu'ils ne prennent
rienàlachafleou à la pêche, ils s'imaginent
auffi-tôt que c'ell le Diable qui en
cft caufe; 8c qui eft en colere contre eux,
à caufe delà Croix qu'ils ont fait placer
dans leurCarbet, & fans autre formalit
é ils prennent la C roix, la b rûl ent , ou
la mettent en pieces, fauf à eux d'en demander
une autre, fi le Diable revient
les tourmenter une autre fois, comme
cela ne manque jamais d'arriver.
On m'a fou vent amené des Negres enfans
& adultes, qu'on difoit obfedezSc
tourmentez du Diable. Lorfque je ne
jugeois pas à propos de les baptifer fur
"le champ (carie Baptême les délivreabfolument
de toutes es attaques du Demon
) je beniiTois une petite Croix de
bois ou de mé t a l , queje leur attachois au
col, & j'étois fûr que le Diable ne les approchoit
plus. C'eft la pratique comíante
de tous les Miflionnaires, qui n'eft
pas une petite preuve de la verj^té de nôtre
Religion ; mais pour l'inculquer
aux Caraïbes, ¿1 faut des forces plus que
humaines. Des Miffionnaires de toutes
les efpeces y ont épuifé tout ce qu'on a
pu s'imaginer qui pourroic les rendre capables
du Chriftianifme, fans avoir jamais
pu le leur faire pratiquer, qu'autant
de tems qu'ils font- demeurez hors
de leur pais, & éloignez deleurscompatriotes.
Ceux qu'on avoit baptifé après
une longue épreuve font retournez à leur
vomiiTeraent auffi-tôt qu'ils ont remis le
pied chez eux, & on a remarquez qu'ilsfont
devenus beaucoup plus mauvais queles
autres.
A les. voir affilier aux Frieres §C aus
inftruftions, on diroit qu'ils font entièrement
convertis. Ils font comme des
Singes, ils font tout ce qu'ils voyent
faire aux autres -, je l'éprouvois tous les
jours pendant quej'ai demeuré avec eux
à la Dominique, ils fe mettoient à genoux
quand jefaifoislaPriere avec ceux
qui étoient avec moi , faifoientle figne
de la Croix, & ne fçachantpas ce quenous
difions ils marmottoient entre leurs,
dents, comme s'ilseuflent véritablement
prié Dieu, mais quelque foin qu'on fe
donne, ils font toutes ces aétions comme
des bêtes, fans reflexion, 6c fans vouloir
entrer dans les raifons pour lefqu'elles
on les leur fait faire.
Dans les commencemens qu'on travaiiloit
à leur converfion, les Miffionnaires
y ont fouvent été trompez. Les
voyant bien inftmits, affidus aux Prie?
res & aux Catechifmes, ils croyoient
les pouvoir baptifer avec fûreté > & pour
le faire avec plus de pompe, & leur
infpirer des fentimens plus relevez ds
nôtre Religion, on les conduifoitaux
Mes Françoifes, où les Gouverneurs ÔE
les principaux Habitans, fe faifoientun
plaifir d'être leurs Parains;. & dans ces
occafions onkur faifoit des prefens, &
on les regaloit bien. Cela les contentoiï
beaucoup -, mais au bout de quelques
i'ours ils demandoient d'être encore
laptifez, afin de ¡recevoir de nouveaux
p r e f e n s & dès qu'ils'étoient retournez
chez eux, ils fe mettoient auffi peu en
peine de leur Baptême, que s-ils ne l'eufiènt
jamais reçu, Toûjours prêts à le recevoir,
autant de fois qu'on leur auroic
voulu- donner un verre d'Eau-de-Vie j.
fans que toutes les inftruftions des Miffionnaires
ayent pii leur inculquer rien
de fixe & de teftable en matiere de Religion.
Il faudrait pour en faire des Chrétiens
perfeverans les, dépaïfer pour toujours.
Us-,
îjoo,
les Jeßiiles
ont une
Mijfion
àS.Vin
cent.
Mêjiart
de la
Domimene.
F R A N C O I S E S D
Ils vrvroicnt alors en Chrétiens, & même
en bons Chrétiens : car ils font d'un
naturel allez facile, & fuivent aifément
les exemples qu'ils ont devant les yeux.
Mais il faut s'attendre que le premier
jour qu'ils reverroient leur pais, & leur
compatriotes, feroit le dernier jour de
leur Chriftianifme. Ces raiibns, dont la
vérité eft foûtenue d'une longue fuite
d'experiences, ont enfin forcé tous les
Miffionnaires d'abandonner une. entreprife,
oil ils fe confumoient inutilement ;
de forte q.u'iln'y aplus de Religieux à la
Dominique.
La pieté du Roi entretient deux Peres
Jefuites à S. Vincent. Ils y ont perdu
quelques Religieux, qui ont été maiTasrez
par ces S^auvages, & fongeoient à
' porter ailleurs leur Miffion en i yof parce
que les Car-a'ibes avoientencore refolu
de fe défaire des deux qui y étoient, 6c
qui ne fefauverent queparuneefpecede
miracle. T o u t le fruit qu'ils y ont pû faire
a été de baptifer quelques enfans qui
étoient à l'article de la mort , fans avoir
pû convertir véritablement un feul
adulte.
Enfin lejeudy 2,8-,Janvier nôtre Barque
étant chargée, commençant à
nous e.nnuyer du long féjour que nous
avions fait chez Madame (Ouvernard 6c
aux environs, nous fîmes nos adieux, Se
partîmes fur le foir. Cette bonne femme
me donna un pannier de bananes, de la
caflavc, des crabes, & d'autres vivres
de cette nature pour le voïage. Je réconnus
fa generofité par quelques calebaffes
d'Eau-de-Vie, des épingles, des
aiguilles, des couteaux, 6c autres bagatelles
dont elle 6c fa famillefurent trèscontentes.
J'avois fait une bonne provifion d'arca,
de fléchés,île boutons, de panniers, 6c
autres uftenciles de ménage} 6c j'avois
acheté un-hamac deniariage, quiétoit
E L'AMERIQ^UE. rz f
très-beau. Quoique deux'perfonnes ne 1700Î
couchent jamais dans le même hamac, jj^^^c
ceux que les meres donnent à leurs filles de maenles
mariant font prefque une fois plus riage.
larges, 6c un tiers plus longs que les
ordinaires. Ils ont avec cela de grandes
franges fur les bords, qui font compofées
de raflade de différentes couleurs,
6c ils font peints avec plus de foin.
A propos de mariage , il eft bon de
remarquer ici qu'ils s'allient dans toutes
fortes de degrez,excepté dans le premier.
Les coufinesgermainesappartiennentde
droit à leurs coufins germains j on ne leur
demande pas feulement leur confentCr
ment. Un même homme prend ordinairement
trois; ou quatre foeurs tout à la
fois pour être fes femmes. Et lorfqub
quelqu'une eftfijeune, qu'ellenepeut
pas être encoreproprepourle mariage,,
il ne laiffe pas de la regarder comme fa
femme, 6cdes'enfervir pourfefairerocoiier
autant que la foibleffe d'un enfant
le peut permettre, pour l'accoûtumer de
bonne heure au ièrvice qu'elle doit lui
rendre toute fa vie.
On trouve par toutes les Mes des pierres
qu'on appelle Pierres à l 'oei l , parce
qu'on s'en fert pour faire fortir les ordures
qui font entrées dans les yeux.On prétend
que celles de la Dominiquefont les
meilleures} j'en fis provifion. On les
trouve dans le fable au bord de la mer.
Elles font de la figure d'un lentille, mais
bien plus petites, extrêmement polies ,
unies, licées', de couleur grife ou approchant.
Lorfqu'on a quelques ordures dans
les y eux, on coule une ou deux de ces
petites lentilles fous lapaupiere, le motivement
de l'oeil les fait tourner tout autour
de l'orbite ou rencontrant l'ordure,
elles la pouffent devant elles, 6c la font
fortir, après quoi elles tombent d'elles^
mêmes. Onn'eftpas redevable de ce fe-
Gours à aucune vertu particulière qui foit
. 0 , 3 dans
Pierres
a l'oeil.
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