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144 NOUVEAUX VOY
iyoo. futinterdit, 6c demeura pendant un an
dans cet état > à la fin il fut rétabli, £c
fervit encore quelques années. 11 demanda
le Gouvernement de la Grenade, qui
étoit vacquant par la mort du Sieur
& l'obtint. Il me reçût fort
bien, Se s'informa beaucoup du fujet de
mon voïage, je lui en dis aiîèz peu, &
feulement ce que je jugeai à propos :
après un entretien de près d'une heure,
il m'offrit fa table & fa maifon, pendant
que je ferois dans I'lfle, & m'obligea
d'accepter l'honnêteté qu'il me
iiifoit. Je fusfur les huit heures voir le
Pere Capucin qui deiTervoit laParoifle,
il étoit feul alors, il me fit beaucoup de
civilitcz, mais iléroit fort intrigué de
ma venue : il crut que j'avois des ordres
de la Cour , pour reprendre nôtre ancienne
jurifdiftion fpiritiielle, il me dit
fa penfée, metémoigna que cela lui
feroit plaifir j je ne fçais'il le difoittout
de bon, ou s'il prétendoit s'éclaircir de
mes defleins par cette confidence affeétée
je le payai de la même monnoye , &
après bien des compiimens je le laiiTai
auffi fçavant commeil éroit avant que je
"fuiîe entré chez lui. Je dis la MeiTe,
après quoi je retournai chez le Gouverneur
où je dînai. Je paiTai le refte du
•jour à m'entretenir avec lui, & à me
promener aux environs de la FoitereiTe
&c du Bourg.
Ce petit Fort étoit en ce tems-là trèspeu
dechofc, il n'avoir de confiderable
que fa lîtuation,. qui étoit en bon air,
belle, & aiTez bonne, quoiqu'elle foit
(Commandée par une hauteur qui.en efl
éloignée d'environ trois à quatre cent
pas, & qui en eft fepai ée par deux fonds
ou ravines aiTez coniîderables. Le front
de la Fortereffeeft du côté duNord-Eil,
il peut y avoir environ quarante-cinq
toifes d'une pointe à l'autre des deux
.demis Ballions qui le compofent avec un
A G E S AUX ISLES
méchant petit foiTé, fans chemin couvert
3 palifades ni glacis -, le refte de l'enceinte
étoit des angles rentrans & faillans,
avec une efpece de demi Baflion du
côté du moüillage, oû il y avoit une
batterie de fix canons, le tout très-mal
entretenu. Il y avoit une garnifon de
trente-cinq à quarante Soldats, reprefentans
une Compagnie détachée de la
Marine. Ils étoient logez dans des huttes
appuyées la plupart aux murailles du
F o r t , leurs Officiers & même le Gouverneur
étoient aiTez petitement, & fort
mal logez. La hauteur fur laquelle ce
Fort eft bâti eft efcarpée de tous cotez,
excepté de celui du Nord Ef t , où il y
a une aiîèz belle Efplanade, qui fe termine
à un ravinage au-delà duquel eft
une hauteur où eft placée l'Eglife & la
maifon du Curé, près de laquelle on
commençoitabâtir ou à tranfporterles
maifons de l'ancien Bourg, qui étoit
entre un Etang d'eau faumattre ou faumache,
comme on dit dans le país, Sc
le carenage. Il feroit facile de joindre
cet Etang à la mer par un fofTé, il eft
plus bas que la mer, & très-profond,
en forte que ce feroit un Baffin naturel
où lesVaifTeaux feroient dans une cutiere
fûreté. Tous les environs du Port &
<]u Cul-de-Sac font fort hachez , il eft
vrai que les mornes ne font pas fort
hauts, maisenrecompenfe ils font fort
près les uns des autres, & ne laifTent
entr'eux que de très-petits valons. Ce
païs ne laiiîê pas d'être cultivé. On y
fait du l'indigo, du tabac, du rocou, on
y éleve desbeftiaux Sedes volailles5 on
recueille quantité de mil & de pois,
de forte qu'on peut dire, que les Habitans
de la Grenade font des païfansaifez,
auffi en ont-ils toutes les manieres, fans
qu'il y ait d'apparence qu'ils les changent
fî-tôt : c'eft un malheur poureux
que les Habitaos de Saint Chriftophle
ne
F R A N C O I S E S
D E L'AMERIQ^UE. 14^
ici le Plan. Si laBarbade avoit un Port
ne: fe foient pas retirez chez eux après
leur déroute, ils les auroient décraffez,
& leur auroient fait prendre des airs
civils & polis, en leur apprenant à cultiver
leurs terres, fie à en tirer beaucoup
a u i î i f û r , aufîi grand, auffi commode,:
&auiîî aiféa fortifier, on pourroit dire,
que ce feroit une Ifle incomparable j les
Anglois fçavent bien mieux que nous
1700*
plus qu'ils n'en tirent. C'eft peut-être profiter de leurs avantages, ScfilaGreune
des raifons pour laquelle on fait nadeleur appartenoit, il y a long-tems
tranfporter le Bourg auprès du Fort j qu'elle auroit changé de face, & qu'elle
on a cru que le voifinage du Gouver- feroit une Colonie riche & puifTantei
neur & de l'Etat Major les civiliferoit:
n'eft pas p car il offible qu'on ait eu en
vûë de rendre le peu de Commerce qui
fe fait en cette Ifle infiniment plusdiffiau
lieu que nous n'avons jufqu'à prefent
profité d'aucun des avantages qu'on en
jeut tirer, & que depuis tant d'années
c païs eft encore défert, mal peuplé.
cile qu'il n'étoit lorfque le Bourg étoit fans commoditez , fans commerce, paudans
fa premiere ficuation. Ou a t-on
voulu dégoûter les Marchands quipourroient
s'y aller établir, & favorifer certains
Officiers, dont les maifons étoient
des Boutiques afforties de ce qui étoit
necefTaire auxHabitans, où il falloitfe
pourvoir fi on vouloir vivre en paix? Car
de dire que les maifons desHabitans, &
les Barques moiiillées dans le carenage
peuvent être plus facilement infultéesôc
pillées parles ennemis que dans l'endroit
où on commence le nouveau Bourg, ôc
dans le fond de Lacul , où les Barques
vont à prefent moiiiller, c'eft vouloir
éviter un inconvenient rare & incertain,
par un autre qui arrive tous les jours.
D'ailleurs rien n'efl plus facile que de
mettre le carenage & le Bourg en fûret
é , il n'y a qu'à faire une batterie ferroée
en forme de Redoute fur la pointe
la plus avancée, qui formelecarenage,
ou même fur les hauts fonds les plus
voifins de Chenal, qui en cet endroit
n'a guéres plus de foixante toifes de largeur
elle en défendra l'entrée mille fois
mieux que le Fort. J'ai marqué fur le
Plan que je donne du Port , le lieu qui
mafemblé le plus propre pour cette Redoute:
je m'étonne que M. de Caïlus
vre , les maifons , ou plutôt les cabannes
mal bâties,encore plus mal meublées,
en un mot , prefque comme il étoit lorfque
M. du Parquet l'acheta des Sauvages.
On voit allez par la peinture que
j'en fais, que fortant de la Barbade, je
n'avois garde de me plaire dans un lieu
fi trifte: je commençai en effet à m'y
ennuyer, avant d'avoir mis pied à terre,,
de forte qu'il nefut pas neceffaire que le
Maître de la Barque me prefTa de terminer
les affaires, pour lefquellesj'étois
venu.
M. de Bellair me prêta un Cheval le:
Lundy matin 19. & me donna un Soldat
pour m'accompagner à l'Habitation que
le Comte de Cerillac a donnée à nos Mi f -
fions, qui étant une referve qu'il s'étoit
faite par fon Contrat de vente, ne pouvoir
pas être fujette à la loi generale des
réùnions au Domaine du Roi des terres
qui étant obtenues par les voyes ordinaires
n'ont pas été defrîchées dans le
tems marqué par la conceffion.
On l'appelle le Fond du Grand Pau- ^^
vre. Je ne me fuis pas rais en peine de du
trouver l'étimologie decenom. Ceter- Gran^
rain eft à la bände de l'Oueft, environ
à quatre lieües du Fort , en allant au
n y ait pas penfé quand il a fait travail- Nord. Il a plus de mille pas de large, 6c
1er au nouveau Fort, dont on trouvera fa longueur depuis le bord de la mer
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