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3S1 NOUVEAUX YOY
reprirent aifément. J'attend,ois4onc|):atiemmciît
le tems de les voir iietjrir &
rapporter du fruit , car il faut de la patience,
puifqu'oB prétend queces plantes
font fept ans avant d'en rapporter j
j'ai cependant de la peine à le croire,
car il y a peu de plantes qui croiflent
auffi vite : mais je n'ai pû avoir cette
fatisfaûion, parce qu''une maladie que
j'eus fur la fin de 1698. m'aïant obligé
de quitter l'oiEce de Procureur Syndic
de notre miffionj le Religieux qui me
fucceda envoia des negres nouveaux pour
fareler la Cacaotiere où étoit la Vani l le,
la.ns les en avertir & fans la leur faire
eonnoître, ils la prirent pour uneliaHne
ordinaire dont on leur avoit commandé
de bien nettoïer tous les arbres -, ils
obéirent trop ponétuellement, Se exccuterent
fi bien l'ordre qu'on leur avoit
donné, qu'ils couperent & arracherent
entièrement toute la Vanille. Le nouveau
Syndic étant allé cinq 011 fix jours
après cette exécution voir l'état de la
Cacaotiere, & de la Vanille, fut bien
furp ris de la trouver toute détruite; il
crut la chofi^fans remede, Se ne penfa
pas à faire remettre en terre les plantes
arrachées, il n'ofa même rne le dire, parce
qu'il fçavoit les foins que j'avois de cette
plante, Se combien je ferois affligé de fa
perte. Je fus obligé de me faire porter
•au Maeouba dansle mois dejanvier 1699.
où aïant recouvré une partie de ma fant
é , j e fusau moiiillage chercher le refte,
& faire travailler au bâtiment de nôtre
couvent dont j'avois donné le plan, &
fait jetter les fondemens fix mois auparavant;
de forte que j e ne retournai au
Fonds Saint Jaques que dans le mois
d'Aouft.
Je demandai d'abord des nouvelles de
ma Vanille, & je fus également furpris
affligé, quand on médit qu'il y avoit
long-tems qu'elle étoitperie par l'acci-
A G E S AUX ISLES
dent que je viens de rapporter. Je courus
auffi-tôt à la Cacaotiere, Se contre
toute efperanceje trouvai qu'un rameau
qu'on avoit laiffe par mégarde fur un
arbre, avoit jette un long filet qui en
rampant tout du long du tronc de l'arbre,
étoit enfin arrivé à terre où il avoit
pris racine; Se quoiqu'il ne fut pas plus
gros qu'une groiTe corde de luih, i ne
lailToit pas de pûrtcï' de la nourriture à
labranche dont il étoit forti Se de l'entretenir,
quoiqu'elle eut plus de trois
lignes de diamètre, qu'elle :eut pouffé
plufieurs jeunes rameaux. Se lâns qu'il
y eut aucunediminution ivi dans la grandeur,
ni dans la force, ni dans la couleur
de fes feuilles.
Cette heureufe découverte me fit
eonnoître que la tige de la Vanille étoit
de mêmeefpece que certaines liannes,
dont j'ai parlé dans un autre endroit,
dont le pied étant coupé, les jets ou
branches qui fe trouvent fur les" arbres
renvoient des filets vers la terre qui j
prennent racine. Se leur portent la nourriture
dont ils ont befoin pour s'entretenir
6c pour fe multiplier. J'allai vifiter
les autres arbres aux pieds defquels
j'en avois planté, mais ce fut inutilement.
Je m'avifai d'aller à l'endroit où
l'on avoit jetté les mauvaifes herbes Sc
les ordures de la Cacaotiere, aulfi-bien
que les pieds de Vanille que l'on avoit
coupé j ma joie fut grande quand je trouvai
que plufieurs branches qui s'y étoient
confervées, avoicnt pris racine Se pouffé
confîderablementj je les fis replanter en
differens endroits, Se j'en fis mettre dans
des paniers avec de la terre pour lesporter
à la Guadeloupe où mes Supérieurs
penfoient à m'envoïer à la fin de l'année.
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L a connoiffance que j'avois de la
feuille Se de la tige de la Vanille, fit
que me promenant dans les bois avec
un
F R A N C O I S E S
DE L'AMERIQ_UE. 383
un de nos voifins, je découvris des liannes
qui me parurent affez femblables à
ma Vanille; j'en coupai quelques morceaux
, Se les aïant confronté avec celle
que jecultivois, je trouvai que c'étoic
la mêmechofe, àlarefervequelâfeiiille
étoit un peu plus petite Se plus mince;
ce qu'on pouvoit attribuer au terrain
qui n'étoit peut-être pas fi gras, ni fi
des pois communs, elle dure tout au
plus cinq ou fix jours, après lefquels
elle fe fanne, fe féche & tombe. Se
laiffe le piftille tout nud qui devient peu
à peu uñe filiqué de cinq, fix Se fept
poûces de long, plus plate que ronde,
d'environ cinq lignes de large Se deux
lignes d'épaifliur,de la figm'-e àpeuprè^
de nos coffes d'aricots; elle eft d'un beau
profond que celui de Cayenne d'où la verd quand elle éft jeune, elle jaunit
mienne étoit venue. Je fis part de cette à mefure qu'elle meurit, & devient
découverte à quelques voifins à qui je tout-à-fait brune lorfqu'ellc eft féche j
donnai des feiiilles de la mienne pour
les confronter avec celles qu'ils pourroient
trouver. Nos recherches ne fuie
dedans eft rempli de petites graines
ou femences rondes prcique imperceptibles
Se impalpables, qui font rouges
avant d'être meures, Sc toutes noireis
quand elles ont toute leur maturité; elles
n'ont aucune odeur fort fenfible quand
elles ne font pas meures que celle qui
rent pas inutiles, nous en découvrîmes
plufieurs pieds dans les hauteurs de la
Paroiffe de S. Marie Sc de la ^Trinité.
C'eft par ce moïen que j'ai vil la fleur
de la .Va
Vani l le, Se que j'ai ceuilli diver- eft commune à toutes les plantes qui eft
fes fois de fon fruit, c'eft-à-dire , de de fentir le verd; mais quand elles font
celle qui croît naturellement à la Martinique;
car pour celle de Cayenne que
j e cultivois avec tant de foin, elle a
fouiïert tant d'accidens, que je fuis parti
des Ifles avant d'avoir pil voir ni fi
fleurni fon fruit, comme je le dirai
ci-après.
A l'égard de celle que i'ai trouvé à Fleur V , . , • . ^ r i
fruit de la Martinique, je n ai pu profiter de
Uvanil- ma découverte, fiiute de fçavoir accommoder
la gouffe qui en provient, quoique
j'ai emploié bien du tems, Se fait
bien des tentatives pour y réùffir.
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meures , Se qu'on les froiffe entre les
mains elles rendent une petite odeur aromatique
qui eft tort agréable.
Si on laiffe les coffes fur le pied jufqu'à
leur parfaite maturité, le bout s'ouvre
, Se fait voir les petites femences noires
dont elles font remplies, qui font un
)eu humides Se comme mielleufes. Pour
ors les oifeaux qui en font extrêmement
friands, fondent deffus, achèvent de les
ouvrir avec leur bec, Sc mangent avec
avidité toutes ces femences fans toucher
à l'écorce de la filique. Je n'ai pû re-
Je n'ai point remarqué que cette ef- marquer quel efict elles produifentdans
pece de Vanille, fuppofé qu'il y en ait les oifeaux, fi elles les purgent , ou fi
plufieurs, fieurifle plus d'une fois cha- elles les échauffent ; je croirois plutôt le
que année. La fleur qu'elle produit eft dernier que le premier ; car tout le
prefque jaune, partagée en cinq feuilles, monde convient que la Vanille eft une
plus longues que larges, ondées Se un
peu découpées dans leur milieu ; il s'éleve
du centre un petit piftille rond 8c
affez pointu, qui s'allonge Sc fe change
en fruit. Cette fleur eft à peu-près de
la grandeur 6e de k confiftance de celle
chofe des plus chaudes qu'il y ait au
monde.
Ces dceouvertes me firent penferferieufeiâbrit
à m'inftruire à fond de la
maniei^e dont les Indiens Se les Efpagnols
la-préparent : car c'eft une mar-
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