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1700.
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174 NOUVEAUX VOY
libre, étoit auffi plus agréable Se plus
lucratif.
On file le tabac de diffèrentesgrolTeuTs.
•groHeun Le plus gros n'excede pas un pouce de
diametre, & le plus petit n'a jamais
moins de cinq lignes. C'eft ce petit tabac
appellé briquet, donton faifoit autrefois
un Commerce fi confiderable à
Dieppe, ce qui étoit labazc du Com^
merce que les Diépois & autres Normands
faifoient dans le Nord. On fait
les rôles de différentes grandeurs, 6c
de differens poids, c'eft-à-dire, qu'on
en fait depuis dix jufqu'à deux cent livres.
Les rôles qui viennent du Brefil
font pour l'ordinaire couverts d'un cuir
yerd, c'eft-à-dire, d'une peau qui n'a
point été apprêtée. Cette précaution
pour les confervereil: très-bonne, on s'en
eft fervi quelquefois à Saint Domingue,
mais elle n'a jamais été pratiquée aux
Ifles du Vcnt ,oî i les peaux ont toûjours
été trop rares, pour être employées à
cet ufage.
A mefure que les rôles font achevez,
on les porte au magafin : on les y couvre
de feuilles de Balilier amorties au
feu ou au foleil, & on évite qu'ils prennent
l'air. C'eft-là que le tabac acheve
de fe perfectionner, ies fucs fe cuifent par
la fermentation que la chaleur & le mouvenaent
du tour &du rouet ont excitée
dans fes parties, il devient gras, luifant,
compaéte, de bonne odeur, & également
propre à être employé en poudre
ou en fumée.
Quoique la plus grande partie du tabac
qui fort del 'Amerique, foit enrôles,
on ne laifle pas d'employer les feiiilles
de trois autres maniérés; fçavoir, en
andoiiillcs , en torquettcs , & en paquets.
Les andoiiillcs font de différentes groffeurs,
& de differens poids auiH-bien
que lestorquettes. Pour l'ordi^iaire, les
A G E S AUX ISLES
unes & les autres ne paiTent jamais dix
livres, & ne font guéres moms de cinq.
On les appelle andoiiilles, quoiqu'elles
ne foient pas d'une égale grofîeur dans
toute leur longueur, comme les andoiiilles
ordinaires font. Celles de tabac font
plus groilés dans le milieu qu'aux extrêmitez;
de maniéré qu'elles reiTemblent
aflez à un fufeau tronqué par les deux
bouts. Voici comme on les fait. On
étend fur un table des feiiilleséjambées,
prêtes à torquer, les plus grandes & les
plus faines, on en met de plus petites
par-deiTus, & comme c'eft dansie milieu
qu'elles fe croifent l'une fur l'autre, cela
fait que l'andouille eft plus grofTe dans ,,
cet endroit-là qu'aux extrêmitez. On
roule enfuite ces feiiilles qui fervent de 2,'
moule ou d'ame à celles qu'on étend, 6c
qu'on roule par-defTus jufqu'a ce que
l'andoiiilleait la groHeur qu'on lui veut
donner. Alors on la couvre d'un morceau
de grofTe toile imbibée d'eau de
mer, ou de la liqueur dont j'ai parlé cidevant
, 6c on la lie avec une petite corde
d'un bout à l'autre, le plus fortement, 6c
le plus ferrement qu'il eft poiTible, de
maniéré que totis les tours de la corde
fe touchent , 6c on le laifTe en cet état
jufqu'à ce qu'on juge, que les feiiilles
font tellement liées les unes avec les autres,
qu'elles ne font prefque plus qu'un
mêmecorps, 6cque letouteft fufEfamment
fee. Pour lors on ôte la corde 6c la
toile, 6c on en coupe un peu les deux
bouts, pour faire voir la qualité du tabac.
On en fait beaucoup de cette maniéré à
S. Domingue, qui eit excellent. Lorfquc
les andoiiilles font bien faites, 6c qu'elles
ont bien reflué, elles fe confervenC
très-bien, 6c peuvent être tranfportécs
par tout fans danger de fegâter.
Lestorquettesf^ font à peu près de k^*
même maniéré que les andoiiilles. On
obferve feulement de les faire plus Ion- ^
gues>
1700.
' F R A N C O I S E S DE L'AMERIQ.UE. Î7 5
.uesi & comme n eft f a d e deles vifi- turel le, qui porte^avec elle le tabac, & i7o».
ter par le dedans, on y met beaucoup
moins de petites feiiilÎes. Lorfqu'on a
étendu les unes fur les autres la quantité
de feuilles dont on veut compofer la torquette,
on les roule felon toute leur lonl'inftrument
pour le fumer.
On prétend qu'il eft plus naturel, 6c
plus propre de fumer en cette maniere ¿.„y-^.
pour plufieurs raifons. La premiere, gc
lie leion toute ICIU lUlJ- parce Vqu^we, lXa« fumée ne rcro nt r ade1 poin1t »¿"lusueur
puis on ployé ce rouleau par le de mauvaife odeur en paiTant par le canal
S T e u in tortilLt^es deux moïtiées pipe de terre,qu, ne m a ^
l'une avec l'autre, ÔC on cordonne ces de fentir mauvais aufTi-tôt qi elle a leivi
deux bouts, pour les tenir en fujettion. cinq oufixfois. En fécond lieu, on i^e
On met les torquettes dans des Barri- rifque point de gagner des elevures aux
ques vuides devin, 8c fi on ne fonce pas levrescomme il amvefouvent quandon
les Barriques, on les couvre bien avec fe f e r t d e pipes ou d'autres perfonnes ont
des feuilles où autres chofes. Elles ref- fumé. E t enfin, parce qu on attire a foi la
fuent, 6c en achevant de fermenter, elles
fumée du tabac bien plus pure, 6c remplie
acquièrent une belle couleur, une odeur
douce, 6c une force qui fait plaifir à ceux
qui aiment le tabac. Il eft rare qu'on
tranfporte les torquettes hors du país,
elles tiendroient trop de place dans un
de tous'les fels, Se de tous lesefprits
dont elle s'eft imprégnée en paflant le
long de la cigale.
11 eft rare de trouver un Efpagnol fans
fa provifion de cigales. Us la portent or-
Vaiffeau, Se ne peferoient pas aflez ; 6c dinairement dans de petites gibecieres,
comme les feiiilles qui lescompofent ne à peu près comme des porte-lettres, de
font pas prelTées, elles prendroientfaci- cuir de fentcur; 6c' ils ne manquent jalementl'humiditéjcontraaeroientquel
mais de prefenter de leur cigales à la
que mauvaife odeur, 8c fe gâteroient. Compagnieoù ils fe trouvent, furtout
après le repas, elles font très-propremenc
accommodées. Ce d'un tabac ou on n'a
rien épargné pour lui donner toute la
bonté, la force, 6c labonneodeur qu'on
On les employe ordinairement pour faire
le tabac en poudre, ou pour es bouts
que l'on fume.
I On ne fe fert guéres de pipes à l'A- . ,
S merique, les Efpagnols, les Portugais, y peut fouhaiter.
beaucoup de François 8c d'Anglois, On ne fait point commerce de tabac
prefque tous nos Negres, 6c tous nos en poudre hors de nos Iflcs, tout celui
Caraïbes fument en bouts, ou comme qu'on y prépare de cette façon s'y condifent
les Efpagnols en cigales. • fume. C'eft auffi en partie pour en faire,
Soutsoii Cigale OU bout de tabac eft un petit que lés torquettes font deftinées: car
dftlbL cilindre de fix à fept pouces de long, 6c comme il fiiut derouler le tabac, 6c en
tiennent de cinq à fix lignes de diametre, compo- étendre les feuilles pour les faire fecher, Mank-
''' féde feiiilles de tabac coupées de cette afin de les pouvoir piler, 8c pafîer au " J
t l1o ngueur, enve„l1o ppées dJ ans un morceau 1 ^ _ ^ »-»Imc» rtiliS
defeiiille qu'on appelle la robe tourné
proprement autour de celles qui compoient
le milieu, dont on arrête le bout
tamis i il eft bien plus aile d'étendre les ¿^ ¡^¡^^^
feiiilles d'une torquette, que celles qui enpouont
été torquées Se filées au roiiet.
Ceux qui fe piquent d'avoir du tabac
excellent, ne fe contentent pas qu'on aie
avecunfil. C'eft cette partie qu'on tient -r
à la bouche pendant que l'autre eftallu- ôté la grofTe côte de chaque
mée. C'eft comme on voit une pipe na- l'éjambant, ils ôtent encore
feuille en
toutes les
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