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S)4 nouveaux.VOYAGES AUX ÏSLES
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féaux curent long-tems bloqué Saint
Chriilophle,:& que par des marches &
contre-marches, ils .crurent avoir alTez
fatiguç les François -, ils firent enfin leur
defcentele iS.Mai 1667. entre la pointe
îles Palmiftes, & la ravinePelan, avec
beaucoup d'ordre, & fe mirent en mouvement
pour gagner le deiîbs de la Falaife
par un chemin alTez étroit qui y
conduifoit.
Le Chevalier de Saint Laurent qui
avoit diipofé fes Milices, & les Troupes,
réglées qui lui étoient venues depuis
peu le long delà côte, & fur tout aux
endroits qui lui paroilToient plus favorables
aux Anglois, que celuioiiilss'arréterent,
voyant qu'ils débarquoient en
cet endroit, y courut avec le peu de Cavaliers
qui fe trouvèrent avec lui.Le Père
da Tertre dit, qu'il n'y en avoit que
dix, &il en nomme neuf. Il pouvoit
fans craindre de fe tromper, nommer
le fieur de la Guarigue qui y étoit trèscertainement
felon le témoignage de
tous ceux que j'ai vûs,qui avoient été témoins
oculaires de cette aftion, où ceux
qui s'y tr-ouvei-ent, acquirent beaucoup
^e gloire} mais ou le fils dufieurdel'Efperance
n'eut aucune part, quoique le
Pere du Tertre l'y faffe trouver, ayant
oublié qu'il l'avoit mis au nombre de
ceux qui avoient été tuez l'année précédente
au combat de la pointe de Sable,
. _
M. de Saint Laurent fes dix Ca^
valiers ayant mispied àtene,foûtinrent
pendant un quart d'heure tous les efforts
des Ennemis, qui s'efforçoicnt de s'ouvrir
le paffàge, & donnèrentk tems aux
Troupes réglées j te aux Milices qui
étoient les plus proches^ de les joindre.
Alors le fieur de la Guarigue fe mit à la
téte des Troupes, qui étoient fous fon
commandement, 5c on refifta non-feulement
aux tentatives.réïterées que les Anglois
firent pour pénétrer dans le païs,
mais on les alla attaquer jufqués fur le
bord de la mer.
Comme le fieur de la Guarigue connoiflbit
parfaitement bien le païs,ce fut
lui qui pofta les Troupes aux endroits
qui devoient être gardez plus foigneufement,
& qui par la fageprévoyance qu'il ©
eut de garnir de monde certains pafl'ages,
dont les Ennemis tentèrent plufieurs
fois de s'emparer, aflura à fes Compatriotes
uneviétoire des plus fignalée, Ôc
des plus compiette. En effet, outre huit
Drapeaux, 6c plufieurs Tambours qu'oïl
leur enleva, onleurtuafur la placeplus
de fept cent hommes; on fit prefque autant
deprifonniers, Se on prit quelques
Chaloupes & Batteaux plats dont ilss'étoient
fervis pour mettre à terre. On n'a
jamais fçû au jufte le nombre de ceux qui
furent tuez, ou blefiez dans les Chaloupes,
ou qui fe noyerent en voulant
fe fauver à la nage à bord de leurs Bâti
m ens.
On apprit aux liles le i f . Oétobre
fuivant, que la Paix avoit été conclue à
Breda le 3 r. Juillet précèdent. Ellefut
publiée à Saint Chriltophle le zo. Décembre,
& a la Martinique le 6. Janvier
1668. & la partie Angloife de Saint
Chriftophle rendue à fes anciens Propriétaires
au mois de Juin de la même
année. •
Depuis ce teins-làjufqu'en i688M'Iile
de Saint Chriftophle joiiit d'une profonde
Paix avec les Anglois. Mais la Guerre
s'étantalluméen Europe àl'occafion
de l'invafion du Prince d'Orange en
Angleterre, lê Comte deBÎenac Gouverneur
generâl des Mes pour le Roi,
qui les avoit retirées de la Compagnie
depuis quelques années, crût que pour
aiTûrer le repos de la Colonie Françoife
de Saint Chriftophle, il falloit chaffer
lesAngloïs de la partie qu'ils occupoient.
Il
I
F R A N C O I S E S DE 'L'A M E R I Q.UE.
II vint donc à Saint Chriftophle au qui avoit fuccedéàti Chevalier deS.Laucommencement
de 1689. avec ce qu'il rent, ne s'étoit pas trouve en état d'y
put ramalTer de Troupes de la Marine, mettre le monde qUi aurolt ete neceiiairc
d'Habitans de la Martinique, & de la pour en difputer l'approche aux Enne-
Guadeloupe, 6c de Flibuftiers qu'il joi- ittis,j& il avoit été obligé de fe retirer
¿nit aux Milices de cette Ifle. Les An- dans les retfanchemens qui etoient a 1.1
glois furent attaquez avec vigueur, & petite Saline, ÔC auprès du Bourg de la
pouffez jufqu'au Fort Charles qui fut Baffeterre.
affiché & pris par compofition,après s'ê- Les Anglois s'y prefenterent, ôc raalJ
tre fong-tems défendu, 8c les Anglois gré leur grand nombre, ils furent d'atranfportez
à la Jamaïque, à la Barbades bord repouffez vivement, & I avec une
&autres Iflesdeleur Domaine. Le fieur perte confiderable j mais le fieur de la
de la Guarigue 8c fes cnfans fe diftingue- Gnarigue ayant été mis hors de combat
rentdans toutes ces occafions. par un baftonade, c''eft-à-dire, un ci-
Mais les François ne joiiirent pas long- indre de plomb de 12. à if. lignes de
tems de leur conquête. Cette Colonie longueur, 6c du diamette du calibre du
bien loin dè s'augmenter pendant une fufil, qui lui perça le (pied de part en
àuffi longue Paix, étoit éxtrêmeirient pai-t, les Habitans, qui avoient une exdiminuée
auflî-bien que toutes celles des trême confiance en lui, perdirent couautres
Ifles', parce que la culture du ta-i rage, s'ébranlerent 8c abandonnèrent
bac ayant tout-à-fait ceffé depuis qu'il enfin le retranchement, de maniéré que
avoit|été mis en parti, ceux qui culti- le Chevalier de GuitautSc le fieur delà
voient cette plante avoient été obligez Guarigue fe trouvèrent feulement avec
de vendre leurs terrains aux Habitans qui doui;e ou quinze Officiers expofez à tous'étoient
trouvez en état de faire des Su- te la fureur des Anglois^, qui par une
creries, aufquelles il fautj beaucoup de raifon qu'on n'a jamais pû pénétrer,.deterre
8c d'Efclaves, 8c prefque point de meurerent conime immobiles, 8cdondomeftiqnes
Blancs j 6c tous ces petits nerent le tems aux Efclaves du fieur de
Habitans qui ont toûjours fait le plus la Guarigue d'emporter leur Maître, &
grand nombre, 8c la force des Colonies, au Chevalier de Guitaut de fe retirer
s'étoient retirez à Saint Domingue 8c avec les braves qui étoient demeurez
autres endroits, de forte qu'il nefe trou.- dans le retranchement,fansêtre inquiétez
voit pas la dixième ne partie partie des des gens por- dans j —-1 leur retraite j. après laquelle 1—
les Ani
tant es armes qui y y étoient étoient lorfque lo
nous glois ne trouvant plus de refiftances'étendirent
de touscôtez, 8c fe faifirent
de tous les poftes les plus avantageux,
remportions de fi glorieux avantages fur
nos voifinsquiont toûjours été nos Ennemis.:
de forte que les Anglois ayant
pendant que les François fe retirerent au
Fçrt Charles 8c aux environs.
Ils ne manquèrent pas d'être bien-tôt
affiégez parles Anglois,ils fe défendirent
très-bien non-feulement dans la Fortereffe,
reçûdepuiffansiecours d'Eùirope, avec
une Flotte nombreufe, 8c levé toutes les
Milices de leurs liles, ils attaquèrent
Saint Chriftophle au mois d'Août 1Î90.
ils mirent à terre à la pointe des Salines
mais encore dans les Quartiers qui
fans y trouverd'obftacle, parce que cet font du côté de la pointe ,
de Sable, où
endroit étant très éloigné, 8c d'une trop les Ennemis ne purent jamais pénétrer ,
grande étendue, le Chevalier de Guitaut its les auroient peut-être obligez de
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