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474 n o u v e a u x VOY
eau en diligence, vous la trouverez parfaitement
douce, & fi vous vous donnez
la patience de la laifler repofer dans un
vafe, pour donner le loifir au fable qui
y étoit mêlé de tomber au fond, vous
aurez de parfaitement belle & bonneeauj
mais il ne faut pas s'attendre que ce petit
puits vous en fournira long-tems -,
en moins d'un quart d'heure vous y voiez
i'eau croître à vûë d'oeil, & devenir
lake en même tems. Cet inconvénient
qu'on ne peut éviter, eftcompenfé par
la facilité & le peu de dépenfe qu'il y
a a faire ces puits, on en ett quitte pour
boucher celui dont on s'eft fervi, & en
faire un nouveau chaque fois qu'on en a
befoin. Ceux qui aiment la magnificence,
ti-Quveront à fe contenter là-dedans,
puifqu'ils pourront fe vanter de ne s'être
wmais fervi de la même fontaine deux
fois.
Les Phificiens voïent tout d'un coup
laraifon du changement qui arriveà cette
eau ; mais.comme tout le monde n'eil pas
Phificien, il faut l'expliquer à ceux qui
nelafçaventpas, après les avoir aflbré
que ce quej'avance ici, n'eft pas une fpe-
Gulation Metaphifique, mais un fait réel
& confiant, dont j'ai fait plufieurs fois
i experience.
Tout le monde fçait que l'eau douce
clt beaucoup plus legere que l'eau de la
mer, parce que celle-ci eit chargée de
quantité de parties étrangères, quinefe
trouvent point dans la premiere. C'eft
cet^plusgrandepefanteurquifaitqu'un
vaifleau qui eit à flot dans la mer, couleroit
bas dans une eau douce, parce que
le volume d'eau, dont il occupe la plLe
dans l'eau falée, cft plus pefant que le
meme volume d'eau doucey & qu'on fe
outient plus facilement en nageant dans
Ja mer que dans une riviere: or l'eau
de pluie qui a pafie au travers du fable,
fur lequel elle eli tombée, trouvant l'eau
AGES AUX ISLES
falée, fe foûtient aifément au deiTus d'eli
e , parce qu'elleeil beaucoup moins pe-
W , Se cette legereté l'empêchant en
même tems de fe mêler, il efl: clair qu'elle
doit conferver fa douceur ; à peu près
comme l'huile fe conferve au d k u s des
autres hqueurs qui font plus pefantes
qu elle, fans fe mêler avec elles, ni fc
charger de leurs quahtez. Je fçai qu'on
me peut faire quelques objedions lideflusî
mais outre que ladigreffion que je
ferois pour y répondre mempêcheroit de
luivre le fil de mon journal, & ennuiroit
peut-être monLedeur , jecroi en
avoir dit aflêz pour mettre les gens au
fait de la queftion, & leur faire voir,
que quand on a enlevé l'eau douce, celle
quieftfalee s'élève auffi-rÔt, pour remplir
iaplace que la douce occupoit, &
remettre ainfi l'équilibre, & le niveau
qui doit etre entre elle & la furface de
la mer.
Si Serranoavoitfçu cefecret, iln'auroitpas
eu tant de peine à fubfifter fur
fon rocher, & il n'auroit pas été obligé
Îalterin ^^
11 ne faut pas s'imaginer que I'lflc d'Aves
ne foit qu'un rocher pelé, ou entierement
couvert de fable î il y a des arbnfiéaux
en quant ité,6c même des goyaviers,
descorolîbliers Scdescachimans,
petits, a la venté. Semai faits, parce
qu ilsnetrouventpas beaucoup de fond
& de nourriture. Sion y trouve dans la
luire des orangers, & des citroniers,
j e fuis bien aife d'avertir le public que
c eft a moi qu'il en aura obligation, parce
que j ai feme quantité de graines de
ces deux fruits dans beaucoup d'endroits
qui pourront être d'un grand'ibulaeement
a ceux que la providence y conduira.
^uant aux arbres Fmitiei-s que
je viens de nommer, il faut que ce foie
les oifeaux, qui après avoir mangé ces
fruits
F R A N C O I S E S DE L'AMÈRIQ^UË;
ij^oy. fruits dam les Ifles voi fines, en ont rendu appris au grattd Cul de Sac de la Guade^
les graines avec leurs excremens für celle- loupe. En échange elles m'apprirent à
ci, où elles ont germé, crû Scportédes faire cuire une poitrine de boeuf d'Irlande
fruits. De cette maniéré le bois ne nous à la manière Angloife, des pâtez en pot ,
taàiiqûoit pas, & avant que l'on eut re- des boudins deTortuë, Se je ne fçaicomcotitlu
& jugéquclenavife échoué étoit bien de ragouts, dont je pourrois faire
iiorsdetatdcpouvoirfervir,noushcnous un volume entier; Sequi fçait fi la defervions
point d'autre bois pour la cuifi- mangaifon ne me prendra pas de faire itnÜC
que de celui que nous coupions fur primer à la fuite de ces Mémoires : Lè
r i f l e , dont nous faifions une grofle con- Cuißnkr Anglois -^meriquain^ avec la mafommation
, parceque nous faifions une niere de fervir une table de cent vingts
fort grofle cuifine ; car fans compter le cinq couverts dans une Ifle dèfcrte ma-
Cuiflnier de nôtre barque, & celui du
navire, Se leurs aides, ños deux Dames
«jui avoient pris la furintendance de tout
CjÉqui regardoit la bouche, faifoient des
inerveilles, Se empéchoient bieti leurs
Efclaves d'oublier aucun des ragoûts
gtlifiquement, Se fans dépenfe.
De crainte que les Anglois ne nous
rayilTent l'honneur d'une invention de
cuifine, dans laquelle nôtre nation a eu
la meilleure part, je la vais écrire ici :
— . „ j ^ c'eftun Mouton en robe de chambre. Te
qu'ils avoient vû faire à laBarbadej en voi bieh qu'on me va reprocher que l'inun
mot , elles nous faifoient faire grande vention en eft dûë aux Sauvages ou que
Chtre, Se cela produifoit des effets mer- ce n'eft qu'une imitation du boucan de
veilleuxj car tout le monde travailloit Tortue; qu'importe: il s'agit de la défans
chagrin ; on avoit des complaiiances crireici, en faveur de ceux qui en vouinfinies
pour elles, Se à peine y avoit-t-il dront faire l'expérience, Se qui parquelqu'un
parmi nous qui penfât que viendront peut-être à la porter à uné
flous étions au milieu de la mer fur une plus haute perfedion. On prit un Mou^^
Ifledeierte. to n . Se après l'avoir faigné, on lui ou^
Les Tortues franches, dont la chair vrit le ventre, on le vuida, Se puis
cft fi delicate, ne nous ont jamais man- promptement on le remplit de fa frefqué.
Nous en confommionsbeaucoup fure hachée bien menue avec du lard'
tous les jours; nous en avons emporté de l'oignon, des épiceries, du jus de ci^
en partant une bonne provifion tant en tron, quelques canards fauvâeés coupez
vie, que falée Seboucannée; Se cepen- par morceaux, des alloüettes de Mer
daot 1 ne paroiffoit pas d'un jour à l'au- Se autres gibiers femblables, tant qu'il
tre que le nombre de celles qui venoient en pût tenir} après quoi la peau fut bien
ou pondre ou marquer leur places, dimi- proprement recoufuërquand je dis la peau
tiua. Nos gens prirent quelques carets, il ne faut fe tromper, c'eft celle ou eft lâ
& me firent prefent de beaucoup de feiiil- laine dont j e parle; aiftfi tout habillé on
les; je les envoiai en France pour les le coucha dans le fond d'une foflè qui
faire travailler ; un Coriàire incivile Ics avoit été bien échauffée par le bois que
porta en Angleterre, où je ne les en- l'on y avoit fait brûler; il fut couvert
voiois pas, Se d'où elles ne me font pas du '
fable brûlant des environs, Se de
revenues.
" ' r r r'- .. ^ . , ,, charbon. Se au bout de deux heures de
J enleignaianosSurintendantesafaire tems la laine avoit fait une croûte noides
boucans de Tor tue commc je l'âvoîj re fur la peau 5 il fut facile de l»ca désa
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