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4r» NOUVEAUX VOY
^fcn- d'une autre efpece de gomme , dont j'aurois
dû parler dans mon Traité du Sucre
autroifiéme Tome de ces mémoires
en parlant de l'arbre dont on fe fert
Tco"^' pour faire les douves des bariques. Cet
t¿¡,„. arbre que les Negres nomment bois à Bar
i q u e , s'appelle chez les Sçavans de
nos liles Sucrier de montagne} il donne
ou de lui-même en certaine faifon de
l'année, ouquandileftincifé,unegomme
qui d'abord eft liquide , & claire
comme le baulme de Copau recent, &
qui dans la fuite s'épailîît, fe durcit, &
dcvientd'unecouleurgrife,unpeu grafle,
avec une odeur de verd aromatique aflez
agréable -, on l'appelleà Saint Domingue
baulmeà Cochon j c'eft le hazard qui l'a
fait découvrir. UnChaiTcuraiant bleiTé
un Sanglier ou Cochon Maron, vit que
cet animal s'arrêta auprès d'un Sucrier
de montagne, & que Taiant entamé avec
fes crocs ou défenfes, il y frottoit fa
plaie, & y recevoit la liqueur qui en
decouloit. Après qu'il eut tiré un fécond
coup, & abbatu la bête, il examina
plus attentivement ce que le Cochon
avoit fait, & vit qu'il avoit fa premiere
plaie toute baignée de la liqueur
qui étoit fortie de l'aibre, ce qui lui
perfuada que c'étoit un baulme, dont on
n'avoir point encore eu de connoiiTance.
Il en éprouva fur le champ la vertu fur
un de íes chiens qui avoit reçu un grand
coup de dent de Sanglier à la cuilfe: il
frotta la plaïe de fon chien avec la liqueur
qui continuoit dcfortirde l'arbre
par les entailies que le Sanglier y avoit
fait , & fans autreappnreil il eut leplaifir
de voir fon chien parfaitement guéri
en moins de vingt-quatre heures. On
reconnut par là d'où venoient descitracices
confiderables, que l'on trouvoit fur
des Cochons Marons beaucoup mieux
gucries & confolidées, que fi on les avoit
mis entre les mains des Chirurgiens.
A G E S AUX ISLES
Diverfes experiences que l'on a fait de
ce baulme en ont confirmé la bonté} de
forte qu'on s'en fert avec autant defucces
que du baulme du Pérou, & de
l'hui e de Copaii. On a même remarqué
qu'il étoit excellent pour les ulcérés j il
les mondifie, fait tomber lachairgâtée,
ce les guérit parfaitement.
Il faut obferver que toutes les huiles,
baulmes, ou autres chofes ondueufes.
ie doivent appliquer auffi chaudes que Remi-i
le malade ou bleifé le peut foufFrir fans
en être brûlé} &que toutes celles qui
font compofées, & où il eft entré de dcsBaul
l'eau de vie, ou autre liqueur fpiritueuf
e , fe doivent appliquer froides, après
que la partie a été échauffée par desfrixions
faites ou avec les mains ou avec
des linges ou étoffes chaudes, pour ouvrir
les pores, & préparer l'entrée aux
efpnts, dont le remede eft imprégné.
Nous avions dans toute l'Amerique
un arbre qui approche fi foit de l'Acajou,
que bien des gens s'y t rompent , & les
prennent facilement l'un pour l'autre:
on l'appelle Monbin > c'eft une efpece de
Prunier qui devient fort gros, fort grand, p^unUr
fort branchu, & fort chargé de feuilles, de Mm-
On le met dans les Savannes, pour donnerde
l'ombre aux beftiaux, pendant la
grande chaleur du jour. Toute la difference
qu'il y a de fa feiiille à celle de
l'Acajou, eft qu'elleeft tant-foit peu plus
grande, plus épaiiTe &; moins frifée j fon
ecorce eft auiîi plus épaifl^e & plus crevailécjilporte
deux fois l'année des bouquets
de petites fleurs jaunes , dont le
cahce eft compoféde fix feiiilles ovales
& pointues par les deux bouts, avec
quelques étamines rougcâtres, qui environnent
un piftille de même couleur,
qui fe change en un fruit de la figure à
peu près d'une Prune de Sainte Catherine.
Ces fruits fontextrémement verds
& acres avant leur parfaite maturitéi
mais
f R A N C O Î S E S DE L'AMER lÎ^UE^^
<7^531 mais quand ils y font parvenus, cette cou- ques endroits des Iflcs du Vent Un arbre
leur change, ^ ils deviennent rpu^eâtres qui reflemblebeaucoup au Chêne vcrdj
du côté qui eft expofc au Soleil, & jaunes quoiqu'il foit dur il vient aflèz vite, ôc
de l'autre coté. Ils ont alors un goût ai- bravele vent & l'air marin,qui eft licongrelet,
un peu aromatique &doux, qui traire à tous les autres arbres. Leboisefi:
n'eft pas defagréable j mais ils ont un brun, il a le grain fin, les fibres longues
noyau fi deméfurément gros, qu'il refte ¿cpreíTcesi on en fait desplanches, des
très- peu d'efpace entre lui & la peau, 6c membres, & du bordage pour les vaifpar
confequent peu de chair. Les enfans féaux } car outre qu'il eft aíTez leger, &
o- ^ '& géné ral1e m- ent— t ou- -s1le—s rC> reolles, c'cft- ^„>.1 u:-..,
à-dire, tous ceux qui (britnezaux Mes,
en mangent avec plaifir. On lâche les
Cochons dans les endroits où il y a beaucoup
deces arbres, afinqu'ilsramaflent
les fruits qui tombent, ce qui les engrai
fie à merveilles. On fe fert de ce fruit
pour faire de la Marmelade, Se une cfpece
de gelée qui eft très-faine & très-rejoiiiflanteî
on en donne aux malades
pour leur exciter l'appétit.
Leboisdecct àibre eft blanc Sc filaffeux,
&fe gâte fort aifément} jencTai
jamais vû emploiera d'autre ufage qu'à
brûler, faute d'autre} on en fait quelquefois
dudouvain, lorfqu'ileft d'unegroffeurconfiderable;
jecroi qu'on le pourqu'il
retient bien le cloud, on a remarqué
que les Vers Marins, qui gâtent tous
les bois d'Europe, ne s'attaquent point
à celui-ci} on en peut faire des avenues
devantles maifons,. qui outre ragrémeni;
qu'elles y donneroient, ièroicnt encore
d'une grande utilité, quarid on fe trouve
dans un bcfoin prciTantdeboisde Charpente.
M. Auger qui avoit reçû fes provi-r
fions pour le Gouvernement de l'Ifle de
la Tortue, & Côte Saint Domingue j
partit à la fin du mois de Septembre ,
pour aller prendre p'olleiîîon de fon nouveau
Gouvernement} il vendit aux Peres
Jefuites, aux Religieux de la Charité,
& à quelques particuliers les Terres
roit emploïer à faire des canots, auflî- d'Hoûelmont 8c de Bifdari qu'il avoit
bien que le Poirier & le Cotonier rouge." acquifes de M. Hincelin. En attendant
, On dit qu'il y a une infinité de ces quelcRoiluieutnomméunSucceireur,
arbres dans la Terre-ferme. J'en ai vû le Sieur de Bois-fermé Gouverneur de
beaucoup à S. Domingue qui étoient l'Ifle de Marie-galante, qui n'avoit rien
très-gros, & dont les fruits avoient auffi f., ^
chin,
vird.
beaucoup plus de chair, & étoient de
meilleur goût qu'aux Iflcs du Vent.
On voit à S. Domingue & dans quel-
C H A P I
à faire, fut envoie pour commander à
la Guadeloupe, jufqu'à ce que M. delà
Malmaifon eut reçu les provifions de ce
Gouvernement.
T R E I X.
Changemens qui arrivent dans la Mijjion des Jacobins.
V Auteur retourne a la Martinique, ¿r ejî chargé du foin du temporel. .
Larriva dans ce même tems quatre autres années, fut furpris d'apprendre
que le Général de tout nôtre
ordre avoit nommé à cetteCharge lePeVe
Jacques Bedarides, un de nos MifTionnaires.
Nos Anciens trouvoient qu'il
étoit encore un peu jeune, quoiqu'il
du changement dans nos
Miffions. Le Pere Cabaflbn
qui en étoit Supérieur Général
depuis quatre ans,8< qui fe fîatoit d'être
continué dans fon pofîe, encore pour
Tom. IL Mmm