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u 8 NOUVEAUX VOYAGË
1790. avoitôtékvieàfonfils. C'efl: pourquoi
il promit une bonne recompenfe au Caraïbe,
s'il pouvoit lui donner cette fatis-
;•• faftion.
Cíwííí Le Sauvage s'arma de deux bayond'un
nettes bonnes &bien aiguilees, 8c après
Canute s'être appuyé le coeur de deux verres
un Pan- d'Eau-de-Vic, il fe jetta à la mer. Le
ioufflitr. Pantoufflier qui étoit en goût de manger
de la chair, depuisla cuiiTe de l'enfant
qu'il avoit crouftillée, ne manqua
pas de venir à lui dès qu'il le vit dans
l'eau. L e Sauvage le laifla approcher jufqu'à
ce qu'il jugeât qu'il étoit à portée
de pouvoir s'élancer fur lui} & dans le
moment que le poiiTon fit ce mouvement
, il p ongea fous le poiflbn, & lui
planta en paiTant iès deux couteaux dans
le ventre. On en vit les effets auifi-tôt
par k fang qui rougit la mer aux environs
du lieu où le poiiTon fe trouvoit. Ils
recommencerent ce manege fept ou huit
fois; car le poiiTon retournoit chercher
le Caraïbe autant de fois qu'il le manquoit
i 6c à chaque fois le Caraïbe ne
manquoit de plonger, '& de le frapper
à coups de couteau partout ou il le pouvoit
attraper. Enfin, au bout d'une demie
heure le poiiTon ayant perdu fon fang
& fes forces, fe tourna le ventre en haut
& expira. Le Caraïbe étant revenu à
terre, on envoya un canot avec des gens
qui attachèrent une corde à la queiiede
ce monfl:re, & le tirerent à terre. Il avoit
plus de vingt pieds de long, & il étoit
ae la groiTeur d'un Cheval. On trouva
dans fon ventre la cuifle de l'enfant toute
entière.
II eft bon de fçavoir, que plus ces
joiiTons carnaffiers font grands, 5c moins
es Sauvages ont de peine à les tuer j
parce qu'ils fe remuent alors bien plus
difficilement, & qu'en achevant la carriere
que le mouvement qu'ils fc font
imprimé, les oblige de courir, ils donnent
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[1700.
f R A N C O I S E S DE l/A M S R I Q ^ U E . 11 9
foie, approchebeaucoupdu Marfoiiin, pour toute défenfe j elle tâche d'enfrafoit'pour
la figure du corps, foit pour per fon ennemi, ÔC il eftfûr qu'unfeul
k nwniere de s'élancer hors de l'eau, coup fuffiroit pour l'écrafer, mais il le
quoiqu'il le fafle avec bien plus de pare aifément, parce qu'il fe remue bien
force & de vigueur que le Marfoiiin. plus facilement qu'elle, & bondilTant
il a un- avant-bec, qui eft pour l'or- en l'air il retombe fur elle, & tâche nofl
dinaire de la quatrième partie de la de la percer avec fon avant-bec.
1700,
mais de
la couper ou rie la fcier avec les dentsdont
il eft garni. Lorfqu'il ne manque
pas fon coup, on voit la mer rougir du
fang, qui fort des bleflures que la balaine
a reçues ; & on voitla fureur où elle
longueur du refte du corps, placé au
bout de fon mufeau, compolé d'une
corne très-forte 8c très-dure, couvert
d'une peau rude & grifâtre. Il a,
dans fa nailTance environ trois pouces
de large, diminuant peu à peu jufqu'à entre par les coups de queiie qu'elle don-;
fon extrémité, où il n'a plus qu'en- ne fur l'eau,, qui font prefqu'autant de
viron un demi pouce émouiTé,^ comme bruit qu'un coup de canon-,
ces épées à la Suifiè, qu'on nomme Les baleines qu'on voit aux Ifles font Rîbcwefpadons.
L'épaifleur de cet avant-bec eft petites en comparaifon de celles qui ^
d'environ un pouce 8c demi à fa naif- trouvent dans le Nord. J'enai vû plu- ¡¡¡^^
fance, 8c de cinq à fix lignes à fon ex- fieurs. La plus grande étoit fous la Dotrémité.
Ses deux côtez Ibnt armez de miniqiie. J'étois pour lors dans une barue
qui avoit bien quarante pieds de
^uille; cependant cette baleine,qu'on
difoit n'être qu'une demie baleine, nous
dépaiToit déplus de dix pieds à l'avant Sc
à l'arriéré. Quoiqu'elle ne nous fit point
de mal, elle ne laifia pas de nous donner
pointes droites de même matiere, en
façon de dents plates, fortes & tranchantes
de quinze à dix-huit lignes de
longueur auprès du mufeau, diminuant
peu à peu jufqu'à l'extremité où elles
n'ont pas plus de huit à dix lignes, éloi- de mai, elle ne lailia pas
gnées les uns des autres de la moitié de de l'inquietude j car elle demeura bord à
leur longueur. Quoiqu'en dife le Pere bord de nous pendant plus d'une heure
du Tertre, la chair de ce poiflbn n'eft /rupoint
mauvaife , fur tout celle des
jeunes. Je n'en ai jamais goûté, mais
fur le rapport de quantité de nos Flibuftiers
je puis dire qu'elle eft blanche
& grafle ; ce qui fuffit pour conclure
qu'elle eft bonne 8c tendre.
Ce poiflbn eft l'ennemi juré de la baleine,
il la pourfuit par tout où il la trou-
ComSat
\del-Efla
femblant regler fa marchefur nôtre fillage;
elle fe mit enfuite fous nôtre quii le,
faifant toûjours la même route que nous.
Nous amenâmes nos voiles pour la laifler
pafl'er devant nous, elle s'arrêta en-même
tems} nous les éventâmespour courir de
l'avant , elle reconmiença aufli-tôt à
marcher , ôc fut ainfi près de quatre
heures à nous honorer de fa compagnie >
j'aieutrés-fouventleplaifirde voir à la fin elle s'enfonça dans reau.,'ôC~nous
ce combat. La baleine n'a que fa queiie la perdîmes de vûë»
-intel!
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