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104 , N O U V E A U X VOY
1701. juiqu'à l'excès, & encore plus avare. Il
impofa des droits exarbitans fur rout ce
qui entroit & fortoit de fon Ifle. Il fe rendit
maître de tout le Commerce : lui feul
pouvoir vendre & acheter : il fit des profits
immenfes, & devint en peu d'années
extrêmement riche, fans pourtant vouloir
partager les biens qu'il avoit acquis
avec fon AíTocié & fon bienfaiteur, le
Bailli de Poincy. Il palTa outre, & fit
bien-tôt voir que le zele qu'il avoit fait
paroîtrepourfaSea:e,n'étoit qu'un mafque
dont il cachoit fes vices & fespafiîons,
fur tout fon impieté ; car il chaiTa
fon Miniftre, 6c brûla la Chapelle ou les
Catholiques faifoient leurs exercices de
Religion, après avoir auffi chaiTé le Prêtre
qui leur fervoit de Curé, de forte
qu'il n'y eut plus d'exercice public
d'aucune Religion à la Tortue.
M. de Poincy ne manqua pas de refpntir
vivement le mauvais procédé duSr.
le Vaileur. Illui venoitde tous cotez des
plaintes des excès qu'il commettoit, mais
il n'étoit pas en fon pouvoir d'y apporter
du remede. Il tâcha plufieurs fois de l'attirer
à S. Chriftophle, ÔC toujours en
vain. A la fin il prit refolution de le tirer
par force de fa fortereiTe, & de lui
faire faire fon procès»
Dans le temps qu'il en cherchort les
moyens, leChevalier deFontenay moiiil-
Ja à la rade de S. Chriftophle. Ce Chevalier
après avoir long-temps fervi à
Malthe où il s'étoit acquis une très-gran^
de reputation, fut employé dans la Marine
de France. Il montoit alors une Fregate
du Roi de z r Canons, & il venoit de
perdre une partie de fon Equipage dans
un combat qu'il avoit foûtenu contre
deux VaiiTeaux plus forts que lui. Il
cherchoit des volontaires pour remplacer
fes morts, & aller croifer fur les Efpagnols.
M. de Poincy lui propofa d'aller.
mettre à la wifon le Sieur le Vaifeur ,
A G E S AUX ISLES
lui promit non-feulement leshommesSc 1701
les munitions dont il avoit befoin pour
cette expedition, mais encore de le faire
accompagner par le Sieur de Trenal fon
neveu avec un VaiiTcaude pareille force
queleiîen, bien pourvû d'hommes ôc
de munitions, & de lui donner le Gouvernement
delà Tortue, & del'airocier
avec lui, comme avoit été le Sieur le
VaiTeur. Le P. du Tertre rapporte le
Traité qu'ils firent enfemble, à la pag.
f 91 • de la premiere Partie de fon Hiftoire.
Il eft du Z9 Mai i6fz.
Le Chevalier de Fontenai , & le Sieur
de Trenal s'étant trouvez à l'endroit de
1 ifle deS.Domingue où ils s'étoient donne
rendez vous, apprirent que le Sieur le
Vaifeur venoit d'être alfaffiné par les
nomnKzThibault & Martin, Capitaines
de fa Garnifon, quoiqu'il leur eût fait
de grands biens, & qu'il les eût déclaré
fcs henners. Ik fçûrent auffi, que ces
deux Officiers etoient maîtres de la For- S
terefle, 00 il y avoit apparence qu'ils fe -f««
defendroientjufqu'à l'extrémité. Ils ne f"'"'
kiiTerentpourtantpasdefe prefenter au Î f "
Havre de la Tor tue, mais ils furent re-?««A
• p o u ^ z fi vivement à coups de canon,
qu ils furent contraints d'aller mouiller
en une autre rade fous le Vent, où ils débarquèrent
environ cinq cent hommes
ians que les Habitans y fiiTent la moindre
oppofition. En eiFet, quoiqu'ils n'eufient
pas fujet de regretter le Sieur le Vafleur,
lis ne pouvoient regarder les meurtriers
qu'avec horreur & indignationj &
ceux-ci s'étant apperçûs delamauvaife
dilpofition des Habitans à leur égard ^
rendirent la Fortcrcife au Chevalier de
Fontenai auffi-tôt qu'il les envoya fommerde
la rendre. On fit un traité avec
eux, bien plus avantageux qu'ils ne meritoient}
& le Chevalier de Fontenai
fut reconnu pourGouverneur, avec l'applaudiffement&
lajoïe de tous lesHabitans
X70I.
F R A N C O I S E S DE fAMERIQ^UE. lo f
bitans, il rétablit auffi-tôt la Religion avoientfaitmont^r àforce de brasquelavoit
été bannie , fit
& gouverna ces Peule¡
Effagnols
prennent
la
Tortue.
Catholique, qui
bâtir une Eglife
pies difficiles avec tant de prudence, de
douceur, & de fermeté, qu'il s'attira
bien-tôt leur amour & leur eftime, &
augmenta par ce moyen très-confideraT
blement le nombre des Habitans de fa
Colonie, Se celui des Boucan iersôc des
Flibuftiersjc'eftainfi qu'on appelle ceux
qui vont en courfe.
Undefesfreres nommé le fieur Hotman
le vint trouver, & lui amena un
Vaiifeau avec une cargaifon confiderable,
& an bon nombre de gens qui venoientprendre
part àfa fortune, llarma
plufieursBâtimens pour courir fur les Efpagnols,
& permit un peu trop facilement
à fes Habitans de quitter leurs Habitations
pour aller en courfe > & ce fut
à la fin ce qui fut caufe de la perte de fa
Colonie, Car les Efpagnols laiTez des
pertes qu'ils faifoient tous les jours fur
mer, 8c des pillages où ils étoient fans
cefle expofez , firent un armement confiderable
au mois de Février 16^4.. èc
quoiqu'ils euilent été repouflez avec vigueur:
& que le grand feu qu'on fit fur
eux les eût empêchez de mettre à terre
dans le Havre de la Tortue, ils allèrent
faire leur defcente plus loin fous le Vent ,
& repouflerent à leur tour le fieur Hotman,
qui avoit voulu s'y oppofer avec
cinquante ou foixante hommes,qui étoit
tout ce que fon frere lui avoit pû donner,
parce que la plûpartdes Habitans
étoient alors en courfe. Ils avancèrent
donc, 8c fe pofterent dans un endroit
avantageux, d'où ils bloquèrent laForterefle.
Le Chevalier de Fontenay qui fe flaroit
qu'elle étoit inacceffible du côté du
Nord à caufe des bois, des rochers, 8c
des précipices dont elle étoit environnée,
fut bien étonné de voir que les Efpagnols
Tom. I L
1701.
ques pieces de Canon fur une hauteur
qui commandoit fon réduit, d'où ils le
battoient fi rudement, qu'après lui avoir
tué fîceftropié bien du monde, fes gens
perdirent coeur, £c le forcèrent de rendre
la Place aux Efpagnols à des conditions
honorables, mais qui ne furent
joint obfervées.ll fallut même qu'il leur
aiiTât fon frere le fieurHotman en otage,
jufqu'à ce qu'ils fuiFent arrivez à la Ville
de Saint Domingue, où ils retournèrent
tous triomph ans de cette conquête,qu'ils
devoient plutôt à la terreur panique,
àlatrahifonde quelques Habitans, qu'a,
leur valeur. Ce fut ainfi quel'Ifle & le
Fort delà Tortue revinrent unefecondc
fois au pouvoir des Efpagnols, qui y mirent
unCommandant avec une Garnifon.
Cependant le fieur Hotman étant venu
rejoindre fon frere , trouva qu'urt
Vaifleau Hollandois qui venoit ordinairement
traiter à la T o r t u e , l'avoit aidé à
remettre en état celui que les Efpagnols
lui avoient laiiTé pour fe retirer en Europe:
il l'avoit pourvû dévoilés, de
cordages, de munitions 8c de vivres. Ils
refolurent de faire une tentative, pour
reprendre le pofte qu'ils venoient de perdre
j ils raiTemblerentles Boucaniers qui
étoient répandus dans la grande terre, &
les Flibuftiers qui étoient revenus de
courfe, 8c firent un corps d'environ trois
cent hommes. Ils mirent à terre dans le
lieu même oùles Efpagnols avoient fait
leur defcente, mal gré tout ce que ceuxci
purent faire pour s'y oppofer. Ils les
battirent encore fur le chemin de la For- Frantereile,
unetroifiéme fois auprès de la
Fontaine, où ils furent obligez de s'ar- WtoTréter,
pour fe repofer, 8c fe rafraîchir. îw
Ils paflerent au fil de l'épée cinquante/""'r'"
hommes qui gardoient une efpece deFort
de bois, où étoit la batterie qui avoit
été caufe de la perte du Fort : ils s'em-
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