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- f f z NOUVEAUX VOY
1701. né comme il faut 5 avec des herbes fines
6c des épiceries, il ne laiiTe pas d'être
bon.
Les caf- Les Cafques ont un rebord élevé &
pus. dentelé, prefque comme la viiiere d'un
cafqucj & c'eil ce qui leur en a fait donner
le nom. Ils font pour l'ordinaire plus
petits que les Lambis. Leur coloris eil: à
peu près le même. La chair du poiiTon
qu'i s renferment, eft plus delicate, 6c
de plus facile digeftion.
Bureaux II y a des Burgaux de plufieurs fortes,
& de différentes groifeurs. Le dedans
eil de couleur de nacre de perle argenté,
poli, luftré à merveille. On en trouve à
S.Domingue, dont le dehors eft peint
comme du point d'Hongrie de noir, de
différentes teintes, fur un fond argenté,
ce qui leur a fait donner le nom de Veu-
Les veu- LepoiiFonqui eft dans ces coques,
ves. eft plus délicat que les deux precedens i
il a fur la tête une efpece de couvre-chef
plat, d'une matiere noire & dure, à peu
3rès comme de la corne, dont il ferme
^ 'ouverture de fa coque.
A l'égard des Porcelaines, j'en ai eu
laimex- de bien des fortes. La plus belle avoit
traordi- été prife à l'Ance-Safcrot, dans la ParoilTe
de S. Marie à la Cabefterre de la
Martinique. Elle étoit peinte de quarrez
noirs & blancs comme un échiquier,
pofez fur une ligne fpirale, qui commençoitàunbout,
& fînilToic à l'autre avec
une telle proportion, quelesquarrezdu
milieu étoient une fois plus grands que
ceux des bouts, 6c diminuoient ainfi avec
une proportion merveilleufe, à mefure
qu'ils s'approchoient des extrêmitez.
, Ce que j'apportai déplus curieux en
ce genre, furent des nacres de perle d'une
beautéachevée. On m'endonnaune
entre les autres dans Laquelle il y avoit
mire.
A G E S AUX ISLES
fept ou huit petites perles attachées dans noi|
le fonds de la coque. Le dedans étoit
très-vif & très-beau. Pour le dehors il
eftfale, raboteux, grifâcre, & fouvent
couvert de moufle 6c de petits coquillages
quand on les tire de la mer. Mais
quand on a levé cette croûte, on trouve,
une écaille auffi belle, auiTi lurtrée^ &
aulîï argentée que le dedans. Onêtl fait
des tabatieres très-proprès.
On me fit prefent du plan de la conceffion
de la Compagnie, & on me laiiTa
copiercelui duFortauquel onalloittravailler.
J'emportai auiïï des noyaux Se
des graines de Sapotes, Sapotilles, Abricots,
Chênes, Ormes, 6c autres arbreg,
avec environ quatre-vingt aulnes d'Afcot
blanc d'Angleterre, 6c quelques Livres
quej'achetai à l'Inventaire des meubles
d'un Contrôlleur ambulant de laCompagnie,
qui étoit mort depuis quelques jours,
Cette étoffe venoit d'unVaiifeauAnglois
qui s'étoit perdu à la pointe de l'Ifle à
Vache. Cette pointe eftdangereufej on l'ijj'
y trouve fouvent un courant rapide, 6c l l--dami-
F R A N C O I S E S DE L'AMERIOUE.
C H A P I T R E XL
L'Juteur eJipourfmvt par les Forbans, ér pris par les Efpagnols. JUur
maniere de vivre. Culte qu'ils rendent à S. Diego.
un vent forcé qui portent deffus. Les
VaiiTeaux qui vont à.la Jamaïque, 6c qui
veulent rafer cette Ifle, tombent fréquemment
dans ces dangers. "
LeBrigantin qu'on attendoitde Cartagene
étant à la fin arrivé, M. des Portes
reçût fon argent} nous fîmes de l'eau 8c
du bois, 6c prîmes congé de ces Meffîeurs.
Le Gouverneur, leDire£teur,Mi
de Paty 6c les autres, me firent mille
honnêtetez, 6c me donnèrent en partant
du chocolat, du fucre, des liqueurs, du
vin 6c d'autres rafraîchiffemens qui nous
auroient conduits jufqu'aux Ifles, fans la
fatale rencontre que nous fîmes des Efpagnols.
C H Aùf
Un hrimliur
imi
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|Ous mîmes à la voile leLun*
dy de la Semaine Sainte
vingt-unième de Mars. Nous
^ ^ comptions de faire nos Pâques
à laVillede S. Domingne, oîi nous
devions aller pour nous défaire du refte
de la Cargaifon de nôtre Barque.
Nous vîmes le Cap Mongon, autre-
• ment d'Altavela, le Jeudy Saint avant
midyj nous étions proche de terre ,auifitôt
nous amenâmes nos voiles, afin que
la terre nous mangeant, nous ne fuffions
point découverts par les Forbans qu'on
nous avoit dit être en ces quartiers-là j
parce que fi l'avis étoit veritable, nous
ne doutions point qu'ils ne fuflent dans
l'Ance de rifle la Beata, qui eft une
très-bonne croifîere.Dès que la nuit s'approcha
, nous fîmes fervir toutes nos voiles.
Nous doublâmes Je Cap Mongon
avant minuit, 6c nous nous trouvâmes
par le n-avers de la Beata deux heures
avant le jour.
Je ne puis rien dire de cette Ifle, ni
des trois rochersou Iflets, qu'on nomme
les Freresi ni de celui appellé Al tavela,
)arce que nous les dépafllimes pendant
a nuit, 6c que le jour précèdent il avoit
fait une trop grofle brume pour les pouvoir
bien voir. Ce fut cette brume qui
nous fauva, 6c qui empêcha les Forbans
de nous découvrir.
Le Vendredy Saint vingt-einquiéme
Mars, nous vîmes dès que le jour parut
une Barque qui nous fuivoit. Nous ne
doutâmes point que ce ne fût celle des
Forbans} mais comme nous avions près
de trois lieiies d'avance,nous nous en mîmes
peu en peine. Elle nous donna chaiTc
jufqu'àmidy, après quoi voyant qu'elle
ne nous hauflbit point, elle revira de
Têtu. IL
bord, & retourna apparemment à ià
croifîere. Il falloit que ces gens n'euifenc
point de fentinelle, ou pour patler en
termes de Flibufte, de vigie} car le Maître
de nôtre Barque , 6c tout l'Equipage,
qui ne dormoit pas, virent parfaitement
bien la Barque en pafTant, & n'en étoient
)ointdu tout contens. Ils connurent par,
à que l'avis qu'on nous avoit donné
des Forbans n'étoit que trop veritable.
Cependant la bonté de nôtre Barque
nous fitéchaperce danger, quoique ce
fut pour nous faire tomber dans un plus
grand, 6c qu'on pût dire de nous, imdit
in Scyllam cupiens vitare Charibd'm j
car le fieur des Portes 6c Sanfon Maître
de la Barque, voulurent toucher à un
Bourg qui eil au fond de la Baye d'O- iJ^ye
coa, quife nomme le Bourg Das, fous
prétexté de faire de l'eau, parce que nous ZasT''^
avions laiifé couler à la mer quelquesunes
de nos futailles pour nous allcger j
mais efteélivement pour traiter quelques
merceries 6c autres bagatelles qu'ils
avoient, dont ils craignoient de ne pas
fe défaire fi bien à la Ville d&,S, Domingue.
Je fis ce que je pûs pour rompre
ce deiTein, 6c je n'en pûs venir à
)out. 11 fembloit que nous étions deftinez
à être pris ce jour-là. Nous portâmes
donc dans cette Bayejufques fur les
deux heures après minuit, que nous apperçûmes
deuxVaifleaux 6c une Barque,
qui étoient moiiillez aflezprès deterre.
On crut d'abord, que c'étoit encore
d'autres Forbans, 8c on revira "pour fc
tirer de ce mauvais pasi mais le vent
nous manqua tout d'un coup. J^étois
couché dans une cibanne à l'arriéré de la
Barque fur le Gaillai'd. Je me reveillat
quand on vira, & je demandai larâifoit
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